gaza manif Paris Barbès
Il y a quelques jours Valls en appelait aux “socialistes” affligés et autres mols renacleurs d’austérité sur le thème :”la gauche va mourir!”
Le pauvre n’avait pas remarqué qu’elle était déjà morte, mais pas encore enterrée. Et même la dite “gauche de la gauche”…

Ce que les camarades décrivent ci-dessous, dans un mail envoyé à l’UJFP, ressemble furieusement à ce qui se passe ici en Alsace, où tout dernièrement, on a pu constater la présence quasi groupusculaire des gauches, depuis le Front de gauche jusqu’au NPA, comparée à la formidable vague de la jeunesse non souchienne même s’ils sont nés en fRance, de parents ou de grands-parents nés ailleurs, dans “nos” ex-colonies, par exemple.

Il y a probablement plusieurs causes à cette situation inédite, qui remonte au moins aux années Mitterrand, après le “tournant de la rigueur”, et se prolonge et s’aggrave sous tous les présidents.

L’une d’elle tient à l’évidence à l’islamophobie galopante qui frappe tous les courants politiques depuis des années, du FN au NPA en passant par l’UMP, le centre et le PS. Cette haine de l’Islam laisse en jachère des centaines de milliers de personnes, exclues du champ politique franchouillard, et les renvoie vers une identité politico-religieuse.

Et on assiste en quelque sorte, à l’occasion des fortes et réjouissantes mobilisations en défense du peuple palestinien et de Gaza en particulier, au retour du refoulé.

JCM 15 juillet 2014

De la défection pure

Dans notre précédent e-mail relatif au brûlant sujet qui nous occupe (les bombardements sur la Palestine et l’allégeance du Pdt Hollande aux tortionnaires) nous avons opposé à La France majuscule, celle du foot et du pipeau, c’est-à-dire à la France d’Hollande et au subséquent pro-sionisme qu’il professe, notre France coextensive à ce qu’on a coutume d’appeler la Gauche, notion tellement élastique qu’il est devenu difficile de s’y fier sans risque majeur d’erreur. On a coutume d’en fixer le spectre via les CGT, SUD, CNT, FO, NPA, Lutte ouvrière, PCF, Parti de Gauche, anars et autres assos qui constituent le mouvement social, ainsi que, par abus de langage et de loin en loin, le PS.

http://youtu.be/3CyRlbxdgRM

Or ce que nous avons découvert lors de notre fort éloquente manifestation de soutien au peuple martyr de Palestine et à sa cause c’est que notre France, et présentement notre Gauche, était constituée à 98 % de gens d’origine maghrébine dont beaucoup de jeunes et notamment de jeunes femmes. Où donc étaient passés les gens d’origine non maghrébine ?

Militants « de souche » : 2 % du corps des manifestants, le vieil internationalisme prolétarien n’interpelant manifestement plus ni étudiants ni classe ouvrière. Statistiquement parlant, les camarades étaient majoritairement aux abonnés absents. Même avec un bonus de 3 % accordé aux absences inévitables (empêchements, vacances, vieillissement, camarde, etc.) les faits sont là : dans une manifestation anti-impérialiste (et antigénocidaire, pour reprendre le mot de Mahmoud Abbas), des bataillons de militants « de souche » que nous avons été, nous n’en comptâmes plus que 5 %. Et brutalement nous nous sommes dit qu’il y avait un impensé à l’endroit de la lutte des classes en congés.

http://youtu.be/ydvxUDDcak4

Le glissement de terrain n’est pas qu’électoral mais plus fondamentalement militant, il concerne la gauche de la gauche que dans un grand élan de négligente utopie nous avons continué d’appeler gauche. La droite qui se fait appeler gauche, la droite qui a subtilisé ce mot pour patiemment expurger ce qu’il en était de sa signification essentielle, a achevé de liquider la perspective d’une juste transformation sociale. S’il ne nous intéresse pas d’attendre le déluge pour récupérer le sens premier d’un mot désormais obsolète, il nous faut bien avouer avoir reçu comme un coup au plexus cette radiographie de la contestation en 2014.

Combien parmi les jeunes gens qui ont manifesté trouveront la possibilité objective de dépasser le stade de la solidarité spontanée pour s’organiser ? Combien parmi eux trouveront des cadres pour ce faire ? C’est que cette jeunesse n’a pas les arrières assurés de la petite bourgeoisie avant-gardiste d’il y a cinquante ans. Quoique forte de plusieurs milliers d’âmes, il faut craindre qu’elle soit seule elle aussi.

Nous vous saluons amiteusement
René Guy Faddin, Adrienne G. Dufy, Freddy E. Auning, Achab-Jonas Zorba de la Mancha,
Efendi Durganÿ, Zerbin Buler, Zarbi le Ch’ti, Blitzkrieg Jojo, Dany Degreufin, Gary D. Finenude,
Gufrey de Dinan, Ruben Librèz, Dan & Fred Vigny, Guy Ferdinande et Rumour, tous ensemble.