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Génocide des Tutsis : « Que l’’État ait la dignité de reconnaitre ses erreurs »

par Rédaction 2 avril 2014

Vingt ans après le génocide des Tutsis et le massacre d’’opposants, déclenché le 6 avril 1994 au Rwanda, la justice française vient pour la première fois de juger et de condamner un Rwandais séjournant en France. « N’’est-il pas grandement temps d’’oser regarder le passé en face ? » interpelle un collectif de rescapés, chercheurs, écrivains, chanteurs, journalistes et militants associatifs. Dans une lettre ouverte à Alain Juppé, ministre des affaires étrangères à l’’époque du massacre, ils pointent des contradictions et omissions dans son discours qui dédouaneraient les dirigeants français de toute responsabilité. « Nous souhaitons que l’’État qui nous représente ait la dignité de reconnaitre ses erreurs », écrivent-ils.

Monsieur Alain Juppé,

Nous, habitants de Bordeaux, et citoyens attentifs au respect de la mémoire des victimes du génocide des Tutsis au Rwanda, constatons que depuis 20 ans vous tenez, concernant ce crime, un discours qui entre en contradiction avec la réalité des faits. Il suscite de graves interrogations sur votre rôle à l’’époque, ainsi que sur celui de notre État, auxquelles nous vous invitons à répondre.

Vous étiez ministre des affaires étrangères d’’avril 1993 à avril 1995. Au cours de cette période, au Rwanda, se mettait en place et se réalisait un génocide : en 1994, il y a 20 ans, plus de 800 000 personnes furent assassinées pour la seule raison que la mention Tutsi figurait sur leurs cartes d’identité. Les forces armées rwandaises (FAR) et les milices civiles réalisèrent les massacres. Ce crime, organisé et rapide, dura 3 mois !

L’’État français, jusqu’en 1994, était particulièrement proche des autorités rwandaises. La présence militaire sur place est un des aspects les plus visibles de cette proximité : de 1990 à la fin du génocide, trois opérations françaises se déployèrent au Rwanda, et il n’’y eut que quelques mois au cours desquels notre armée ne fut pas présente en nombre sur le territoire de ce petit pays. Depuis 20 ans, des historiens, des écrivains, des journalistes, des associations, ainsi que des organisations internationales [1], accusent les autorités françaises d’’avoir une responsabilité coupable dans la réalisation du génocide, ou d’’avoir été complices de celui-ci.
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