L’humanité arrive toujours trop tard“.

M. Haenel: il s’est mis dans sa peau (à Jan Karski) pour en faire un pantin au service des Juifs.

Pense-t-on le pire pour les massacres au Darfour?

Sur Quentin Tarantino auteur de Inglourious basterds :

Je ne déteste pas le bonhomme.

J’aime bien sa gueule.

Claude Lanzmann. France Culture 17/03/10

Ce matin, sur France Culture, la voix rauque de Claude Lanzmann, en mission, avant la projection, ce soir, à la télé, de la partie de l’interview de Jan Karski non montée-montrée dans Shoah.

http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/matins/

J’admire Shoah, le film, et l’ayant vu un nombre incalculable de fois, pour lui-même, et pour des raisons pédagogiques, lorsque j’enseignais la philosophie et en proposais la vision aux élèves de Terminales, je n’ai pas changé d’avis, et l’ai revu récemment à la télévision.

Le témoignage de Jan Karski, dans Shoah, quoique prétende aujourd’hui Lanzmann, laisse clairement entendre une critique de la non-intervention des États démocratiques, USA et Grande-Bretagne. Ils n’ont rien fait pour sauver les Juifs du génocide.

Or, ce matin, encore, Lanzmann,tout en évoquant la très tardive extermination de 450 000 juifs grecs, prétend, avec toute sa mauvaise foi, qu’ils ne pouvaient être sauvés même en avril-mai 1944!

L’argument qu’on entend le plus consiste, bizarrement, à dire que l’aviation américaine n’a pas voulu bombarder les camps, pour ne pas causer la mort de ceux qui y étaient détenus et qu’ils devaient sauver de la mort…

Et Lanzmann s’appuie sur des témoignages de pilotes qui l’auraient affirmé.

Mais quid du bombardement des voies ferrés menant aux camps de la mort?

La question n’a pas été posée par les habitués de France Culture ce matin.

On sait que Lanzmann est parti en guerre contre l’écrivain Yannick Haenel qui a eu, selon lui, le front de se glisser, dans la troisième partie de son roman, dans la peau de Jan Karski, pour souligner la responsabilité de Roosevelt et Churchill dans l’abandon des Juifs.

La feuille de chou en a parlé ici.

http://la-feuille-de-chou.fr/?p=830

C’est pour combattre la thèse défendue par Haenel que Lanzmann fait diffuser ce soir l’interview qu’il a réalisée en 1978 avec Jan Karski, et qui, pour des raisons de longueur et ” maintenir la tension dramatique” du film Shoah, a-t-il dit, n’y figurait pas.

Cette seconde journée de l’interview a l’avantage de présenter un Karski pour qui la Pologne, et non les Juifs, est “le centre de mes préoccupations“.

On comprend donc que Lanzmann tienne à renforcer une thèse qui dédouane les USA et la Grande-Bretagne de leurs responsabilités de n’avoir pas sauvé les Juifs quand ces États le pouvaient.

Certes, Lanzmann a raison de faire remarquer que, pendant la seconde guerre mondiale, le sort des populations juives n’étaient pas la priorité des Alliés et qu’il faut éviter un anachronisme rétroactif sur cette question.

Mais l’argument peut se retourner!

S’il est vrai qu’à une époque où l’essentiel, pour les États-Majors militaires et politiques était de vaincre la Wehrmacht sur tous les fronts, les Juifs comptaient peu, cela renforce d’autant plus l’idée qu’ayant été avertis très tôt, par Karski et d’autres, du génocide qui se passait depuis 1942, à l’est de l’Allemagne, ils ont omis de secourir une population civile massacrée en masse qui ne comptait pas dans le rapport de force militaire entre les armées en présence.

Le crime contre l’humanité n’existait pas encore dans leurs têtes. Il a fallu attendre le procès de Nuremberg.

C’est précisément ce retard de compréhension qu’on peut reprocher aux Alliés.

Mais si le concept était à inventer, la réalité de la chose était pourtant là.

En fin de compte, le plus important me semble ce qui n’a été dit par aucun des interlocuteurs de Lanzmann ce matin sur France Culture et qu’on n’a entendu nulle part.

Pourquoi Claude Lanzmann, auteur du si remarquable film, Shoah, ne supporte-t-il pas qu’on pose une question si évidente qu’il a lui-même contribué à faire naître, celle de la responsabilité des Alliés de la seconde guerre mondiale dans le non sauvetage des Juifs?

La réponse semble évidente. Il suffit de se rappeler que Claude Lanzmann n’est pas seulement l’auteur de Shoah.

Il a aussi commis l’abominable Tsahal, à la gloire de l’armée criminelle d’Israël. Et chacun connaît son engagement indéfectible pour cet État voyou hors la loi international qui en ce moment même, poursuivant obstinément le plan sioniste d’épuration ethnique de la population indigène, judaïse Jérusalem-Est.

C’est là qu’il faut chercher la raison de l’obstination de Lanzmann à dédouaner les ex-Alliés d’hier, soutiens indéfectibles de l’État d’Israël jusqu’à ce jour.

Certains font de l’anachronisme en projetant sur le passé le judéo-centrisme et la religion de la Shoah d’aujourd’hui. Claude Lanzmann commet un autre genre d’anachronisme, vers l’avant,en dédouanant dans le même geste, l’Occident d’hier, bien qu’il ne soit pas intervenu pour le sauvetage des Juifs, et l’Occident d’aujourd’hui qui laisse Israël commettre les crimes qu’on sait contre le peuple palestinien.

http://blog.passion-histoire.net/?p=5188

Une première réaction

Je ne sais pas ce que les Alliées auraient pu faire. On peut toujours faire de l’histoire fiction ce qui n’engage à rien.
Par contre Claude Lanzmann fait comme tout bon sioniste, il réécrit l’histoire des Juifs en fonction d’Israël.Ce qui lui importe c’est Israël et comme tout nationaliste juif (mais c’est le cas de tout nationalisme) les Juifs l’intéressent moins que la nation juive représentée par Israël.
Même si le film Shoah est un grand film (je ne l’ai pas vu) et si Claude Lanzmann réalisant Shoah est un homme sincère, il reste d’abord un nationaliste juif.

Que veut-il prouver sur Haenel ? Que l’histoire juive n’appartient qu’aux Juifs, voire aux nationalistes juifs. De quoi se mêle Haenel ?
Cela me rappelle des réactions nationalistes françaises lorsque paraît un ouvrage d’histoire de France écrit par un non-français. Au fond tous les chauvinismes se ressemblent.

Rudolf Bkouche