Pour la énième fois notre cher président Alain Beretz reste totalement impassible face aux revendications légitimes des étudiants et personnels, revendications qui ont notamment été exprimées lors des récentes mobilisations et lors du dernier conseil d’administration du 16 décembre. Pourtant n’est pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre !
Si monsieur Beretz reste de marbre face aux personnes qui l’interpellent quant à la situation inquiétante à laquelle est sujet son université, et bien sûr l’ESR dans sa totalité, c’est surtout qu’il est dans l’acceptation totale des politiques néolibérales sauvages menées depuis maintenant plusieurs années. Ou du moins il ne donne en tout cas pas l’impression de se rendre compte de cette passivité. Dans sa dernière interview parue dans les Dernières Nouvelles d’Alsace début décembre, il se borne à faire de l’anti-austérité « morale », sans analyse de fond concrète. Néanmoins la seule chose dont il se plaint est que le bâton de l’austérité qui frappe l’Université de Strasbourg risque de rendre son empire moins compétitif, lui fervent partisan de l’idéologie de l’excellence. Dans ce même article il ne fait par ailleurs aucune allusion aux premières personnes qui pâtissent de cette baisse des budgets : les étudiants et les personnels. Des amphis surchargés, des TD supprimés, des conditions de travail de plus en plus pénibles pour les personnels, etc. Il ne donne pas l’impression d’en être affecté.
Dire « l’austérité c’est pas bien » c’est naïf, surtout si cela ne s’accompagne pas d’une dimension politiquement revendicative. En effet l’incohérence majeure de monsieur Beretz est qu’il peine apparemment à comprendre que l’état actuel des universités françaises résulte de politiques de fond, tant à l’échelle supranationale que nationale. À l’échelle européenne il y a notamment le processus de Bologne édicté en 1999 et mis en partie en application en 2003. De ce processus découle l’instauration de la concurrence entre les universités et ce à tous les niveaux (établissements, enseignants et étudiants), ainsi que la corrélation des établissements universitaires avec les lois du marché. Mais surtout ce traité ouvre la voie à la privatisation des universités. Ce diktat en inspirera d’autres au niveau national avec la loi LRU en 2009 et dans sa totale continuité, malgré le changement d’étiquette politique, la loi Fioraso ratifiée en 2013. Il est évident que la casse du service public de l’ESR est due à ces projets politiques qui vont dans le sens de l’idéologie dominante actuelle, une part majeur des services publics étant également affectée de la même manière. Pourtant cela ne semble pas évident pour tout le monde et notamment pas pour Alain Beretz qui continue à brailler dans le but d’obtenir, pense-t-il, plus de moyens pour son université. Pis même : il est stupéfiant de le voir, dans une interview récemment postée sur le site du Rue 89, se plaindre du fait que « L’État n’ait pas transféré toutes les sommes qu’il dépensait avant l’autonomie ». N’a-t-il pas compris, ou ne veut-il pas comprendre, que ces politiques de désinvestissement public sonnent le glas d’un nouveau modèle d’université privatisée et machine à profit qu’on tente de nous imposer ? Ne se pose-t-il pas des questions vis-à-vis du fait que le patronat siège aux conseils d’administration ? Ce problème est donc clairement politique, les revendications issues de sa contestation doivent également l’être. On ne résout pas le futur probable déficit de son université en écrivant des lettres au père Noël dénuées de tout sens, ni en daignant prendre en considération les revendications d’étudiants et personnels plus que conscients des enjeux de la lutte qu’ils mènent !
En dehors de cette dimension politique, l’attitude de monsieur Beretz et son mépris envers la mobilisation est tout à fait inacceptable, mais au bout du compte guère surprenante. Dernier écart en date dans le même article de Rue 89 où il a le culot de dire la chose suivante : « des nostalgiques du centralisme jacobin, ou pire, de modèles plus à l’Est estiment que c’est la faute de l’autonomie ». En plus d’être on ne peut plus caricaturale cette phrase n’en est pas moins d’une stupidité telle qu’elle en déshonore son auteur, pour le peu qu’il lui en reste. Cette perception des personnes qui se mobilisent comme « des affreux gauchistes » est à vomir. Non monsieur Beretz nous ne sommes pas ce que vous prétendez, nous sommes simplement des acteurs quotidiens de l’université de Strasbourg qui sont bien tristes de voir à quel point elle est délaissée par ceux qui sont censés la représenter et la défendre. Vous crachez sur des étudiants et personnels qui défendent louablement ce que vous contribuez à détruire avec vos sbires. Par ailleurs il est normal que l’Union des Étudiants Communistes se sente visée par ces propos, étant donné le succès qu’a connu notre lettre ouverte dénonçant votre larmoiement hypocrite dans la presse locale, en marge de la manifestation organisée lors de la venue de Geneviève Fioraso en octobre dernier. De même que vient faire ici le « centralisme jacobin » ? S’opposer à la casse d’un service public par le gouvernement et le capital serait être un jacobin primaire ? Tout comme vous caractériser de collabo du capital et des politiques destructrices de l’ESR ferait de nous des personnes indignes des valeurs héritées de la Résistance ? De la part de celui qui contribue à détruire un des acquis du Conseil National de la Résistance en l’occurrence le service public cela ne manque pas de toupet ! Aussi, en plus de ces propos méprisants, il est évident que l’autonomisation budgétaire nuit aux universités françaises. Trente-huit universités françaises sont au bord de la faillite du fait du sous-financement chronique qu’elles subissent de la part de l’État. C’est justement parce qu’il y a autonomisation que les dotations publiques baissent, et que les universités se voient obligés de partir à la chasse au trésor pour trouver des fonds et dans le pire des cas de se prostituer au capital ! Dans tous les cas l’autonomisation, pour qu’elle soit efficace, requiert une situation économique favorable : elle s’en voit de ce fait corrélée aux lois du marché. Alors pourquoi affirmer que l’autonomisation n’a rien à voir avec les maux actuels ? Cela est d’une bêtise. Décidément vous persistez à creuser dans le ridicule, peut-être y finirez-vous pas trouver les financements miraculeux que vous réclamez ? Comme cela a été répété à maintes reprises que pouvons-nous attendre d’un président d’université dont la conception de la diplomatie est l’envoi de policiers sur le campus ? Qu’avons-nous à espérer d’un président aussi incompétent qui ne saisit absolument pas à quel point la situation est critique, et méprise les personnes qui se mobilisent pour le lui rappeler ?
Monsieur Beretz ne vous attendez à passer une année 2015 en toute tranquillité, les « nostalgiques de l’Est » avec leur couteau entre les dents seront à nouveau présents, pour porter haut et fort les valeurs de l’université publique et démocratique. Cette université que vous ne semblez pas avoir à cœur de défendre. Étudiants, enseignants et personnels, l’élargissement de la lutte est une nécessité ! Ne laissez pas vos avenirs se jouer lors de tables rondes avec des personnes qui ne s’en soucient guère ! Partout en France la mobilisation dans les universités a commencé et, la situation étant ce qu’elle est, elle s’amplifiera.
L’Union des étudiants communistes de Strasbourg.
http://uecstrasbourg.over-blog.com/2014/12/bolchevique-rends-toi-nenni-ma-foi.html
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