Les débats organisés à Strasbourg par l’hebdo-bobo, le Parti socialiste, les DNA, ont commencé hier à Strasbourg. Premier accroc, l’ouverture à l’Aubette a été délocalisée de l’autre côté de la place Kléber, dans la librairie du même nom. Et un jeu de chaises musicales a déplacé les rencontres de la librairie à l’Odyssée et du cinéma au Club de la presse, dans un rayon de quelques dizaines de mètres. Les organisateurs ont, paraît-il, craint que la salle soit surdimensionnée pour un public plus maigre que l’année dernière.
Joffrin sur Acrimed
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Le premier débat (si on peut dire) réunissait Eva Joly, Jean-François Kahn et Roland Ries, sous la houlette heureusement muette de Joffrin, le directeur de l’Obs.
Eva Joly a été la meilleure. Il faut dire que les deux autres ont été en dessous de tout. J F Kahn a fait son numéro habituel d’éditocrate tonitruant, racontant tout et son contraire. Il a exalté le “patriotisme”, comme Mélenchon, mais sans le qualificatif citoyen. Il a piqué, à droite, à gauche des bouts de programmes, les a remixés, pour vanter l’union nationale, et la “révolution”, sans qu’on sache laquelle, la nationale ou la sociale? La révolution? Sur un vélo, on en fait plusieurs à chaque coup de pédales, mais au moins, on avance.
Quand fut venu, enfin, le temps maigre des questions du public, Khan nous fit même la comédie de celui qui se fâche tout congestionné.
Roland Ries, fidèle à lui-même, s’affirma “social-démocrate” tout en rappelant, en un bel oxymore involontaire, sa proximité avec le Rocard de la seconde gauche “américaine”. Comprenne qui pourra.
Il a fallu qu’on rappelle à ces gens qu’à même pas 50 mètres, des salariés de Virgin, jetés comme des malpropres par le marchand de canons Lagardère, occupaient leur taule, pour que certains de nos débatteurs s’y pointent. Eva y a été bien reçue et a posé au milieu des salariés qui organisent un pot de clôture ce samedi à 17 h devant les grilles fermées. Vous boirez et mangerez avec les licenciés ce que vous apporterez!
Si “Sauver la politique” était le sujet de philo de lundi, il n’est pas sûr que ceux qui ont composé devant nous aient la moyenne. Pas de problématique, des hors-sujets, des rappels insistants d’une époque aussi lointaine que 1789, comme s’il s’agissait de le refaire, ça et là une remarque pertinente sur le déni du vote des Français sur le référendum européen, une absence chez l’un de toute référence à l’Europe, un oubli chez l’autre des conditions de vie de la grand majorité de la population, et surtout, pas d’autre horizon que la politique libérale UMPS ou le marinisme, version soft, en apparence, du fascisme qui vient.
Tout ça au milieu d’un ballet de petits suiveurs dans leur mignon costume chic, leur mallette siglée, et quelques chiens de garde des politiciens plein de morgue qui vous bousculent sans complexe et vous toisent du haut d leur médiocrité.
Avec Stéphane Rozès et Jan Baubérot, le niveau du débat est monté , sauf que le député Armand Jung a joué l’éléphant dans le magasin de porcelaine en interrompant assez brutalement, le doigt pointé vers lui, Rozès, qui lui a balancé “on n’est pas à l’Assemblée nationale”.
Il a été question de la République et des communautés, ici encore, le meneur de jeu a laissé tellement de temps aux interventions du politologue que le public en a été pour ses frais, trois à quatre questions, les dames d’abord, et hop, c’est fini!
On a suggéré à des proches du maire d’organiser de vrais débats sans les Parisiens qui aiment venir à Strasbourg, une ville où le public se régale, dit-on, de ces rencontres. Faut être maso pour se retaper les gars qu’on voit partout à la télé!
On a cependant des doutes, sur ce public, quand on a entendu, sans qu’il s’agite, Finkielkraut et un vague comique de droite nous expliquer sans rire, malgré le sujet, Rire et politique, que le rire faisait maintenant partie de la nouvelle bienséance qui se plait à cartonner les amis (intégristes et fachos) de “la manif pour tous”.
Finkie s’en est pris à Canal +, et aux comiques du genre de ceux que Val a virés de France Inter. On croyait entendre du Philippe Murray à l’oral.
Au bout de 10 minutes, on s’est cassé, pour aller mater la Morano qui débattait avec Jacques Bigot et Patrice Weil de la politique comme métier à temps plein. Dommage, Roland Ries n’était pas là avec ses cumuls de mandats.
La seconde journée sera plus “sexy” comme disent les médias-menteurs avec au moins Edwy Plenel en apéritif à 11h45.
Merci, j’ai bien ri, continuez votre excellent travail d’analyse, vous êtes les seuls à faire cela à Strasbourg. Ce n’est certainement pas le journal du Crédit Mut. qui le fera.