MALFAITEURS DE BUREAU

Voilà ce qui se passe en France, en 2013, le président de la République, le premier ministre et le ministre de l’Intérieur étant socialistes.  Des faits dont on a honte. La persécution minutieuse, administrativement encadrée de familles, d’enfants par des fonctionnaires, chacun à son niveau, chacun faisant sa part du sale boulot, prêtant avec discipline la main au démembrement de familles, à la séparation d’un père ou d’une mère de ses enfants, aux situations odieuses décrites ci-dessous. Lequel d’entre eux réfléchit à ce qu’il fait et l’assume ? Lequel s’en vante le soir à la table familiale ?

Bien sûr, ce sont les ordres. Bien sûr, les ministres, les préfets, les hauts fonctionnaires sont les premiers responsables. Mais les ordres n’excusent pas tout.  Faut-il tout accepter pour un salaire ? une carrière ?

MR

 

DÉMEMBRER DES FAMILLES ? MOI PRÉSIDENT, JE TROUVE CELA NORMAL

Communiqué de presse du RESF   http://www.educationsansfrontieres.org/article47101.html

Khatouna CHAVIDZE, géorgienne, scotch sur la bouche et menottes aux mains, a été expulsée en Pologne mardi 13 août, embarquée sur un vol charter affrété spécialement au départ du Bourget, avec parmi d’autres « passagers », un autre Géorgien, père d’un bébé de 10 mois. Placés dans un centre de déportation ou d’enfermement, ils vont très probablement être renvoyés en Géorgie. La préfecture de la Marne avait tout organisé, aucune procédure suspensive de l’expulsion n’était possible.

Khatouna CHAVIDZE a été arrêtée le 12 août, alors qu’elle n’était pas avec son mari et ses enfants.

Selon la préfecture toute la famille entière n’a pas été arrêtée car “le père et les enfants étaient au milieu d’autres familles(“hébergés” dans un gymnase) et on aurait eu un article dans l’Union (le quotidien local)”. Khatouna CHAVIDZE a été conduite au CRA du Mesnil-Amelot, et embarquée dans ce qui semble être un vol charter européen, l’avion ayant apparemment fait escale en Allemagne avant de se délester en Pologne de ceux que la France rejette brutalement.

Le guet-apens, puis l’expulsion immédiate de Khatouna ont anéanti le père et les enfants.

Récit de Laurence, membre de RESF 51 :

13 août au soir . Roin Chavidze a reçu un appel téléphonique de sa femme en Pologne.

Ce soir, il avait préparé ses bagages et ceux de ses enfants et souhaitaient être emmenés au commissariat de police pour partir vers la Pologne pour rejoindre sa femme au plus vite. Il était extrêmement triste et inquiet pour sa femme.

Dans la journée, il avait proposé à ses enfants de rester en France en les confiant au Foyer de l’enfance, mais les deux ont refusé.

14 aout.

Ce matin, j’ai accompagné Monsieur Chavidze et ses deux enfants au commissariat.

Quand je suis arrivée à 9 heures au gymnase, la famille était entourée de ressortissant de la communauté géorgienne (je suppose…) qui nous ont accompagnés toute la journée.

L’émotion était dense.

Arrivés au commissariat, la démarche a surpris et même dérangé, il aurait fallu prévenir avant d’arriver pour que tout soit fait le plus humainement possible. Si tout avait été callé, les formalités auraient duré 5 mn maximum. là ça a duré 3 heures et je n’avais pas le droit de leur tenir compagnie.

J’ai été entendue de mon côté, sollicitée pour les emmener à Reims, là où ils étaient assignés à résidence avant le départ vers la Pologne. (impossible que la Préf change d’avis, malgré mes demandes répétées pour que Roin et ses enfants restent auprès de leurs amis…) Si Roin ne signait pas vendredi au commissariat de Reims, il était passible de 3 ans de prison. Ni le commissariat, ni la préfecture ne voulaient se charger du voyage à Reims. Le CADA a bien voulu prendre en charge les billets de train. Mais si le CADA avait refusé, je les aurais emmenés à Reims, non pas pour faciliter le travail de la police ou de la Préfecture, mais pour continuer à prendre soin de Roin et de sa famille et ne pas les larguer dans la merde, les accompagner jusqu’au bout.

Au commissariat une interprète a traduit tout à monsieur Chavidze, et ils ont été libérés vers 12h30.

Entre temps j’avais acheté un pique nique pour le soir et je les ai déposés à la gare. Roin n’avait plus de cigarettes, je lui en ai achetées aussi.

J’avais franchement les boules de les laisser partir par le train à Reims. Ce soir ils dorment à l’hôtel à Reims. Merci à la préfecture  qui a bien voulu prendre ça en charge, c’est exceptionnel…

Pendant tout ce temps, la communauté géorgienne était avec nous et nous suivait, ils nous ont accompagnés tout au long des démarches, présence silencieuse et presque invisible… mais là néanmoins. Ils se sont arrangés pour que quelqu’un accueille la famille à la descente du train et les accompagne en voiture à l’hôtel.

De mon côté, j’ai contacté des amis rémois pour qu’ils leur apportent victuailles et réconfort le temps de leur séjour à Reims. Séjour qui risque d’être un peu long (le week-end du 15 aout oblige…) au regard de Roin, qui était dans l’urgence de se rendre en Pologne pour être aux côtés de sa femme et que la famille soit à nouveau réunie.

Voilà, triste journée…

 15 aout

Les dernières paroles de Roin ont été : “bonjour à tous le monde et merci à tout le monde…”

Tout au long de la journée, il a été très digne, mais j’aurais bien compris qu’il craque.

J’ai accompagné un homme brisé, anéanti qui se bat pour que sa famille soit réunie au plutôt et qui vit un calvaire minute après minute.

Ce matin je lui ai téléphoné. A son arrivée à Reims, il s’était immédiatement rendu au commissariat, là si j’ai bien compris, on lui a dit qu’il y aurait un avion vers la Pologne vendredi. Il s’inquiète de son voyage vers l’aéroport, parce qu’il ne veut pas le rater…

Il a eu des nouvelles de sa femme par téléphone hier soir. La séparation est très difficilement supportable pour elle aussi.

 

Roin et Khatouna sont un couple géorgien reformé, ce qui leur a posé de graves problèmes dans ce pays.  Ils  sont une de ces familles dites Dublin II, qui après avoir fui leur pays sont entrés dans l’espace Schengen en général par la Pologne, où leurs empreintes ont été relevées, mais où il ne semble pas qu’ils aient volontairement demandé l’asile. Ils ont rejoint à Châlons en Champagne une soixantaine de demandeurs d’asile, sortis des CADA (Centres d’accueil des demandeurs d’asile) dès que  le refus d’asile leur est signifié et qui, enfants et parents, se retrouvent à la rue.

La terreur du retour dans leur pays leur avait fait refuser l’offre de retour volontaire faite par une première fois par  l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) en février: ils s’étaient rétractés après avoir accepté. La préfecture leur a proposé à nouveau un vol le 18 juillet  vers la Pologne ou la Géorgie, Le CADA, une heure après leur proposait un hébergement !.. Confusion totale et faux espoirs démentis le 17 au soir.

Début août, les associations ont obtenu par décision de justice le l'”hébergement” des familles à la rue (hôtel et gymnase…) à l’exception des « Dublin II »sur le départ.  A partir de ce moment la traque était lancée, avec son lot habituel d’intimidations, de convocations, et d’arrestations.

D’autres familles de Châlons, déboutées de leur demande d’asile ou « Dublin II » ont d’ores et déjà été averties de leur “départ” prochain, que la famille soit au complet ou non

Un autre vol est prévu pour la semaine prochaine.

Laurence Martin,Yves Juigner,  (RESF Marne)

Le reportage de France-Bleue Champagne :

http://www.francebleu.fr/infos/chalons-en-champagne/chalons-en-champagne-expulsee-de-france-sans-sa-famille-769664

Ce qui était inacceptable sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy le reste sous celui de son successeur !!!

Chronique de l’intolérable du quinquennat du successeur de Nicolas Sarkozy  (an II) : http://www.educationsansfrontieres.org/article46785.html