Réflexions sur le racisme anti-roms et son déni
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28 juin 2014
Comment expliquer que l’affaire Ilan Halimi et le lynchage de Pierrefitte ne soient pas mis en parallèle ? À défaut de sonder les intentions, on peut constater l’effet : empêcher que l’antisémitisme des « barbares » en 2006 n’oblige à penser la romaphobie de ceux de 2014.
Mardi 17 juin, quatre jours après le lynchage d’un Rom de 16 ans venu de Roumanie retrouver sa famille, et au lendemain de sa médiatisation, « le président de la République exprime son indignation » :
« ces actes sont innommables et injustifiables. Ils heurtent tous les principes sur lesquels notre République est fondée. »
Mais de quels principes s’agit-il ? Comme le relève le New York Times, François Hollande ne qualifie pas l’agression de « crime raciste » (hate crime). De fait, dans son communiqué, comme dans les déclarations du ministre de l’Intérieur et du Premier ministre, le même jour, le mot « Rom » n’apparaît jamais, non plus que la nationalité de la victime ; il n’est question que d’un « jeune adolescent ».
S’agirait-il d’un simple fait divers ? La procureure de la République de Bobigny y insiste :
« ce drame n’est pas réductible à un antagonisme entre deux communautés ».
En effet, « le mobile », « c’est la vengeance privée », après un cambriolage dont l’adolescent serait « l’auteur désigné par la rumeur ». Ces propos sont ainsi résumés :
« La procureure de la République l’a répété : l’agression ultra-violente du jeune Darius n’a a priori rien à voir avec ses origines roms ».
Mais les Roms ne sont-ils pas victimes de rumeurs, avant de l’être d’agressions ? Il suffit de songer aux déclarations de Michel Fourcade, maire PS de Pierrefitte-sur-Seine, manifestant d’emblée sa compréhension pour des « populations excédées » confrontées à un garçon qui aurait été interpellé à plusieurs reprises en juin et à des cambriolages qui se seraient multipliés depuis l’arrivée des Roms… Au mépris de toute présomption d’innocence, ceux-ci ne sont-ils pas présumés coupables, à la fois individuellement et collectivement, et persécutés en conséquence ? Les auteurs du crime auraient d’ailleurs « menacé de brûler le campement » tout entier.
Reste qu’à la différence des responsables politiques, la procureure reprend le terme utilisé par les médias :« lynchage ». Le langage trahit ainsi une vérité qu’on voudrait nier : et s’il s’agissait de racisme ? D’ailleurs, la presse étrangère n’a pas ces pudeurs. En Suisse, Le Matin titre sans ambiguïté :
« Son seul tort ? Être rom ».
La suite : http://lmsi.net/D-Ilan-a-Darius
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