DNA 150210

A visage découvert

(voir les articles des DNA plus bas)

Il n’est pas dans nos habitudes de rendre responsable le messager des mauvaises nouvelles qu’il porte, mais dans le cas des Dernières Nouvelles d’Alsace du lundi 15 février 2010, on ne peut manquer de reconsidérer la chose.

Chaque semaine, les DNA posent une question aux internautes sur des sujets divers. Ce n’est évidemment pas un sondage, mais quel lecteur garde ce détail à l’esprit ?

La question de la semaine précédente portait sur « le voile islamique partout (sic) ou son « interdiction ».

Le résultat est sans appel, autre que l’esprit critique qui anime ce texte de la Feuille de Chou.

Il y a eu une très forte participation du lectorat : 6326 votants. Dont 5718 personnes (90%) pour « l’interdire dans les lieux publics ».

496 (7%) pour « l’accepter partout » et 112 (1%) “sans opinion”.

Ces réponses n’ont aucune valeur scientifique, étant donné que contrairement aux sondages d’opinion, déjà critiquables, le panel ici est encore moins représentatif de la population alsacienne en âge de voter.

On peut même faire l’hypothèse que, quelques semaines après le résultat du vote anti-minaret en Suisse, à l’issue provisoire d’un débat sur l’identité nationale en France, juste avant les élections régionales, les lecteurs des DNA ont répondu sous influence sans compter la mobilisation forte des opposants à ce « voile ».

C’est un peu comme si le lendemain d’un « crime particulièrement horrible », on demandait l’avis des gens sur la peine de mort. Résultat assuré !

La question posée :

« Doit-on continuer à accepter la présence du voile islamique partout ou l’interdire dans les lieux publics ? Quel est votre avis ? »

Sa formulation est déjà particulièrement retorse. Pour au moins trois raisons.

« Continuer » suppose soit que ce voile était jusqu’alors accepté, soit que trop c’est trop et que maintenant ce laxisme ne peut se poursuivre.

« Voile islamique » n’est nulle part identifié. S’agit-il du niqab, du hidjab, de la burqa ? Visage caché ou offert ? Tout le monde est supposé savoir de quoi il retourne. Place aux fantasmes des uns et des autres !

« Partout » rend compte, en l’accentuant, de la supposée impression dominante « on est envahis », « ils sont partout » de sinistre mémoire, qui renvoie autitre d’un journal antisémite des années d’avant-guerre.

Le commentaire des réponses au questionnaire est assuré par Bernard Delattre. On distinguera avec soin , autant que possible, les phrases, selon qu’elles sont ou non entre guillemets, citations des internautes ou résumé par le journaliste ou avis de l’intéressé ou de son journal.

1er résultat sans appel : « pas de voile islamique dans les lieux publics ». Et même, « aucun signe religieux ostentatoire ».

Il est temps de redire que ce questionnaire est fait en Alsace, région qui, avec le département de la Moselle , a comme caractéristique, d’échapper à la loi commune française en matière de laïcité et de place des religions concordataires dans l’espace public du fait, entre autres, mais pas exclusivement, de la non application de la loi de 1905.

Et donc, qu’on rencontre plusieurs phénomènes qui devraient relever de la même interdiction souhaitée par les 90 % de répondeurs, concernant le catholicisme, les protestantismes et le judaïsme : l’enseignement de la religion dans les établissements d’enseignement publics, le statut de quasi fonctionnaires pour les prêtres, pasteurs, rabbins, la forte imprégnation religieuse de tous les phénomènes sociaux, la présence hebdomadaire dans les DNA d’un « Regard chrétien », les autres confessions étant aveugles probablement, sans parler des agnostiques et autres athées, créatures diaboliques s’il en est.

Ainsi, ne peut-on que sourire quand on lit sous le clavier de Delattre : « La défense de la laïcité constitue le souci de la majorité de nos correspondants. »

La laïcité a bon dos ! Elle ne s’appliquerait qu’à l’Islam, religion non concordataire !

On se fait une bonne idée du mental des correspondants des DNA quand on voit la relation que certains font entre le « voile » et « les grimaces, le port d’un masque.. » carnavalesques, dans une province où le carnaval est des plus vivaces du fait d’une ancienne tradition rhénane. Les musulmanes seraient donc déguisées…Et les religieuses catholiques et protestantes ? Et les Loubavitchs ?

L’un des correspondants ose même évoquer le « braquage de la poste d’Athis-Mons par deux hommes « burqagoulés » et Delattre, sérieusement, d’oser souligner le « beau néologisme » ! Du point de vue linguistique, certes, mais quel racisme !

Les répondeurs, tous spécialistes patentés de l’Islam, -« J’ai beau cherchér dans le Coran » -flics dans l’âme, et lecteurs quotidien du Quran, voient plus un « refus de présenter son identité » qu’une « contrainte religieuse » dans le port du voile. Police, vos papiers, et votre gueule!

Ils sont tous féministes bien entendu , contre « cet accoutrement d’un autre âge qui rabaisse les femmes ». Ils préfèrent évidemment les femmes déshabillées par les publicitaires, surtout par temps froid, sous les Abribus Decaux.

Et le journaliste de justifier par l’introduction aux citations l’avis majoritaire : « …la République française, une et laïque » (en Alsace ?) pratiquait l’assimilation.

Il faut la réciprocité : quand on va chez eux, on respecte leurs tradition, disent ceux qui passent des vacances dans tel hôtel ou club et qui ne rencontrent d’indigènes que faisant leur chambre le matin et servant les repas ou nettoyant les chiottes et les piscines.

Ces crétins oublient qu’il y a de nombreux Français musulmans et des convertis! Que viennent faire ici, chez eux, dans leurs fantasmes, comme chez Delattre, qui ne le précise à aucun moment, les étrangers ?

Ils ne savent donc pas que la Mosquée de Paris a été érigée en 1927, en remerciement pour la contribution de ces parias à la première guerre mondiale et à la victoire de la France ? Et ne savant-ils pas non plus que l’Islam est la seconde religion d’Alsace ?

Ils ne le savent que trop, et n’ont pas compris que les enfants et les petits-enfants des ex « bougnouls » sont installés chez nous, et les Turcs aussi et les Kurdes, et tous les autres d’Asie, d’Afrique d’Amérique, au cœur de nos villes et villages, et qu’ils épousent nos filles qui les trouvent beaux et exotiques, et aptes à « régénérer » la « race » française et “alsacienne de souche“.

Ils sont « féministes » nos islamophobes ! « La religion musulmane ne place pas l’homme et la femme sur le même pied ; » croient-ils. Ils ont vu des curés femmes ? Et des rabbins ? Et le Pape s’appelle papesse ? La France elle, et l’Alsace sont si féministes ! Au fait, combien de femmes meurent de coups dans les couples bien de chez nous? Et les salaires des femmes sont égaux à ceux des hommes, et combien de députées françaises à l’Assemblée nationale ?

Ils craignent une « islamisation rampante (sic!) de notre société ». Et voilà l’effet ici en Alsace d’une affiche d’Alsace d’Abord et d’autres du FN qui souillent les murs depuis 25 ans ! C’est bien connu, « la France (l’Alsace) sera une République islamique » dans X années. Depuis le temps que les racistes l’affirment, on n’a rien vu venir.

L’observance des préceptes religieux, ce n’est pas bien, surtout quand ils sont islamiques. Pas un mot des préceptes juifs pourtant plus nombreux (613).Mais patience, ça vient ! Et les femmes juives orthodoxes bientôt devront aussi ôter leur foulard ou leur perruque. Et on les forcera à serrer la main des hommes et à prendre un escalier mixte…

On en restera là, laissant au (à la) lecteur-trice le soin de commenter lui( elle) même les citations des répondants dans le second article des DNA.

On donne pour la fin et pour mesurer le degré de bêtise de certains cette phrase de P.W de Strasbourg :

« A force de tolérance, on sera bientôt obligé de se déchausser pour entrer dans une église ».

Demain, la Cathédrale de Strasbourg, tranformée en mosquée!

On lui conseille de consulter un psychanalyste !

lu dans les DNA

DNA 150210

http://www.dna.fr/acces/telechargement.php?file=/file/pdf/POFTE.07.0007.DNL.pdf

“A visage découvert

Neuf sur dix de nos lecteurs et internautes regrettent que le port du voile islamique soit admis dans les lieux publics en France. « Vivons à visage découvert » semble être leur devise.

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6326 votants

La question de la semaine dernière : Doit-on continuer à accepter la présence du voile islamique partout ou l’interdire dans les lieux publics ? Quel est votre avis ?
– L’accepter partout 496 votants soit 7 %
– L’interdire dans les lieux publics5718 votants soit 90 %
– Sans opinion 112 votants soit 1 %
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L’opinion de nos lecteurs et internautes est claire : pas de voile islamique dans les lieux publics. Afin de ne pas être accusés d’anti-islamisme, certains vont plus loin. Aucun signe religieux ostentatoire ne doit être toléré dans les lieux publics : ni croix, ni crucifix.
La défense de la laïcité constitue le souci de la majorité de nos correspondants. Les uns prétendent que la législation actuelle est claire. Qu’il suffirait de l’appliquer pour empêcher le port du voile. D’autres, comme Daniel Binder, de Strasbourg, souhaiteraient que notre pays adopte des lois similaires à celles de la Belgique. « Là-bas, écrit-il, une loi votée en 2005 stipule que “hors du temps de carnaval, nul ne peut se montrer masqué ou travesti dans les rues. Il est interdit sur le domaine public de se dissimuler le visage par des grimages, le port d’un masque ou tout autre moyen.” »

La peur de gangsters « burqagoulés »

A l’appui de cette interdiction, un récent fait divers que nous rappelle Roger Lançon, d’Eckbolsheim : « Le braquage de la poste d’Athis-Mons par deux hommes “burqagoulés” (beau néologisme !) milite en faveur d’une interdiction. Pour des raisons de sécurité toute personne circulant sur la voie publique ou un lieu ouvert au public doit le faire à visage découvert. »
Pour une majorité de nos répondants, le voile, mais surtout le niqab, le hidjab et la burqa sont plus assimilés à un refus de présenter son identité qu’à une contrainte religieuse. « Je suis contre cet accoutrement d’un autre âge qui rabaisse les femmes et relève d’une provocation inutile et dangereuse. J’ai beau chercher dans le Coran trace d’une sourate relative à ce sujet, rien », nous explique Paul-Antoine Muller, de Strasbourg.

Un repli communautaire

Pour résumer, jusqu’ici la République française, une et laïque, quoique d’inspiration judéo-chrétienne, justifiait sa réputation de terre d’accueil en assimilant les nouveaux arrivants. Dans certaines limites: « Quand on est accueilli dans un pays, nous écrit Élisabeth Meyer, de Munster, on respecte ses traditions. » « Quand nous nous rendons dans leurs pays, nous nous conformons à leurs règles. Pourquoi ne le font-ils pas chez nous ? » a-t-on souvent lu dans les courriels et courriers.
De plus, dans de nombreux pays musulmans sauf les plus intégristes, observent ceux qui ont voyagé, le port du voile, du niqab ou de la burqa est extrêmement rare.

Une forme d’esclavagisme

La perception du communautarisme est accentuée par le fait que la religion musulmane ne place pas l’homme et la femme sur le même pied: beaucoup considèrent que les vêtements incriminés rétrogradent les femmes, voire les transforment en esclaves.
Pour une majorité de nos répondants, si une partie de la communauté musulmane tente de se marginaliser, c’est pour constituer une force de pression sur notre société. Beaucoup regrettent en la matière un certain laxisme de nos cadres dirigeants et s’inquiètent de voir ses revendications augmenter progressivement au point d’arriver à un seuil intolérable. « Ne pas interdire le voile ou la burqa dans les lieux publics serait ouvrir la boîte de Pandore et permettre une islamisation rampante de notre société », explique Hubert Steck, de Haguenau. Seuil qui pourrait constituer la source d’un conflit grave entre la communauté nationale et le monde franco-musulman.
« L’exigence intransigeante de l’observance des préceptes édictés par la religion [musulmane] affirme la totale prééminence du religieux sur la société civile, renchérit Igor Uino, de Gueberschwihr. Cela n’est pas concevable (ni légalement, ni moralement) dans une société laïque. On peut même ajouter -puisque le mot de respect des croyances de l’autre est toujours brandi- qu’il s’agit là aussi d’un total manque de respect de ceux pour qui Dieu, foi et religion n’ont, en leur intime conviction, aucune raison d’être. »

Liberté religieuse

Si la laïcité demeure bien sûr privilégiée, il n’est pas question -chez l’ensemble de nos correspondants- de remettre en cause la liberté de culte : l’islam -modéré- est accepté comme les autres grandes religions monothéistes. « On peut être un bon musulman sans se déguiser. Une religion qui n’évolue pas, qui ne s’adapte pas, disparaîtra … », remarque Guy Merck, d’Altenstadt.
Le petit 7 % qui ne s’offusque pas du port du voile ou de la burqa nous rappelle qu’au moment de la séparation de l’Église et de l’État en 1905, le Parlement s’était déjà penché sur les signes religieux ostentatoires. Étaient visées principalement les soutanes du clergé catholique. Malgré un air du temps plutôt saturé de laïcité, aucune majorité n’était parvenue à les interdire. Pour les partisans de la liberté absolue, il n’y a pas lieu, plus de cent ans après, d’entamer un nouveau débat : une bonne soeur ou un curé ont tout autant accès à l’espace public qu’une femme voilée ou vêtue d’une burka. On nous fait aussi observer que, surtout à la campagne, le foulard ou le fichu font partie du quotidien des femmes. Il n’y a donc rien de choquant, commentent-ils.
Pour ces personnes, l’actuel débat sur l’identité nationale est beaucoup plus lourd de sens que celui sur le port du voile
Médiation : Bernard Delattre

Édition du Lun 15 fév. 2010

Écrits de nos lecteurs et internautes
L’exemple de la Belgique

M. V. (Beblenheim) : « Pourquoi ne citer que le voile islamique ? Ne conviendrait-il pas d’interdire tout simplement de se masquer le visage dans les lieux publics ? Avec une exception pour les carnavals et les bals des veuves bien sûr. C’est la solution adoptée par nos amis belges. »
Claude Wies (Wingen-sur-Moder) : « Si tout le monde se promenait en montrant son appartenance religieuse, vous vous rendez compte du désordre sur la voie publique ? »
J.M. H. (Sélestat) : « Revenant d’un pays à 95 % musulman (le Sénégal), j’ai rencontré moins de femmes voilées à Dakar qu’un jour de marché à Sélestat. »
Thomas Bishop-Garnier (Colmar) : « Il a fallu des siècles de combats pour s’affranchir des diktats religieux, pour pouvoir faire sa vie. Ce n’est pas une raison pour accepter aujourd’hui des accommodements avec tel groupe ou telle communauté. »

Respecter notre laïcité

M.-C.F. (Molsheim) : «Le voile islamique est le symbole de l’esclavage pour les femmes. Il est incompatible avec notre culture. L’intégration passe par une adaptation à la culture du pays d’adoption, même si celui-ci est tolérant.»
Gilbert Hueber (Colmar) : « Que le voile soit porté dans les pays islamiques d’accord. Mais pas en France. Dans les pays islamiques, il est interdit de porter des objets en cuir dans certains lieux, sur certaines plages et même dans certains hôtels. Le port du short est même interdit à la piscine. Nous respectons ces consignes et obligations. Que les musulmans respectent notre laïcité. »
G.L. (Strasbourg) : « Une loi existe déjà. Il est interdit de sortir le visage caché en dehors du carnaval. »
P.W. (Strasbourg) : « A force de tolérance, on sera bientôt obligé de se déchausser pour entrer dans une église. »
B.S. (Eschau) : « Quand je parle à quelqu’un, je ne regarde pas seulement ses yeux, mais son visage tout entier. »
L.K (Marlenheim) : « La religion ne peut pas prétendre diriger la France. La révolution de 1789 est passée par là. La République est souveraine et n’importe quelle religion doit s’adapter. »
Gilbert Erb (Alteckendorf) : « Nous avons vécu en Iran où ma femme portait le voile. Elle s’était habillée comme tout le monde là-bas, sans discussion. Que ces dames qui veulent habiter chez nous et surtout bien vivre comme nous se conforment à notre style d’habillement. »

Qu’est-ce qui dérange ?

Georges Abthaler (Fislis) : « Les pères musulmans qui conseillent le porte du voile à leur fille font aussi bien que les pères paysans alsaciens qui envoyaient leurs filles trop nombreuses dans les maisons religieuses pour leur faire porter le voile, ce que nous voyions encore fleurir il y a trente ans. »
I.D. (Weyersheim) : « Pourquoi interdire le voile ? Qu’est-ce qui dérange vraiment ? La différence ? C’est comme cela que commencent les ségrégations : on interdit le voile, puis les cheveux longs pour les hommes, ensuite les tatouages, les piercings, les rockeurs, les gothiques… Bref tout ce qui ne rentre pas dans le fameux moule que la France souhaite tant. »
Philippe Hoffmann (Steinsoultz) : « Le voile en soi est à peine plus grand que le fichu de nos bien-aimées grand-mères. Le problème du port du nidjab ou pire de la burka est très différent et est perçu comme contraignant et avilissant. Les interdits dans notre société sont de plus en plus excessifs. Quel sera le prochain interdit et pour qui ? »

Édition du Lun 15 fév. 2010