Par Nicolas Bourgoin, démographe, maître de conférences à l’Université de Franche-Comté, membre du Laboratoire de Sociologie et d’Anthropologie de l’Université de Franche-Comté (LASA-UFC). Il est l’auteur de trois ouvrages : La révolution sécuritaire aux Éditions Champ Social (2013), Le suicide en prison (Paris, L’Harmattan, 1994) et Les chiffres du crime. Statistiques criminelles et contrôle social (Paris, L’Harmattan, 2008).

Les échauffourées récentes du quartier des Merisiers à Trappes, largement médiatisées, sont la énième répétition d’un scénario déjà bien rodé : un contrôle d’identité musclé est effectué par des forces de l’ordre agissant en territoire conquis, les intéressés se rebiffent, certains sont placés en garde à vue, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre, les jeunes attaquent le commissariat du quartier et s’en prennent au mobilier urbain, les renforts de police affluent… et c’est l’escalade. Fait aggravant : la personne contrôlée par la police portait le voile intégral. Symbole du communautarisme islamique et de refus de l’ordre républicain, le voile représente une menace sérieuse pour les élites politiques dominantes qui ont fait de son éradication une priorité expresse. La dernière loi en date, celle du 20 octobre 2010 interdisant le port du voile intégral, à l’origine directe des événements de Trappes, est symptomatique de la vision néo-coloniale qu’elles ont des classes populaires issues de l’immigration.

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Du même auteur:

Globalisation du contrôle et “guerre contre le terrorisme”:

Création d’un nouveau monstre informatique baptisé XKeyscore pouvant surveiller totalement Internet pour le compte de la NSA (récemment mise en cause dans des activités d’espionnage), révélation du projet INDECT non moins monstrueux visant à contrôler les internautes européens et à généraliser les dispositifs de surveillance automatisée des populations[1], du système d’écoute Frenchelonmis en place par la DGSE permettant de collecter systématiquement les signaux électromagnétiques émis par les ordinateurs ou les téléphones en France[2]… les États et les agences de sécurité bénéficient d’outils de contrôle des communications et des déplacements toujours plus performants. Leur but officiel : repérer les comportements suspects sur Internet et dans la vraie vie afin de désamorcer les menaces criminelles, notamment terroristes. Véritable sésame pour vaincre les résistances aux lois liberticides, la « guerre contre le terrorisme » donne lieu à une militarisation de l’espace public, un panoptisme social intrusif et la mise en œuvre d’une politique de  contrôle intérieur basée sur la peur.

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Le mythe de la “jeunesse dangereuse”:

Dans la hiérarchie des peurs bourgeoises, le « jeune » a supplanté l’ouvrier revendicatif ou l’activiste gauchiste. Pour les idéologues sécuritaires, les mineurs délinquants sont « plus jeunes, plus récidivistes, plus violents[1] ». Population en mal d’intégration, facilement mobilisable, la jeunesse est plus que jamais dans le viseur des politiques. On se rappelle les propos tenus par Jean-Pierre Chevènement à propos des « sauvageons qui vivent dans le virtuel ». Ou, plus près de nous, ceux de Nicolas Sarkozy tenus au Conseil des ministres lors de la présentation de son projet de loi sur la délinquance des mineurs en juillet 2006 : « les mineurs de 1945 n’ont rien à voir avec les géants noirs des banlieues d’aujourd’hui qui ont moins de 18 ans et qui font peur à tout le monde ». En oubliant au passage que l’ordonnance de 1945 a été modifiée 35 fois depuis la Libération…

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L’État policier c’est maintenant ! Brève histoire de la conversion sécuritaire de la gauche:

Mise en place de l’Accord National Interprofessionnel (ANI) qui flexibilise encore un peu plus l’emploi, réforme programmée des retraites, gel des salaires dans la fonction publique… et ailleurs. Les coups pleuvent comme jamais sur les salariés. En parallèle, l’État bourgeois se fait toujours plus répressif à l’encontre des récalcitrants : énième loi antiterroriste, violences policières et arrestations massives d’opposants politiques lors des manifestations anti-mariage pour tous, évacuations massives des campements roms, avec pour conséquence une inflation carcérale qui ne faiblit pas. Toujours plus de libertés pour les patrons, toujours plus de répression pour les prolétaires et les sous-prolétaires. Derrière cette double politique, une seule idéologie : celle de la « responsabilité individuelle ».

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