Je m’appelle Valentin, j’ai 17 ans et je suis pacifiste.
Nous nous sommes tous réunis comme prévu à 14 Place Jean Jaurès pour la manifestation. Nous avions appris la veille au soir -via les médias !- qu’elle était interdite. Après avoir observé une minute de silence à la mémoire de Rémi, nous nous sommes concertés afin de savoir ce que l’on allait entreprendre. Un membre du NPA a négocié avec la police et 30 minutes après, il nous a appris que la police -via le Préfet- nous proposait un nouveau parcours : traverser les allées Jean Jaurès.
Premier piège de la journée mais nous ne le savions pas encore. Dans une ambiance bonne enfant, la manifestation avançait dans la Boulevard Jean Jaurès, encadrée par des policiers.
Second piège. Et tout à coup, en plein milieu du boulevard, des camions anti-émeute (avec de grandes grilles devant le capot) arrivent et bloquent la manif au milieu du boulevard. Étonnés, on voit une masse de CRS avancer en même temps que les camions vers nous. Alors que nous étions autorisés à traverser le boulevard. C’est là que le piège s’est refermé sur nous : nous nous sommes aperçus que nous étions totalement encerclés : les CRS et les GM bloquaient le boulevard derrière, devant et sur les côtés. Impossible donc d’en sortir. Alors on s’est tous couchés par terre en signe d’indignation et de non-violence.
Et là c’est le drame : les CRS lancent une sommation pour que l’on se disperse (alors que le boulevard était ENCERCLÉ et que l’on ne pouvait PAS partir). Puis ils chargent sur les manifestants couchés en première ligne : gaz lacrymogènes en pleine face, grenades assourdissantes, coups de pieds, coups de matraques. Nous sommes tous restés couchés en se tenant les uns les autres mais la douleur était telle que tout le monde a fini par partir en courant petit à petit. Pour ma part, j’étais couché devant, en première ligne. J’ai reçu coups de pieds, de matraque, de bouclier, et je ne sais combien de gaz dirigés vers le sol par les CRS. Je suffoquais tellement qu’au bout de 5 minutes j’ai dû sortir en courant. La jeune fille à côté de moi est restée 30 secondes de plus et un CRS lui a attrapé la tête par les cheveux afin de la gazer en plein visage.
Pour ma part j’ai couru pour me réfugier loin des gaz dans un coin du boulevard. J’ai observé une super solidarité car des gens me croisaient et me donnaient du sérum pour les yeux. Au bout de 10 minutes ça allait (un peu mieux), j’avais encore les yeux qui pleuraient mais je suis revenu sur les lieux. Et là j’ai vu une scène de massacre : des policiers frappaient des manifestants partout, c’était la chasse, le boulevard était bloqué et personne ne pouvait s’enfuir. J’étais hors de moi et j’ai commis une erreur : je me suis avancé vers un chef des CRS et je lui ai dit toute ma colère, sans violence mais avec beaucoup d’entrain dans ma voix. Il m’a poussé, et j’ai vu son regard vide, sans âme, une seconde. Puis il a levé son aérosol et m’a gazé au visage, j’étais en face de lui, à 3 cm de son visage. Puis j’ai entendu des gens lui crier dessus et je suis parti car j’avais vraiment mal, j’avais du gaz partout, nez, bouche, yeux, oreilles, cheveux, vêtements… La peau me brûlait, je n’y voyais rien, je me suis effondré.
Heureusement des gens m’ont attrapé et m’ont porté jusqu’à chez eux pour que je me rince le visage. La douleur était telle que je voulais qu’on m’assomme ! Sur le chemin j’ai observé une magnifique solidarité car tout le monde me proposait du Maalox, du sérum pour les yeux, à manger, à boire… J’étais complètement sonné par la douleur. On a voulu sortir du boulevard mais impossible, j’ai dit que je voulais me soigner, que je ne pouvais plus respirer, et la réponse que l’on a eu c’est : “bien fait pour vous, vous y étiez c’est que vous le méritez, vous y restez maintenant”. On a mis une bonne demi-heure à atteindre l’appartement de ceux qui m’ont aidé en passant par des rues dérobées. J’ai mis au moins 45 minutes à m’en remettre. Hier soir en rentrant chez moi j’ai voulu me doucher mais tous les gaz qui étaient restés dans mes cheveux ont dégouliné sur mon corps et ça m’a horriblement brûlé. La personne qui est venue me chercher à Toulouse avait même du mal à respirer et toussait dans la voiture car j’avais plein de gaz sur moi, on a dû s’arrêter plusieurs fois au milieu de l’autoroute pour aérer la voiture car il ne pouvait pas conduire !
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Face à la violence policiére, restons soudés !
Samedi 8 novembre à Toulouse a eu lieu une manifestation contre toutes les violences policières et pour l’abandon du projet de barrage à Sivens. Malgré l’interdiction au peuple de s’exprimer par la préfecture, plus de 1000 personnes ont manifesté leur rage dans la journée. Avant même que la manifestation commence les provocations de la part de l’État avaient déjà commencé : en plus de l’interdiction formelle de manifester et le matraquage médiatique sur les risques encourus, les manifestant-e-s ont été outrés par la présence policière disproportionnée et par les fouilles systématiques dans le centre de Toulouse pour chaque personne qui ne semblait pas rentrer dans une certaine « norme ».
Dans un premier temps les manifestant-e-s se sont rassemblés devant le métro Jean Jaurès. Très nombreux, ils ont pu partager des moments de discussions avec les passant-e-s intrigués par la grande quantité de flics mobilisés.
Plus tard, les forces de l’ordre annoncent que les manifestant-e-s ne pourront pas suivre le parcours qui avait été déposé en préfecture mais qu’ils peuvent rejoindre la médiathèque par les allées Jean Jaurès. Les manifestant-e-s partent et sont finalement complètement encerclés, deux nasses sont installées de part en part de l’allée et toutes les rues alentours sont bloquées par des CRS.
Un seul but, éloigner tout le monde du centre ville et pouvoir réprimer loin de la vue des passant-e-s, cacher l’injustice.
Tout était prévu, en témoigne une phrase prononcée par un Gendarme Mobile qui crie à des passant-e-s : « Ne montez pas, ça sert à rien, on envoie les lacrymos dans 5 minutes ».
Le gazage massif qui s’en est suivi n’était pas une réponse à quelque violence que ce soit, seulement une stratégie des forces de l’ordre pour mieux tenter de faire taire ceux qui osent lever la tête et exprimer leur rage justifiée. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que lors des deux dernières manifestations ce sont les Gendarmes Mobiles qui étaient en première ligne. Ce corps de l’armée pourtant habituellement absent sur Toulouse est celui qui est responsable de la mort de Rémi. L’assassin de Rémi était probablement présent dans les rues de Toulouse ce samedi.
A ces provocations il ne faut pas s’étonner que certains manifestant-e-s aient répliqué avec rage.
Les flics n’ont pas hésité à réprimer à coups de matraque télescopique, de gaz irritant et de grenades assourdissantes sur les allées et dans toutes les rues voisines.
Les toulousain-e-s auront subi toute la journée la sournoiserie de l’État et de son représentant direct, la Préfecture. Les forces de l’ordre auront bouclé le centre ville inutilement. Les métros auront été fermé très longuement.
Pour assurer la sécurité ? Absolument pas, un seul but : criminaliser l’image des manifestant-e-s.
Encore une fois les médias n’auront traité que ce qui les intéresse, le spectaculaire et le futile sans accorder une seule seconde aux raisons qui nous mènent à braver les interdictions.
La déformation de la réalité aura été au rendez-vous : de nombreux médias on parlé d’une voiture incendiée au cocktail molotov alors qu’elle a semblerait il pris feu à cause d’une grenade lancée par les forces de l’ordre. Ceux que les médias appellent « casseurs » ne sont pas là pour attaquer le peuple, ils sont le peuple.
Bravo à tous ceux et celles qui ont manifesté.
Solidarité avec tou-t-e-s les interpellé-e-s.
Face aux violences policières restons soudé-e-s !
Police Nationale, milice du Capital !
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