Quand on crée le “problème”…
La crise économique fait des ravages, les tensions sociales s’accentuent et les conflits sociaux couvent. Afin de désamorcer la situation, la classe dominante dans son ensemble a décidé de se trouver une cible pour détourner une légitime colère. Une toute petite minorité, qui puisse être jetée en pâture à des classes populaires exsangues.
Pas besoin de faire preuve de beaucoup d’imagination, il suffit de piocher dans les livres d’histoires et de refaire le coup du « gitan » qui serait responsable des nuisances rendant la vie impossible aux populations vivant sur le territoire hexagonal.
Si on examine froidement les faits, on a du mal à comprendre comment 20 000 personnes vivant dans des conditions de vie plus que précaires peuvent représenter un fardeau pour l’économie d’un pays de près de 66 millions d’habitants.
Ce personnes ne peuvent pas être tenues pour responsables des fermetures d’usines, du repli des services publics, du malaise général et des discriminations.
Il est donc étonnant que les Rroms puissent se retrouver aux avant-postes de la vie politique et médiatique de ces derniers mois en tant que « problème » prioritaire.
Tout d’abord, il faut convenir que le fait de s’attaquer aux Rroms (démunis parmi les démunis) conforte l’idéologie dominante qui confond volontairement faire la guerre aux pauvres et combattre la pauvreté.
Il est facile d’affirmer qu’ils sont une nuisance pour toutes les classes car ils viennent faire la manche dans les transports, à la sortie des centres commerciaux, et que cette action est assimilée aujourd’hui à du harcèlement.
Ensuite, si les Rroms se promènent un peu dans tous les secteurs, ils ne vont pas s’installer dans les beaux quartiers ou en centre-ville.
Les frictions qui peuvent avoir lieu entre les habitants d’un quartier et les Rroms tentant de survivre par n’importe quel moyen sont inévitables. Les budgets et les structures pouvant aider à l’accueil de ces populations sont réduites à néant. Le problème du logement est tel que la simple idée d’être mis en concurrence avec des individus réduits à des situations plus précaires encore et donc prioritaires rend certains agressifs.
Aucune solution économique ni aucun changement de société n’est proposé, dans ce contexte de récession la seule possibilité pour conserver un niveau de vie décent ou grimper dans la hiérarchie sociale consiste à sacrifier autrui. Les Rroms sont le groupe le plus faible économiquement et ils sont peu nombreux : ils font l’unanimité contre eux.
De Manuel Valls et nombres d’élus PS unis à la quasi-intégralité de l’UMP jusqu’au Front National (et même plus à droite), on nous propose de nous défouler sur les Rroms: on a trouvé pire que les « musulman-e-s » ou les «descendants d’esclaves » à fustiger en ces temps de crise.
Ces responsables politiques espèrent que les gens se rassemblent autour de la bannière de « l’intégration » et déchargent leur colère sur Rroms qui eux, ne peuvent être intégrés.
Il n’est pas question de faire changer le système, ni de combattre les injustices ou de défendre des valeurs « républicaines », il s’agit de faire diversion en se servant du racisme pour souder la quasi-totalité de la population vivant en France et lui faire oublier sa réelle exploitation.
La haine du Rrom, c’est le plus petit dénominateur commun que les gestionnaires politiques et médiatiques ont trouvé pour tenter d’obtenir la complicité des classes populaires et principalement les populations issues de l’immigration dans l’adhésion à la logique de l’oppression du plus faible.
Si ça passe pour les Rroms, ça passera pour les autres parce que la mécanique aura été adoptée et validée par l’ensemble de la société.
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Rappel des faits du 16 juin 2014:
Un adolescent Rom lynché vendredi 13 juin par une douzaine de personnes qui le soupçonnaient de cambriolage dans une cité de Seine-Saint-Denis se trouvait toujours dans le coma lundi, a indiqué une source policière.
Le jeune âgé de 16 ans, qui vivait dans un bidonville de la commune de Pierrefitte-sur-Seine (93), a été retrouvé inconscient, vendredi vers 23 h 30, dans un chariot de supermarché abandonné sur la Nationale 1, près de la cité des Poètes. L’enquête a été confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis. Lundi soir, personne n’avait encore été interpellé.
SÉQUESTRÉ DANS UNE CAVE
Selon les premiers éléments de l’enquête, le jeune homme aurait été roué de coups par des habitants qui le soupçonnaient d’avoir cambriolé quelques heures plus tôt l’appartement d’une habitante de la cité. « Un groupe de plusieurs personnes est venu le chercher dans le campement et l’a emmené de force », a raconté une source policière.
L’adolescent aurait alors été séquestré dans une cave, où ses agresseurs l’auraient violemment frappé. Selon une source proche de l’affaire, « une douzaine de personnes » auraient participé à ce lynchage. C’est la mère de l’adolescent qui a prévenu la police pour signaler l’enlèvement de son fils.
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