Le sénateur-maire socialiste chrétien-social de Strasbourg, Roland Ries, était invité le 5 février par les protestants d’Alsace à parler des suites de l’Appel de Strasbourg, lancé aux côtés des responsables locaux des religions monothéistes, au moment ou Israël massacrait 1450 Palestiniens à Gaza, pendant que 12 Israéliens étaient tués. L’église du boulevard d’Anvers était pleine, d’un public plutôt âgé. On y rencontrait aussi un responsable musulman, un de l’UJFP, trois membres du Collectif judéo-arabe et citoyen, un régionaliste alsacien, et deux femmes voilées, mais pas de raton-laveur.

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Le dispositif du débat collait parfaitement à l’ex-professeur du second degré qu’a été Ries, un crucifix dans le dos, une estrade surélevée, et des petits papiers pour poser sagement les questions. On voit que la révolution pédagogique n’a traversé ni ce lieu de culte ni les enseignants du genre du maire ex syndiqué au SNES et de la tendance la plus à droite. La seule exception aux petits papiers fur celle de l’intervention orale conquise de haute lutte, et après une éternité d’attente, par le tenancier de la Feuille de Chou, et encore fut-il bousculé psychologiquement par le meneur de jeu qui s’était déplacé pour lui dire, ” c’est pas bien, vous faites des commentaires…vous posez votre question maintenant!”.

Que retenir de la brève intervention liminaire du maire et des réponses aux questions écrites?

Il appelle au respect dans la foulée de l’Appel de Strasbourg des monothéismes au moment de Gaza. Et les autres, a-t-on envie de demander, les religions non monothéistes, et, surtout, la grande masse des citoyens qui ne mettent que rarement les pieds dans une église, un temple, une mosquée, une synagogue? Ce soir-là, ils n’existaient pas!

On peut d’ailleurs se demander au nom de quoi le maire fait appel au pouvoir supposé de pacification des religieux, pour parer à la “violence”, laquelle ? Sans le dire jamais, il s’agit en fait des actions de soutien soit aux Palestiniens, soit aux Israéliens, qui ont donné l’occasion de plusieurs manifestations à Strasbourg, sans violence à l’exception d’une tentative avortée d’un groupe non identifié aux abords de la Synagogue de la Paix.

Le maire reste dans le vague, chacun étant sensé savoir de quoi il retourne, et qui sont les “bons” et les “méchants”.

Dans la même veine, il redit qu’il s’agissait de ne pas “importer le conflit”. Comme si à l’ère de la mondialisation des capitaux, des marchandises, mais pas des hommes qui se heurtent aux frontières de Schengen et aux frontières intérieures, sans parler des sans-papiers qu’on emprisonne et expulse, comme si, donc, les Alsaciens devaient ne s’occuper que des problèmes alsaciens, sans regarder autour d’eux ni sympathiser avec telle ou telle cause, en fonction de leurs choix, ou du lien avec leurs origines.

Le maire sait-il qu’en ce moment même, comme à l’époque de Gaza, une affichette à l’intérieur du centre communautaire, appelle les juifs à aller soutenir Tsahal? Imaginez juste une seconde qu’une affiche du même tonneau soit placardée dans une mosquée, appelant les musulmans à faire un stage dans une organisation armée palestinienne Le Préfet, le ministre de l’intérieur seraient à la télé au 20 h pour dénoncer les « terroristes » islamistes! Deux poids, deux mesures!

En ce qui concerne la laïcité, notre maire est très content de l’exception alsacienne-mosellane, qui fait qu’ici, les lois de la République ne sont pas appliquées, en particulier la séparation des Églises et de l’État. Il défend cela en s’appuyant sur le conservatisme alsacien qui sous prétexte de garder (du droit local) ce qui est effectivement meilleur ici qu’en France de l’intérieur, conserve aussi aussi l’enseignement de la religion à l’école publique, ce qui constitue le même viol des consciences que l’enseignement obligatoire du marxisme-léninisme dans l’ex URSS. Il n’en a cure.

Il a rappelé la “guerre” à Gaza, terme impropre car une guerre oppose deux États, deux armées; ici on ne voit qu’un seul État surarmé et des civils massacrés de l’autre. Le dialogue interreligieux vise selon lui à empêcher les tensions entre citoyens, un genre de police préventive en somme et de pompiers sautant sur le feu, comme lors des réveillons explosifs dans les quartiers.

Il s’engage (bien !) à poursuivre les efforts pour la grande mosquée, avec minaret, et des lieux de culte dignes dans les quartiers.

Il développe tout un discours qui, ne mange pas de pain sur Strasbourg, l’humanisme rhénan, l’Europe, etc.

Il justifie le timide essai de démocratie participative, tout en caricaturant la démocratie directe, en disant qu’on ne peut, comme à Athènes autrefois, rassembler 270 000 citoyens place Kléber. Internet, ne connait pas?

Il parle de la ville de Kayseri en Turquie pour laquelle on lui demande un partenariat Il évoque le génocide arménien, la ville de Jacmel en Haïti, aidée par l’administration de la CUS.

Il s’appuie sur la visite de l’écrivain israélien Amos Oz, créateur de Shalom Arshaw pour dire, comme s’il découvrait l’eau chaude, qu’il s’agit d’aider les Israéliens et les Palestiniens à divorcer. Mais il fait semblant d’ignorer que c’est Israël qui a installé 500 000 colons en Cisjordanie et judaïse Jérusalem, empêchant que naisse un État palestinien viable et indépendant. Blablabla.

Il reconnait des erreurs au Neuhof où on n’a fait que du bâti, alors qu’à Hautepierre, selon lui, on s’occupe des habitants.

Pour finir, il fait un rêve: un partenariat en commun avec Jérusalem, comme ville juive (!) et Bethléem comme ville palestinienne.

Pas un mot pour condamner le viol du droit international pas Israël.

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A.Z. a écrit:

Nous avons pu poser de courtes “questions” par écrit et oralement.
R. Ries explique qu’il faut être tolérant, savoir vivre ensemble. Jusque là tout va bien.
Ensuite il parle de la ville des droits de l’homme et de l’Europe sans se prononcer, malgré les questions, sur le colonialisme israélien et renvoie les deux parties dos à dos en espérant qu’elles finiront par vivre côte à côte dans deux Etat bien séparés. En fait il se sert des droits de l’Homme pour le prestige de Strasbourg, sans s’impliquer dans la défense réelle des droits de l’homme (siège de Gaza notamment et sans faire bouger l’Europe sur cette question)
Il constate qu’il y a beaucoup plus de musulmans pratiquants à Strasbourg, que de chrétiens et de juifs pratiquants. D’où la construction de la mosquée.
Il y a beaucoup de Turcs à Strasbourg et donc il veut faire un partenariat avec une ville turque, est pour l’entrée de la Turquie dans la CEE. De ce côté là fait-il semblant d’ignorer qu’un Turc sur deux de Strasbourg est un Kurde et que les Kurdes sont violemment réprimés en Turquie ?
J’ai comme l’impression qu’il veille à la renommée de Strasbourg, y compris avec le sommet de l’OTAN, sans s’impliquer dans la défense réelle du droit international. Son discours sur le droit international est vide de sens.
Pas un mot sur le blocus de Gaza, sur le rapport Goldstone ! A force de ne rien dire et surtout de ne rien faire face à l’oppression, le sénateur-maire abandonne les opprimés et les renvoie dos à dos avec leurs oppresseurs. Prendre une telle attitude c’est y perdre son âme. J’aurai bien aimé pouvoir dire que l’État d’Israël d’aujourd’hui a été créé par l’ONU et n’a rien à voir avec l’Israël des temps bibliques. Mais avec ce système de questions sur papier, pas moyen de s’exprimer réellement. De plus on a droit aux commentaires de celui qui collecte les questions !

Un autre commentaire:

– Ce qui frappe chez notre bourgmestre, c’est son côté terne, genre profil bas devant les tristes nécessités du dialogue démocra-toque . . .
Le respect ? Bof chépas…L’espace public ? Bof chépas ! L’essentiel, c’est qu’on s’entende tous bien, nespas ?