Une camarade de l’UJFP de l’Ardèche très proche du chanteur décédé nous a communiqué ce courrier de Jean Ferrat (Tenenbaum) adressé à un Juif qui ne voulait pas savoir que le génocide n’a pas concerné que les Juifs.

/Antraigues, le 24 février 2005 /
/Monsieur,
Je viens de prendre connaissance de votre interview publiée par « Nouvelles d’Arménie Magazine » de janvier 2005 et ne saurais rester sans réagir à vos déclarations me concernant et concernant aussi ma chanson : « Nuit et brouillard », car c’est la première fois depuis 42 ans qu’elle suscite une réaction de cette nature. C’est la première fois qu’on me reproche, en définitive, de n’avoir pas parlé uniquement de l’extermination des juifs. Vous osez le faire. J’ai envie de dire : « Tant pis pour vous », mais je vous rappelle que justement, « Nuit et brouillard » est dédié à toutes les victimes des camps d’extermination nazis quelles que soient leurs religions et leurs origines, à tous ceux qui croyaient au ciel ou n’y croyaient pas et bien sûr, à tous ceux qui résistèrent à la barbarie et en payèrent le prix.
Que vous puissiez justement, faire un compte dérisoire en regrettant que : « Le seul moment ou l’identité juive apparaît est dans Samuel et Jéhovah » me paraît particulièrement indigne. Je ne puis également accepter vos interprétations tendancieuses qui concernent les résistants que je célèbre et qui seraient, d’après vous, : « essentiellement communistes ». Je passe sur l’évocation de « Vishnou » que je n’aurais utilisé que pour la rime alors qu’il symbolisait pour moi toutes les autres croyances possibles.
Si j’avais aujourd’hui à regretter quelque chose, c’est de n’avoir pas cité les autres victimes innocentes des nazis, les handicapés, les homosexuels et les Tsiganes. Mais il est temps, à présent, d’en venir à votre affirmation finale : « Aujourd’hui, un tel texte (vous parlez, bien entendu, de « Nuit et brouillard ») serait attaqué pour négationnisme implicite ».
Je me demande par quelle dérive de la pensée on peut en arriver là, et si vos propos ne relèvent pas simplement de la psychiatrie.
Jean Ferrat . /