Communiqué de presse, RESF, Réseau éducation sans frontières
18 mois de présidence Hollande, et pour les enfants de parents sans papiers, les mineurs isolés et les jeunes majeurs étrangers, un début de quinquennat à l’image du reste : vous voulez un dessin ?
Le nombre des enfants enfermés en rétention avec leurs parents dans l’attente d’une expulsion a largement diminué depuis juillet 2012. Mais cette pratique (pour laquelle l’Etat français a été condamné par la cour européenne de justice), n’est toujours pas interdite et au moins une vingtaine d’enfants en ont été victimes. Si Mitterrand et Badinter avaient supprimé la peine de mort comme Hollande et Valls ont interdit la rétention des enfants, la guillotine continuerait à fonctionner.
Quant aux enfants des familles sans papiers qui échappent à l’enfermement, ils sont assignés à résidence, le plus souvent arrachés à leur école, leur quotidien est fait de l’angoisse de leurs parents, qui pour échapper aux menaces, discriminations, violences, aux guerres et à la misère, ont fait le choix de partir vers un pays d’asile. Errant d’un pays à l’autre pendant des mois, parfois des années d’exil, rejetés de partout, ils continuent à espérer pour leurs enfants et pour eux-mêmes une autre vie, un avenir.
Pour échapper à l’expulsion qui les renverra, bannis de France, dans un pays hostile, certaines familles vivent cachées, sans savoir quand ils pourront un jour revivre librement, ici ou ailleurs.
Dans les écoles, on continue à compter les chaises vides des enfants déplacés, cachés, et celles de ceux qui ont été expulsés avec leurs parents. Celles des enfants qui dorment dans la rue, dans des cabines téléphoniques, sur des cartons, celles des enfants roms, déplacés, stigmatisés, celles des mineurs isolés, que les passeurs ont jetés sur le trottoir des gares et des aéroports, et qu’on se repasse, d’un département à un autre, sans prise en charge, sans leur assurer le droit fondamental à une vraie scolarisation qui leur ouvre l’accès à une formation et un avenir. Enfants invisibles, coupables d’être mineurs, accusés de mentir sur leur âge, sur leur nom, sur leur vie pour apaiser la conscience de ceux qui sont chargés de s’en débarrasser, de les exiler, de les renvoyer à leur misère natale ?
« Est-ce que c’est normal d’avoir peur quand on va à l’école ? » demandaient en 2007 les enfants de parents sans papiers ? Est-ce normal ? en 2013 ? Avec un président de la République, un Premier ministre, un ministre de l’Intérieur socialistes ?
L’affaire Léonarda et l’expulsion de Khatchik, les manifestations de lycéens ont obligé le ministre l’Intérieur à suspendre les expulsions de familles ayant des enfants scolarisés et celle de lycéens. Il ne s’en vante pas, mais les faits sont là. C’est un progrès mais ce n’est pas assez. Il faut maintenant l’assumer publiquement, le revendiquer même. Et surtout le traduire dans les lois.
La loi doit changer, offrir un avenir aux enfants, à tous les enfants et pour cela régulariser et assurer avec une application qui change profondément avec les méthodes antérieures, les droits fondamentaux des enfants.
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