Offenbourg

Campagne électorale allemande Le NPD chahuté

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On ne peut pas interdire au NPD, l’extrême-droite allemande, de faire campagne ? On peut en revanche, rendre ses propos inaudibles. La méthode a fait ses preuves hier matin à Offenbourg.

Dès la nouvelle de la venue de membres du parti néo-nazi NPD (Nationaldemokratische Partei Deutschlands) à Offenbourg dans le cadre de la campagne législative allemande, les mouvements antifascistes, syndicaux et politiques de gauche de l’Ortenau se sont mobilisés pour organiser une contre-manifestation. Fidèle à son habitude de brouiller les pistes, le NPD a, au dernier moment, avancé sa venue d’un jour pour tenter de déjouer les plans des contre-manifestants, mais peine perdue. Emmenés par la confédération allemande des syndicats, DGB (Deutscher Gewerkschaftsbund), quelque 300 militants antifascistes de tous âges ont afflué dès 9 h hier matin dans la zone piétonne d’Offenbourg pour s’opposer à la venue, sur la Lindenplatz, du camion du NPD. Sous les tilleuls, un important dispositif de police avait quadrillé l’espace réservé « au meeting d’un parti légal, qui dans une démocratie, a autant le droit qu’un autre de s’exprimer » se voit obligé de préciser un représentant de la mairie. Parmi les contre-manifestants cependant, l’Oberburgermeisterin d’Offenbourg, Edith Schreiner (CDU) a tenu à marquer par sa présence sa désapprobation, de même que les candidats du SPD, du FDP, des Verts ou encore du parti pirate. Personne n’oublie les élections du 22 septembre.

« Mais ce n’est pas seulement une question électorale, a souligné Erich qui arborait sur les joues les couleurs rouge et noir des communistes libertaires. Vu son idéologie, son racisme, son antisémitisme, son négationnisme, le NPD devrait purement et simplement ne pas exister ».
C’est à celui qui fera le plus de bruit

À défaut de pouvoir l’interdire, « il faut l’empêcher de s’exprimer, a estimé Bastian venu de Lahr et qui manifestait pour la première fois de sa vie. Il est important de montrer qu’ils n’ont pas droit à la parole ».

Annoncé pour 9 h, le NPD a tardé à arriver et les manifestants se sont pris à espérer avoir d’ores et déjà gagné la partie.

Mais à 10 h 20, trois véhicules, un camion et deux minibus se sont frayé un passage entre les barrières. Plusieurs militants anarcho-syndicalistes ont tenté en vain de forcer les barrages policiers. Sous les huées, une dizaine d’hommes sont descendus des véhicules, face à une pancarte : « Plutôt 1 000 réfugiés que 10 nazis ». Aux cris de « nazis dehors », ils ont installé la sono pour Holger Apfel, chef du parti et à partir de là, la place n’a plus été que cris et sifflements. Malgré les immenses haut-parleurs, les arguments de campagne du NPD contre l’euro et les réfugiés sont restés totalement inaudibles. Le raffut était assourdissant et les manifestants ont sifflé sans mollir pendant la bonne heure qu’ont duré les harangues nationalistes.

Au terme d’un discours bruyant mais sans audience, le camion du NPD est reparti vers une autre destination qu’on devine tout aussi chahutée et chacun est retourné chez soi reposer ses oreilles.
par Simone Wehrung, publiée le 30/08/2013 à 05:00

Vos commentaires

On remarque qu’en Allemagne, contrairement à la France, et à l’Alsace, ce sont les syndicats ouvriers, le DGB, qui sont à la pointe de l’antifascisme.

Cela nous change des manifestations petites-bourgeoises “morales” de Justice & Libertés à Strasbourg…