Pas lu, pas vu, pas entendu dans les médias:

CRA Geispolsheim 18 février 2010 13h40 f2cphoto

Deux membres de RESF 67 se sont rendus hier après-midi au CRA de Geispolsheim.

Vers 13 h, une vingtaine de “retenus” se trouvaient dans la cour.

Plusieurs d’entre eux, musulmans, ont étalé des cartons sur le sol pour faire la prière.

Ils se plaignent de leur enfermement, en attente d’expulsion.

Samedi dernier, il semble qu’il y ait eu des mouvements divers dont déjà une menace de grève de la faim. L’administration préfectorale ne prévoit pas en effet de repas halal. Selon un responsable des gendarmes, les plateaux repas sont présentés en séparant la vainde du reste, ce qui permet de laisser la viande non halal. Mais qu’en est-il dans ce cas de létat de santé des “retenus” qui peuvent y rester jusqu’à 32 jours en tout, durée que le sinistre Besson veut rallonger à 45 jours.

A 14h, nous nous sommes rendus auprès de Baligh Kais, ce jeune travailleur tunisien enfermé depuis plus d’une semaine maintenant, dont le TA a refusé de casser l’arrêté d’expulsion.

Il semble avoir le moral, reçoit des visites, et des appels téléphoniques de son épouse retournée dans l’Essone.

Rappelons que si Baligh devait être expulsé, cela briserait aussi l’existence de sa famille et de son épouse.

Celle-ci est étudiante dans une formation qui n’existe pas en Tunisie dont elle est aussi ressortissante.

Elle est déjà séparée de son mari. Elle risque de perdre son logement et de devoir cesser ses études.

Les mesures d’expulsion, qu’il y ait ou pas des enfants en cause, brisent des vies.

Elles sont inhumaines!

D’autant que trois frères et soeurs sont français et que le père est gravement malade et soigné chez nous, sous oxygène.

Et que dire de l’impunité des employeurs de tous ces travailleurs étrangers sans papiers qui les exploitent, violent les lois françaises et s’en tirent en général sans problème, eux!

On voit bien que ce système de surexploitation de travailleurs étrangers qui ne reçoivent pas de fiches de paie, est de l’intérêt supérieur des patrons capitalistes.

M. Kais est décidé à faire la grève de la faim pour être libéré.

Nous avons eu connaissance du fait que le consulat de Tunisie refuserait en général de délivrer le document nécessaire à la France pour expulser les Tunisiens?

Dans ce cas, pourquoi le Préfet de la Région Alsace retient-il encore M. Kais?

Être “retenu” 32 jours, pour rien, est-ce vraiment humain? Une fois libéré, pourra-t-il exiger des dommages et intérêts?

En tout cas, bien moins humain que Baligh Kais qui se préoccupe de la situation du Marocain (résidant en Suisse) interpellé en même temps que lui, ainsi que de celle de tous les autres “retenus“.

Bien que les médias aient été informés directement, et que France Bleu Alsace ait même réalisé hier après-midi une interview par téléphone, après qu’une journaliste se fut rendue sur place, celle-ci n’est pas passée ce matin sur les ondes.

Il est tellement plus important de parler des radars automobiles!

Dernière minute: l’Agence France Presse vient de prendre des nouvelles. Peut-être un déblocage du silence médiatique en vue?