Bisphénol
Alors que les scientifiques pensaient jusqu’ici que les récepteurs des oestrogènes étaient les cibles principales du bisphénol A (BPA) – un perturbateur endocrinien -, une équipe de chercheurs de l’Institut de génomique fonctionnelle et de l’Ecole nationale supérieure (ENS) de Lyon a démontré sur un modèle animal qu’un autre récepteur joue un rôle beaucoup plus large sur le métabolisme, en provoquant ou aggravant des maladies comme l’obésité ou le diabète. Ces résultats viennent d’être publiés dans la revue américaine Faseb Journal.
Le récepteur ERRg
“Nous avons découvert que le récepteur ERRg (g pour gamma) avait une affinité 1.000 fois plus forte pour le BPA que les récepteurs des oestrogènes” relève Vincent Laudet, auteur principal de l’étude. Le rôle du récepteur ERRg a été identifié en travaillant sur des poissons-zèbres.
Le bisphénol A est l’un des perturbateurs endocriniens les plus étudiés car on le trouve dans de nombreux contenants alimentaires, mais également sur des tickets de cartes bleues ou de caisse électronique ou encore dans certaines résines dentaires. On sait depuis plusieurs années que l’exposition au BPA peut entraîner des malformations ou des dysfonctionnements des organes reproducteurs, un effet que les scientifiques lient à la capacité du BPA d’agir sur les récepteurs des oestrogènes.
D’autres études plus récentes effectuées sur des souris avaient déjà montré que le BPA pouvait affecter d’autres organes. Pour Vincent Laudet, ces résultats “suggèrent qu’il faut réévaluer l’impact du BPA sur la santé humaine en élargissant son spectre d’action depuis les effets reproducteurs jusqu’aux effets développementaux et métaboliques”. Et qu’il convient aussi de “rediscuter de la dose journalière admissible du composé puisqu’une dose beaucoup plus faible permet d’activer le récepteur ERRg”.
Le BPA sous haute surveillance
Le BPA est interdit dans les biberons depuis janvier 2011 dans l’UE. En janvier, l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) a indiqué que les seuils tolérés pour l’exposition au BPA – actuellement de l’ordre de 50 µg par kg de poids corporel par jour – devraient être divisés par dix à l’avenir, sur fond d’inquiétude croissante des consommateurs et des autorités nationales, notamment françaises, envers cette substance. La France est allée plus loin: après avoir étendu en 2013 cette interdiction à tous les contenants alimentaires destinés aux enfants de 0 à 3 ans, elle prévoit de l’appliquer à tous les contenants alimentaires à partir de juillet 2015. L’Europe pourrait prendre de nouvelles décisions en mai.
Source : Legeneraliste.fr
http://www.legeneraliste.fr/actualites/article/2014/04/23/le-bisphenol-a-perturbateur-metabolique-_241131
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