Communiqué du réseau No Pasaran – 1er janvier 2014.
La « quenelle », un geste « anti-système » ?
Depuis quelques années, nous assistons à l’apparition d’un nouveau phénomène sur le web : des centaines d’anonymes se photographient en exécutant le geste de la « quenelle », signifiant littéralement « dans ton cul jusque-là », et désormais étiqueté « anti-système ». Considérer comme subversif le fait de poster sur Facebook des photos de soi-même en train de tendre un bras peut faire sourire. Mais les initiateurs de ce geste donnent plutôt envie de vomir. Le plus connu, Dieudonné, à l’origine humoriste plutôt de gauche, est progressivement devenu un triste pantin fréquentant des négationnistes et des responsables d’extrême droite. Il a encore récemment fait la une des médias avec une énième provocation antisémite, le 19 décembre, en regrettant qu’il n’y ait plus de chambres à gaz pour le journaliste de France Inter, Patrick Cohen. Un autre promoteur de la « quenelle », plus politique et proche de Dieudonné, est Alain Soral, dont les déclarations vaseuses oscillent entre homophobie, antiféminisme, soutien à des dictatures (Libye de Kadhafi, Iran, Syrie), dénonciation d’un prétendu « complot-juif » et paranoïa aiguë. La lutte contre toutes les formes de colonialisme, plus que jamais nécessaire, en Palestine comme ailleurs, ne peut se résumer à cette grotesque caricature…
Car c’est bien d’une vaste caricature qu’il s’agit. En effet, qu’y a t’il de vraiment « anti-système » dans ce geste repris partout et par tous, quelle que soit la classe sociale ? Le footballeur Nicolas Anelka, exécuteur d’une « quenelle » le 28 décembre, et qui a signé il y a un an pour un salaire de 1,2 millions d’euros, est-il vraiment « anti-système » ? Le gourou Rael, fondateur de la secte du même nom, et adepte lui-aussi de ce geste, est-il vraiment « anti-système » ?
Pour le réseau No Pasaran, l’exécution d’un simple geste, aux origines douteuses et à l’utilisation très aléatoire, ne pourra jamais se substituer à la lutte contre toutes les formes de dominations. Pire, cette « quenelle », en se présentant comme « anti-système », fait clairement le jeu de ce dernier en occultant les véritables combats à mener, contre l’impérialisme, le fascisme, le capitalisme et le productivisme.
Manuel Valls, ou quand la xénophobie d’État se déguise en antiracisme républicain.
En annonçant vouloir interdire les spectacles de Dieudonné, Manuel Valls tente de se draper dans les haillons d’un antiracisme de façade, alors qu’il s’assume par ailleurs comme le digne continuateur des politiques libérales, sécuritaires et xénophobes menées par les gouvernements précédents. Pour le réseau No Pasaran, ce n’est pas simplement la dénonciation de tel ou tel avatar d’extrême-droite qui importe le plus, mais avant tout la lutte contre ce qui la nourrit. Les politiques néo-libérales menées au travers de la construction européenne sont l’élément central et moteur dans la poussée populiste qui envahit le continent. En France l’UMP et le PS sont les exécutants de cette politique et sont donc responsables de l’état de décomposition sociale et économique de la société où les plus pauvres et les plus démunis -à l’instar des Roms, des immigrés ou des personnes d’origines maghrébines- sont stigmatisés et vus comme des populations dangereuses.
La lutte anti-fasciste ne peut en aucun cas se résoudre à étendre l’arsenal sécuritaire et répressif de l’État, qui mène par ailleurs une politique ouvertement xénophobe. Comme nous le disions dans les années 90, la lutte contre l’extrême droite doit se penser en terme d’un autre projet de société. A vous, à nous de faire vivre nos alternatives, nos espoirs et nos colères, dans de multiples luttes quotidiennes et locales.
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