Réseau européen des syndicats alternatifs et de base

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Depuis une trentaine d’années, la vallée du Tescou dans le Tarn aiguise l’appétit des services d’aménagement du territoire chargés d’adapter la Nature aux exigences infinies de la croissance.

Ici, il ne s’agit pas d’implanter un aéroport ou une ligne TGV, mais un barrage principalement destiné à l’irrigation du maïs. Ainsi, une poignée d’exploitants agricoles s’enfoncera davantage dans l’impasse d’une maïsiculture polluante, gaspilleuse d’eau et massivement subventionnée. Comme dans tous les grands projets, l’objectif est aussi de produire artificiellement, grâce à l’argent public, de l’activité économique et ce qui va avec : profits privés et conflits d’intérêts.

Face à ce projet de barrage au lieu-dit du Testet, dans la forêt de Sivens, un premier collectif regroupant des associations de défense de l’environnement se forme en 2011. Il dénonce la perte de biodiversité qu’entrainera ce projet de par la destruction de la remarquable zone humide du Testet (plus de 100 espèces protégées), et dépose des recours en justice.

Sans attendre les jugements sur le fond, la préfecture autorise le début du chantier en octobre 2013. Des militant-es regroupé-es au sein d’un second collectif décident alors d’occuper le site. Ils et elles retardent le début des travaux de près d’un an.

Malgré leur détermination, le chantier a finalement commencé le 1er septembre 2014 par le déboisement d’une trentaine d’hectares, effectué sous haute protection militaire. Plutôt que de répondre aux demandes répétées d’expertises indépendantes et de dialogue, portées par les collectifs d’opposants, les décideurs passent en force ce qui donne lieu à de nombreuses violences policières.

Après plusieurs semaines de présence physique face aux gendarmes, d’occupation des arbres, de blessures et arrestations, ce qui était prévisible est arrivé : le 26 octobre, un jeune opposant de 21 ans, Rémi Fraisse, a été assassiné par une grande lancée par la police. Ironie du sort : quelques heures auparavant, le rapport des experts nommés par la ministre de l’Environnement avait donné raison aux opposants au barrage en reprenant la plupart des arguments.

La quasi-coïncidence de ces deux faits porte aussitôt la lutte de Sivens au plan national et même international. Sous le coup de l’émotion, le grand public prend connaissance d’un dossier aux multiples aspects. L’affaire cesse d’être « une petite lutte écologique locale » : elle devient emblématique des dérives de tout un système, mais aussi de nouvelles formes de lutte et de résistance.

Le Réseau européen des syndicats alternatifs et de base, réuni à Toulouse les 15 et 16 novembre 2014, affirme son soutien à la lutte contre le barrage de Sivens.

http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com
http://www.collectif-testet.org/index.php