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Face a l’Echec de John Kerry –
Boycott-Devinstissement-Sanctions !

Pendant quelques jours j’y ai cru: comment expliquer autrement l’obstination du Secretaire d’Etat americain John Kerry et sa bonne dizaine d’allers-retours entre Washington et Tel Aviv ? Tout semblait cette fois indiquer que l’administration americaine avait vraiment l’intention de faire bouger les choses au Proche Orient et de desembourber les negociations entre Israeliens et Palestiniens. Faire bouger les choses, c’est-à-dire mettre toute la pression necessaire sur un gouvernement israelien qui refuse meme de geler provisoirement la colonisation en Cisjordanie (quant a la decolonisation on a carrement cesse de parler). Le discours du Caire, tenu il y a cinq ans par le President Obama, n’etait donc pas un leurre ?

Combien de fois au cours des 45 dernieres annees a-t-on cru – ou en tout cas voulu nous faire croire – que cette fois-ci c’est la bonne : plan Jaring, plan Rogers, Camp David I, Camp David II, Wye Plantation, Taba et j’en passe ? Mais chaque fois, les gouvernements israeliens, qu’ils soient d’extreme droite ou de centre gauche, ont trouve le moyen pour se derober, certains parce que le Grand Israel est leur ideologie et leur politique, certains parce qu’ils craignaient une fracture dans la societe israelienne (« on veut mais on peut pas »).

Si le Secretaire d’Etat americain a fait tant d’efforts, alors que siege a Tel Aviv le gouvernement les plus fanatiquement de droite qu’Israel ait jamais connu, c’est donc qu’Obama avait decide de se lancer dans une partie de bras de fer avec le trio Netanyahou, Yaalon, Benett. Une sorte de revanche au camouflet subi apres le discours du Caire, mais surtout, une reponse indispensable pour la puissance etats-unienne aux boulversements que vit le Moyen Orient et a la presence nouvelle et agressive d’autres puissances dans cette region, particulierement la Russie et la Chine.

Et pourtant, le gouvernement israelien a, une fois de plus, ose dire non a son allie strategique, et Kerry revient a Washington la queue entre les jambes. La methode utilisee par Netanyahou na pas ete elegante : il a tout simplement exige de Mahmoud Abbas qu’il reconnaisse non pas l’Etat d’Israel – chose faite par Yasser Arafat des 1993 – mais l’Etat d’Israel comme « Etat du Peuple Juif ». Revendication inedite dans l’histoire de la diplomatie internationale, et totalement anti-democratique car la definition de la nature d’un Etat est le privilege du seul souverain de cet Etat, en l’occurrence les citoyens israeliens.

Netanyahou savait pertinemment que Mahmoud Abbas ne pouvait accepter cette precondition et que le Plan Kerry allait donc rejoindre dans les poubelles de l’histoire toutes les autres initiatives de paix israélo-palestiniennes. Pour etre certains du resultat, les autorites israeliennes annoncaient en outre la construction de plusieurs centaines de nouveaux immeubles dans les colonies de Cisjordanie et de Jerusalem. Mission accomplie, et a Tel Aviv on peut respirer plus librement.

Le droit international n’a aucun impact sur les dirigeants israeliens, les resolutions de l’ONU pas plus. Les conseils des plus proches amis de l’Etat hebreu se heurtent a une fin de non recevoir et leurs interets strategiques ignores par Netanyahou et ses ministres. Quant aux accords signes par les gouvernements précédents, ils sont foulés aux pieds. Que reste-t-il alors pour faire lacher prise a l’Etat voyou israelien et imposer le Droit pour realiser les droits du peuple palestinien?

La reponse a cette question est la, devant nos yeux, et se decline en trois lettres : BDS. Lancee par la societe civile palestinienne il y aura bientôt 10 ans, la campagne international Boycott-Desinvestrissement-Sanctions est venue palier a l’absence de volonte de la communaute internationale de prendre les mesures necessaires pour imposer a l’Etat d’Israel de respecter le droit international dans ses relations avec le peuple palestinien. Inspiree par l’exemple sud-africain, cette campagne a pour objectif d’imposer des sanctions internationales, politiques, economiques et culturelles, a l’Etat d’Israel tant que celui-ci refusera de se soumettre aux regles du droit international, par des pressions sur les decisionnaires politiques et des actions de boycott citoyen.

Au cours de l’annee passee, la campagne BDS a fait un bond qualitatif en avant, les actions miltantes et citoyennes etant relayees par de grandes corporations (la plus grande banque danoise, le second fond de pension neerlandais, la compagnie des eaux neerlandaise etc) et des organisations de masse, comme la confederation etudiante etats-unienne.

Selon des sources proches de la Maison Blanche, le President Obama aurait, face a la politique de refus israelienne, decide de se desengager du processus de paix au Proche Orient et de concentrer l’essentiel de sa politique etrangere en Extreme Orient. Les illusions partagee par certains dirigeants palestiniens sur d’eventuelles pressions americaines vont donc devoir faire place a une nouvelle reflexion strategique de leur part. Mais il y a urgence. D’où l’importance d’une forte pression citoyenne qui doit avoir pour objectif de faire bouger les instances internationales et les pousser a user des sanctions que leur autorise le droit international pour qu’enfin justice soit faite au peuple palestinien.

Publie dans Politis, Avril 2014