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Le 4 juin, Nadeen Shaker interviewait Ozan Tekin pour Ahram online (http://english.ahram.org.eg/). Ozan Tekin est un auteur turc, éditeur du site Marksist.org, « un site d’information turc ancré à gauche ».

Ahram online (AO) : Pouvez-vous nous donner une idée de la façon dont des rassemblements qui ne réunissaient qu’une poignée de personnes mobilisées contre la destruction d’un parc ont pu se transformer en une vague de manifestations anti-gouvernementales à l’échelle nationale ?

Ozan Tekin (OT) : Dans la nuit de mardi dernier, une dizaine de militant•e•s ont accouru dans l’enceinte du Parc Gezi au moment où les bulldozers y pénétraient pour commencer l’arrachage des arbres. Quelques heures plus tard, les bulldozers ont dû se retirer et quelques milliers de personnes ont alors occupé le parc. La police a pris d’assaut le parc aux premières heures du jour afin de permettre aux bulldozers d’y pénétrer une nouvelle fois. Au troisième jour, on a pu assister à une véritable explosion de mécontentement, et des dizaines de milliers de personnes ont rejoint la lutte sur la place Taksim afin de préserver le parc et pour manifester contre la violence policière.

AO : Qu’est-ce qui peut expliquer un tel mécontentement vis-à-vis de la politique menée par Erdogan ?

OT : Les plans gouvernementaux de restructuration de la place Taksim participent d’un programme néolibéral plus vaste. Ils veulent transformer Taksim, le centre de la ville, en lieu dédié aux classes supérieures, et ce en chassant les gens ordinaires. Ce gouvernement est conservateur et néolibéral, et les gens en ont eu plus qu’assez non seulement de la restructuration de la place Taksim – qui a été imposée sans aucune concertation citoyenne – mais également d’un contexte général marqué par une vague de réformes néolibérales, de la prolifération absolument non régulée des centres commerciaux, de la loi datant du mois dernier qui vient interdire la vente d’alcool après 22h et de l’intervention musclée trop fréquente de la police à l’occasion de manifestations parfaitement démocratiques. L’arrogance du Premier ministre Erdogan et sa trop grande fermeté ont également attisé le mécontentement.

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