Armand Jung, député se disant “socialiste”, et ami inconditionnel de l’État-voyou , vice-président de l’association parlementaire France-Israël ose écrire que le défunt a “su porter très haut les valeurs fondamentales du judaïsme, fondées sur le respect réciproque”
Le respect?
En tout cas, pas pour le peuple palestinien victime du colonialisme israélien…
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Eric Elkouby
Armand JUNG Eric ELKOUBY
Député du Bas-Rhin Conseiller Général du Bas-Rhin
Député Suppléant
Strasbourg, le 19 août 2013
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Objet : Décès de Jean KAHN
Un grand défenseur des Droits de l’Homme nous a quittés.
Jean KAHN a marqué de son empreinte la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, et la xénophobie. Aux yeux de tous nos concitoyens il a incarné la foi en l’Humanité.
Bâtisseur et animateur d’une Communauté juive ouverte aux autres, il avait à cœur de mettre son énergie et son talent au service de toutes celles et ceux qui souffrent dans notre pays et au-delà.
A partir de son engagement au sein de la Communauté juive strasbourgeoise et alsacienne, il a exercé les plus hautes fonctions tant au niveau local que national et européen. Aux côtés de son épouse Nicole, et malgré son handicap, il a su porter très haut les valeurs fondamentales du judaïsme, fondées sur le respect réciproque.
Il était un homme exigeant dont les positions réalistes étaient appréciées notamment dans son aspiration à une Paix durable au Proche-Orient.
Au cours de l’exercice de nos mandats publics, Jean KAHN nous a soutenus, conseillés, et aidés. Nous voulons exprimer à sa famille, notre gratitude et notre reconnaissance ainsi que notre soutien amical et fraternel dans ce moment difficile.
Armand JUNG Eric ELKOUBY
Docteur Georges Yoram FEDERMANN
Monsieur Jean KAHN
Strasbourg, le 14 février 2005
Cher Jean,
Permets-moi de te remercier pour ton accueil du 12 février et pour le large tour d’horizon que nous avons réalisé ensemble.
Merci pour ton livre de Mémoires. Il illustre la cohérence entre une vision du service de la défense de la cause Juive et la détermination sans faille pour l’illustrer et la servir.
J’ai été impressionné par l’obstination de ton engagement que j’avais le mieux perçu quand tu étais Président de la CCDH.
Je me suis retrouvé avec émotion, au sein de toute l’équipe 1 de MENORA (à la page 70).
Concernant notre entretien, je m’étais proposé de rédiger une note synthétique que voilà.
Je t’ai laissé un article que j’ai donné à la revue sociologique « Quasimodo » et qui s’intitule « L’ Horreur de la médecine nazie ». Il fait le point sur l’accomplissement de la pensée totalitaire médicale nazie qui s’est incarnée, encore plus qu’à Auschwitz, au Struthof et à Strasbourg.
Il se termine par des interrogations sur la question des enseignements que les médecins n’ont pas su (ou voulu) tirer du procès de Nuremberg et qui favorisent, aujourd’hui, la répétition de conduites discriminatoires par les soignants.
A ce sujet, peux-tu nous aider à imposer dans les facultés de médecine et de sciences, en France et en Europe, cet enseignement, dès la première année d’études ?
Tu trouveras aussi à la page 5 de mon article la référence au passé Vichyste du professeur René LERICHE et l’absence d’indication biographique mentionnant cet engagement là.
Il ne s’agit pas de débaptiser le pavillon du même nom mais de rappeler cela, sauf à admettre que nous participons à favoriser l’oubli fautif d’ici 10 à 20 ans…encourageant l’attitude ambiguë à ce sujet de personnalités de premier plan comme MITTERAND (comme tu le rappelles dans ton livre) Il est bon aussi d’insister sur la politique « juive » de WALESA, (pages 109 à 112, notamment)
Je vais te faire parvenir copie de mon article sur « les malgré nous »qui date de 1996.
J’en ai accueilli, en expertise, plusieurs centaines et, comme je vous le disais, à Nicole et à toi-même, aucun n’a mis en avant la moindre conscience politique.
Ils ont été véritablement, au plan clinique, des victimes et je suis persuadé que tous ceux que j’ai vus souffriront d’être confrontés à la réalisation du mémorial de Schirmeck.
Ce Mémorial va plus réactiver leurs douleurs morales et leurs cauchemars (ils en ont tous) que représenter la reconnaissance de leurs souffrances, car pour cela il est hélas trop tard, nous avons collectivement échoué.
En effet, il n’ y a pas eu de véritable travail de deuil et de reconnaissance réalisé en France sur ce drame représenté par l’incorporation de force et ceci restera irréparable pour tous ces gens . Il n’y aucune référence là-dessus au Mémorial de Caen et c’est significatif du fait que la France a toujours jugé les « Malgré nous » comme des traîtres. Ces hommes ne sont pas dupes.
N’eût-il pas mieux valu ériger ce mémorial ailleurs qu’en Alsace pour marquer le fait que ce soit la France qui s’approprie cette part de l’histoire et la revendique ?
Cette distance ne serait-elle pas renforcée par l’absence des autorités juives ?.
Je suis sur ce sujet, tu le vois, plus nuancé que toi mais je puis me le permettre car je m’appuie sur la clinique psychiatrique et le fait que je d’être un des très rares psychiatres( nous sommes 3 ou 4 ), en France à pouvoir parler d’« expérience »
Tu peux imaginer, Jean, que cette exclusion constante de l’Alsace par la France, dès 1870, entraîne un violent retour du refoulé permanent et durable qui explique, pour moi, une partie du vote FN, et des profanations chez nous.
Dans la perspective de la Cérémonie d’octobre, tu t’es accordé à souligner l’importance de la reconnaissance du génocide des tsiganes (Samudaripen en romani) pour marquer la date du 2 août 1944 et l’extermination de tous les Roms internés à Auschwitz en une nuit; (je pense toujours à la figure emblématique du petit Hurbinek immortalisé par LEVI) et la nécessité que la France puisse les indemniser pour les souffrances endurées.
Il faut rappeler aussi que beaucoup de nos propres Tsiganes, internés par Vichy, n’ont été libérés qu’après la guerre, …en 1946 (cf « Le statut juridique des Tsiganes après 1945. Marguerite GILLE, in Etudes Tsiganes, Volume 13).
As-tu vu le film réalisé par Arnaud GOBIN et Monique SEEMAN, « Le cimetière des fous », qui retrace l’épisode dramatique de l’extermination à Hadamar de 100 malades alsaciens de Hoerdt et Stéphansfeld ?
J’y ai participé et c’est la raison pour laquelle le Cercle Taffel tient à associer les associations d’usagers de la psychiatrie à ses manifestations (cf la participation de « Aube » à la Cérémonie du 27 janvier à Cronenbourg).
Enfin, tu as bien voulu accepter, à un moment où l’espoir de paix renaît au Moyen-Orient, le principe d’un contact informel avec mon ami, le Professeur Christophe OBERLIN, chirurgien orthopédique de renom et tête de liste au Européennes de l’association Europalestine.
C’est un homme courageux et un éclaireur social et idéologique qui défend des positions marginales et joue le rôle, rare, de passeur et de médiateur, entre les Communautés, en étant sur le terrain, un peu comme moi, si je peux me permettre cette comparaison.
Il est un des rares membres du Collège National des professeurs d’Anatomie Normale à défendre le principe de voir une plaque apposée à l’Institut d’Anatomie Normale à Strasbourg.( une douzaine sur 150 sont avec nous)
Le Cercle Taffel organisera le dimanche 24 avril à 10H00 sa sixième Cérémonie aux Hospices Civils de Strasbourg, devant l’Institut d’Anatomie Normale, le jour du Souvenir des Déportés, en mémoire des 86 martyrs .
Je serais honoré que tu sois présent.
Je suis en lien avec Nelly STURM, fille d’Elisabeth KLEIN, une des 86 victimes de Hirt, qui vit à Berlin.
Il faut savoir aussi que la famille de Maître SCHENKEL à Strasbourg est en lien par Madame avec Menachem TAFFEL.
Enfin, il faut rappeler le rôle fondamental de Hans–Joachim LANG dans la découverte des 86 identités . La traduction de son livre : « Die Namen des Nummern » (Chez HOFFMANN et CAMPE, 2004) en français, hébreu et anglais est un des objectifs du Cercle TAFFEL .
Nous sommes en train de préparer la publication des actes du Colloque de Septembre 2003 avec l’aide de Carole REICH.
Benoît MASSIN y révélait l’identité des « 176 jumeaux tziganes de Mengele».
Le cercle suggère d’associer aux cérémonies les autorités des huit pays d’origine des victimes.
Outre la France, nous avons déjà été suivis par l’Allemagne, l’Autriche, la Grèce et la Pologne. Resteraient à convaincre la Belgique, la Hollande et la Norvège.
Je joins à mon courrier la copie du message du Docteur Roland KNEBUSCH, vice-président du cercle Taffel, qui a été lu solennellement lors de la cérémonie du 27 janvier au cimetière de Cronenbourg.
Voilà, mon cher Jean, quelques réflexions et propositions d’action pour le proche avenir, sachant que ma préoccupation principale est de rendre « AUSCHWITZ » vivant pour que la Commémoration ne se fige jamais et ne devienne pas un événement anachronique ou exotique pour les générations futures…quand nous aurons, nous-mêmes, disparu.
Fraternellement et solidairement dans le souvenir de notre arrivée à Strasbourg, Michel et moi, grâce à toi, un beau jour de 1972.
Georges Yoram