A mort, la Saint-Valentin ! Aux poubelles de l’Histoire ! A la trappe ! Imagine-t-on vraiment le père Ubu faisant des mamours à la mère Ubu sous prétexte qu’on serait le 14 février ? Selon l’expression consacrée : merdre alors ! Depuis des lustres, les lobbies conjoints des hôteliers-restaurateurs en folie, des syndicats de fleuristes et des journaux quotidiens fourguant en gros leurs petites annonces de cœur, tentent de nous en convaincre : rien aujourd’hui ne serait plus désirable que d’inviter son amoureux(euse) à dîner aux chandelles dans des gargotes ensatinées de rose, de lui tenir des heures durant la main en roulant des yeux de merlan frit, de lui offrir des roses industriellement produites par des paysans chinois surexploités et de lui envoyer par voie de presse des messages se terminant en général par le mot « tendresse ».

Contre la Saint-Valentin

Ça dégouline de partout, ça colle aux doigts, ça suinte le sentiment. C’est assez dégoûtant. L’aberration a même, paraît-il, son festival à Baume-les-Dames (où d’autre ?), où l’on accroche dans les rues les lettres d’amour à des cordes à linge, pour que chacun puisse s’en repaître. Ça, c’est du concept ! On a envie de se souvenir de ce mot si pertinent de Louis-Ferdinand Céline : « L’amour, c’est l’infini mis à la portée des caniches ». Il serait grand temps de créer le front d’action anti-Valentin, dont le mot d’ordre pourrait être : si vous aimez ça, n’en dégoûtez pas les autres.