Deux définitions du Petit Robert :
« Finasser » : agir avec une finesse qui est proche de la déloyauté, user de subterfuges, ruser. »
« Finaud » : fin, futé, malin, matois, retors, roué. »
« C’est un roué » disait-on au 18ème siècle pour désigner une personne à qui il ne fallait pas faire confiance, habile à dissimuler ses mauvaises intentions sous des airs patelins d’honnête homme.
Si nous avions encore quelque estime pour la fonction présidentielle ; et quelque illusion sur l’idée qu’elle peut grandir celui qui l’habite, François Hollande vient de les ruiner définitivement avec sa tentative déshonorante de nous rejouer la grande scène du Jugement de Salomon.
En offrant à Léonarda le « choix » soit de rester auprès des siens, soit de les abandonner pour revenir étudier en France, François Hollande et ses conseillers se sont cru sans doute très malins… mais ce ne sont que des roués – qui cependant viennent de commettre la sottise de prendre les habitants de ce pays pour plus cons qu’eux.
Bien sûr que Léonarda va choisir de rester avec sa famille. C’est cousu de fil blanc, ce faux choix, comme était parfaitement prévisible le résultat de la décision du roi Salomon de couper en deux l’enfant disputé entre ses deux « mères ». Mais dans le récit biblique, le cynisme du roi n’est qu’apparent, uniquement destiné à faire s’exprimer le cri d’humanité de la vraie mère. Au contraire d’un François Hollande passé maitre en finasseries, qui bricole sa petite et méprisable ignominie dans l’unique but de se tirer momentanément d’un mauvais pas… en y sacrifiant le principe d’humanité. Envisager froidement de faire porter la responsabilité de ce choix aux allures de chantage à une jeune fille de 15 ans est d’un cynisme achevé… mais un cynisme qui se voit comme le nez au milieu de la figure.
C’est mauvais pour votre image de Président, Monsieur Hollande. C’est surtout ignoble. Vous êtes un ignoble individu, Monsieur Hollande. Ce jugement moral, dira-t-on, n’est pas une analyse politique. Si, c’en est une. Votre gestion de « l’affaire Léonarda » cristallise en elle l’infâmie d’une politique, celle que vous et votre gouvernement menez contre les étrangers. En 30 secondes d’intervention publique, vous avez condensé tout ce que « gestion des flux migratoires » veut dire dans notre pays : le droit de se voir reconnu comme un être humain à part entière bafoué dès lors que les lois, les règlements, les procédures et l’arbitraire des décisions administratives ont transformé un étranger en « sans papiers ».
Chantal BEAUCHAMP, de Tours
19 octobre 2013, 22 h 30.
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