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Extrait  du programme du FN sur l’Enseignement supérieur : «  l’enseignement supérieur est dispensé par de multiples acteurs, tant publics que privés, dont les statuts sont très variables. Cette diversité est une richesse qu’il faut conserver. Il incombe toutefois à l’Etat de mieux la contrôler, et de faire preuve de davantage de discernement dans l’aide qu’il octroie aux uns et aux autres. Le seul moyen d’y parvenir est de créer un grand service public national de l’enseignement supérieur ». Nous voyons ici que dès les premières lignes de leur programme, le FN met en avant l’idée que la coopération entre privé et public doit se maintenir.

Enseignement Supérieur et Recherche : le FN donne la part belle au Privé !

Cependant, sur ce point là précis du privé, plus rien n’est dit explicitement dans la suite du programme sur l’enseignement supérieur. En clair, le FN s’emploie à brouiller les pistes sur un programme entièrement tourné vers le libéralisme.

Le FN revendique donc un « grand service public national de l’enseignement supérieur » mais qui gérerait et financerait, de fait, des établissements aussi bien privés que publics. La question du service public, pour le FN, n’est donc pas à comprendre d’un point de vue idéologique et dans le cadre de biens communs au service de l’intérêt général mais comme la reprise en main, au sein d’un ‘Etat fort’, de grandes questions stratégiques d’enseignement supérieur, de sa gestion humaine, salariale et de ses bâtiments et donc de formations de ses élites, mais pour des objectifs discutés main dans la main avec le secteur privé. En effet, plus loin, il est précisé : « Encourager la structuration de la recherche en réseaux pour développer des synergies, tout en donnant à chaque laboratoire de recherche reconnu par l’Etat les moyens de travailler efficacement. »

Mais quels seront donc ces laboratoires de recherche ‘reconnus par l’Etat’ ? Des éléments de réponse sont clairement énoncés dans la partie ‘Recherche’ du programme du FN : «  l’effort de recherche nous semble devoir être porté sur des secteurs-clefs pour la compétitivité de l’économie et de l’industrie française » Puis, dans la même logique : «  le doctorat ne forme quasiment qu’aux carrières universitaires et de recherche et n’irrigue pas suffisamment la vie professionnelle dans le secteur privé ? ».

Par ailleurs, le FN parle de son programme de « grand service public national de l’Enseignement supérieur » mais oublie volontairement d’y accoler ‘et de la Recherche’ en revendiquant plus loin d’ « encourager la structuration de la Recherche en réseaux » ! Scinder l’Enseignement Supérieur de la Recherche est une logique déjà bien à l’œuvre, certes, mais nous voyons une grande contradiction, et surtout le double discours du FN sur ces questions !

En effet, le FN revendique dans son programme, d’un côté la remise en cause des lois LRU et de la régionalisation, mais d’un autre souhaite « généraliser le regroupement des universités en pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) ». Rappelons que les PRES, instaurés sous les présidences Chirac et Sarkozy depuis 2006, et contre lesquels la quasi totalité des organisations syndicales se sont battues, avaient justement été lancées pour faire éclater le cadre national et public de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Il est donc difficile de cerner les véritables objectifs du FN en terme d’Enseignement supérieur et de la Recherche, bien que les seuls éléments clairement énoncés sont la place du privé dans le dispositif de Recherche, combiné à une reprise en man nationale de l’Enseignement Supérieur, au sein d’un ‘Etat fort’ avec objectifs de rentabilité et au service d’une économie d’industrie. Cet ‘Etat fort’, selon le FN, sera le « fer de lance de la réindustrialisation de la France, avec la mise en place d’une Planification Stratégique de la réindustrialisation directement rattachée au Premier ministre, associant établissements universitaires et grandes écoles, filières industrielles et représentants de l’Etat. Elle organisera la réindustrialisation de la France. »

Il est fort à craindre que les filières universitaires de Recherche et d’Enseignement relevant de la Culture, du Social, des Arts etc. seront complètement délaissées au profit unique des filières dites ‘productives’.

Face à la crise et au libéralisme, les « solutions » du FN sont un leurre dangereux !

Le FN, contrairement à la façon dont il se présente, n’est donc aucunement ‘anti-système’. Il est au contraire au service des entreprises et industries capitalistes et souhaite la mise en place d’un ‘Etat fort’, avec des fonctionnaires aux ordres pour appliquer sa politique libérale, raciste, xénophobe, sexiste et liberticide !

L’accélération des politiques d’austérité a généré une aggravation du chômage, un développement des inégalités sociales, de la précarité, de la pauvreté et de l’exclusion. Face à l’Europe et à la mondialisation libérales, contraires aux intérêts des salarié-e-s et aux besoins sociaux fondamentaux, les réponses protectionnistes du FN ne visent qu’à protéger le capitalisme national sans s’attaquer à l’antagonisme capital / travail et à la financiarisation de l’économie. Contrairement au FN, nous revendiquons un monde où les solidarités internationales priment en termes économiques, politiques et sociales.

Depuis quelques années et l’arrivée de Marine Le Pen à sa tête, le Front national essaie de banaliser son image. Mais derrière cette façade, détournant à ses fins électoralistes certaines revendications du mouvement social, le FN reste un parti nationaliste, xénophobe, sexiste et raciste comme le montre, par exemple, le volet ‘logement’ de son programme sur l’Enseignement supérieur : « L’Etat y remédiera en engageant une politique volontariste de construction et en accordant une priorité d’accès à ces logements aux étudiants français ». Il agit de concert avec la nébuleuse de l’extrême droite française actuellement à l’offensive (des manifestations réactionnaires et homophobes, en passant par les violences racistes de groupuscules, jusqu’au duo antisémite Dieudonné-Soral). C’est un piège dans le quel les salarié-e-s ne peuvent tomber …

La volonté de combattre ou de subvertir le syndicalisme ouvrier a toujours été un enjeu décisif pour les organisations d’extrême droite et du patronat. Le Rassemblement Bleu Marine reprend à son compte cette vieille stratégie tout en se parant d’atouts nouveaux pour mieux faire oublier sa nature réelle. Contre les idées de régression sociale, de division et de haines portées par les partis fascisants et jugés tels, la CGT s’appuie sur une longue tradition de luttes antifascistes. Hier comme aujourd‘hui elle ne baisse pas la garde. Si le FN n’a pas changé, on ne peut guère dire de même de son discours qui veut désormais séduire les couches populaires et la classe moyenne précarisée. En matière économique, c’est même un véritable tête-à-queue doctrinal qu’a effectué le FN. Ce qui n’empêche pas les sorties de route et qui dissimule mal un fond immuable : la défense et l’illustration d’un capitalisme national, protectionniste et xénophobe.

La mondialisation libérale a été voulue et organisée par les grands groupes français et multinationaux. N’en déplaise ou Front national, la ligne de partage est bien toujours entre salarié-e-s et employeurs et non entre salrié-e-s d’ici et d’ailleurs.

Le Syndicat CGT des personnels de l’Université d’Aix Marseille

Vous pouvez retrouver ce texte, et bien d’autres, sur le site de VISA 13