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http://indigenes-republique.fr/youssef-boussoumah-refoule-de-tunisie-une-honte/

Vive la Tunisie libre, vive le Maghreb uni et démocratique.

Merci à tous nos frères et soeurs tunisiens qui se sont démenés de toutes les manières possibles pour s’opposer à la mesure inique et cynique de refoulement m’ayant frappé, cela me touche beaucoup !

Chères amies et amis Tunisiens je vous remercie toutes et tous de vos mots d’amitié et de solidarité. Mais surtout ne me faites pas l’injure de croire que je pourrais vous croire liés aux héritiers de Ben Ali d’une façon ou d’une autre !
Alors surtout ne vous excusez surtout pas comme vous êtes nombreux à le faire !
Nous nous battons tous pour un Maghreb uni et démocratique. Nos guerres de libération nous ont unis, les luttes pour la démocratie les poursuivent.

Evidemment vous n’êtes en rien responsables de l’héritage d’un dictateur nommé Ben Ali. Je suis triste de n’avoir toujours pas pu aller à la rencontre de tous mes soeurs et frères tunisiens chez eux, d’abord du fait de ces trente ans d’années de plomb mais aussi aujourdhui du fait de cette incroyable mesure que je croyais enterrée. Mais je suis surtout inquiet pour l’extraordinaire rupture, oui on peut le dire cette véritable révolution, initiée par le peuple tunisien. C’est vers lui que vont mes pensées après la victoire de Bousepsi.

Back home à l’instant dans le Paris glauque et froid après 24h dans la zone de transit de l’aéroport Tunis-Carthage. Expulsé ! C’est une bien étrange expérience pour un arabe de se faire expulser d’un pays arabe frère, c’est la 1ere fois de ma vie. Je paye mon engagement auprès d’un peuple frère et j’en suis immensément fier.
C’est vrai si je m’appelais Boujenah, BHL ou Fourest, si j’étais membre du congrès des EU ou du parti socialiste français venu donné des leçons de démocratie aux Tunisiens, pas de problème je serais en ce moment à la Marsa en train de manger du couscous au mulet. Mais je ne suis qu’un militant ayant tâché de faire son devoir de militant pour la Tunisie, le Maroc l’Algérie, la Palestine comme pour toutes les autres luttes anti impérialistes auxquelles j’ai eu l’honneur de participer.
Mon refoulement est motivé par une fiche de police me concernant, mise en place en 1987 selon ce que m’ont dit les policiers à Tunis hier. Il y a trente ans ! 1987, c’est le moment où Ben Ali prend le pouvoir. Des manifestations de protestation et de soutien au peuple tunisien se succèdent dans Paris. Un après midi de cette même année 1987, alors que je me dirige vers le métro Barbès d’où doit précisément partir une de ces manifestations dont je suis l’un des organisateurs, une voiture banalisée m’accoste, des hommes en sortent qui me forcent à monter dans leur véhicule. Dans le plus pur style des bonnes dictatures bananières, je suis enlevé. Ils s’avéreront être des policiers en civils. Direction le commissariat du XVIIIe. Interrogatoires, menaces et même coups ( très courageusement à plusieurs fonctionnaires contre moi). Puis relâché en pleine nuit sans moyen de transport, je fais Paris/Argenteuil à pieds. Ne nous plaignons pas, à l’époque les militants Maghrébins arrêtés risquent très gros, tout simplement l’expulsion au pays !

C’est ce jour où la police de Pasqua du gouvernement Chirac me vend littéralement ou plutôt me donne ainsi que deux autres camarades arrêtés aussi aux sbires de Ben Ali. Histoire de se venger et d’entretenir les relations policières. C’est de ce jour certainement que date la fiche de police qui m’interdit l’entrée de notre pays frère et qui n’est que la copie conforme d’une fiche de police française. Une pratique qui aujourd’hui concerne bien d’autres militants eux aussi vendus à des polices étrangères par la police française.