L’antiracisme ne se réduit pas à un combat contre le racisme individuel à l’occasion de « dérapages » qui se multiplient effectivement. Ce serait minimiser la réalité du racisme systémique, c’est-à-dire, au-delà des idéologies racistes, des discriminations au quotidien, mais aussi occulter le rôle du racisme institutionnel.

Le traitement étatique et municipal des populations rroms en est l’illustration la plus brutale. Nous sommes bien en présence d’une « politique de la race » : on assigne les Rroms à une différence supposément culturelle pour justifier en retour de les traiter de manière discriminatoire.

Mais les politiques de racialisation concernent pareillement d’autres catégories de la population. C’est le cas depuis longtemps avec l’injonction d’intégration adressée aux descendants de l’immigration postcoloniale, comme si certains Français devaient éternellement faire la preuve de leur « identité nationale ». C’est aussi le cas avec le déchaînement d’islamophobie qui s’autorise de la laïcité pour jeter une suspicion a priori sur les musulmans tout en récusant le terme même d’islamophobie.

La politique de la race qui vise les Rroms est donc le révélateur de politiques de racialisation qui font écho à une histoire marquée par l’esclavage, le colonialisme et le nazisme. Mais ce passé rencontre l’actualité d’une France et d’une Europe néolibérales où s’accroissent les inégalités de classes : ces politiques de stigmatisation servent ainsi à en distraire.

Il ne suffit plus de dénoncer les racistes, ni même les partis racistes. Il faut s’en prendre aux politiques de racialisation. Nous refusons d’accepter l’inacceptable, et d’être les complices ou même les témoins de l’organisation politique de la concurrence généralisée entre les victimes d’un même système inégalitaire. Les signataires appellent à une reprise collective de l’initiative.

Il est encore temps, mais il est déjà grand temps.

Pour voir les signatures

http://reprenons.info/

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Le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaire 59/62 soutient l’appel “reprenons l’initiative ! Appel contre les politiques de racialisation” (présenté ci-dessous)
Il appelle ses membres, ses sympathisants et ses amis à le signer massivement et à le faire signer. 
Toutefois l’expérience des dernières décennies nous a appris le matérialisme. Nous ne jugeons pas les personnes par les idées qu’elles se font d’elles même, pourrions-nous dire pour paraphraser Karl Marx.  Nous ne jugeons et ne jugerons que sur les faits et les actes. Notre expérience des alliances de ces dernières décennies nous appris :
– la prégnance de l’antiracisme moral alors que nous avons besoin d’un antiracisme fondamentalement politique,
– la force des processus d’euphémisation conduisant à dévitaliser nos revendications avec en conséquence la production d’un décalage avec les premiers concernés : les victimes du racisme institutionnel et systémique, 
– la reprise par une partie du mouvement antiraciste de logiques de pensées et de thèses qui détruisent nos quartiers populaires, alimentent les discriminations  racistes, diabolisent les femmes portant un foulard, etc. : thèse de l’existence d’un racisme anti-blanc, intégrationnisme, loi sur le foulard, etc.,
– Le positionnement secondaire dans la hiérarchie de l’agenda politique des questions qui constituent notre expérience quotidienne de la domination,
Cette expérience nous pousse à la vigilance car comme le disait si bien Aimé Césaire : “il ne faut pas confondre alliance et subordination. 
Signons massivement l’appel et restons vigilant sur le devenir de l’initiative