Vous trouverez ici la version en arabe de cet article.
« Une guerre mondiale contre le terrorisme » : c’est le mot d’ordre de la communauté internationale. Depuis treize ans, cette guerre a abouti à une augmentation de la violence dans la région, et au chaos. Cette fois, la campagne rassemble à peu près tous les pays du monde, des Etats-Unis à l’Arabie saoudite, de la France à la Chine, de la Russie à l’Egypte, du Qatar au Maroc. Le seul problème est que personne n’est d’accord sur les objectifs de cette guerre, ni sur ce que recouvre ce mot — « terrorisme ». Je l’ai écrit souvent, dès le début de ce blog en 2006, le « terrorisme » est un concept vide de sens.
La suite : http://blog.mondediplo.net/2014-10-19-Terrorisme-a-geometrie-variable
Lire aussi :
« Guerre contre le terrorisme », acte III
par Alain Gresh, octobre 2014
Les bombardements occidentaux en Irak et en Syrie annoncent une campagne de longue durée contre l’Organisation de l’Etat islamique. La rhétorique de l’administration Obama rappelle chaque jour davantage celle du président George W. Bush, dont la politique a mené au désastre actuel. Elle est d’autant plus dangereuse que les Etats-Unis rassemblent une coalition très hétéroclite autour d’objectifs politiques obscurs.
Qu’on ne s’y trompe pas. C’est à une relance de la « guerre contre le terrorisme » que l’on assiste au Proche-Orient, dans la droite ligne de la croisade déclenchée par le président George W. Bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Lors de son accession à la Maison Blanche, M. Barack Obama avait procédé à des révisions indispensables après les échecs cuisants subis en Irak et en Afghanistan. Son administration avait banni l’expression « guerre contre le terrorisme » et, surtout, s’était engagée à extirper les Etats-Unis de ces deux bourbiers. Ces évolutions reflétaient aussi une fatigue de l’opinion américaine devant des interventions aussi coûteuses en vies humaines qu’onéreuses. Enfin, Washington « pivotait » vers l’Asie en souhaitant oublier un peu le « Middle East, middle of nowhere », ce « Proche-Orient au milieu de nulle part » (1) que décrivait un expert américain : la région, à l’exception du pétrole, ne présentait plus un grand intérêt stratégique.
Mais les crises se rappelaient quotidiennement au département d’Etat, et Washington ne s’est pas retiré. En témoignent l’usage accentué des drones et des assassinats ciblés au Pakistan, au Yémen et en Somalie, la survivance du camp de Guantánamo, le maintien d’un contingent en Afghanistan, le soutien renouvelé à Israël lors de son intervention à Gaza à l’été 2014…
Le discours de M. Obama le 10 septembre 2014 annonçant des opérations contre l’Organisation de l’Etat islamique (OEI) (2) en Irak comme en Syrie marque le début non pas d’une destruction de cette force, mais d’une escalade dont nul ne peut prédire le terme. Le président américain privilégie la vision militaire au détriment de l’action politique. Certes, M. Obama ne fait pas dans le simplisme idéologique des néoconservateurs et refuse, pour l’instant, un engagement de ses fantassins — même si l’on compte déjà mille cinq cents conseillers américains sur le terrain. Il mesure aussi mieux les obstacles que M. Bush, ce qui explique sa volonté de présenter son action comme bâtie sur un consensus international. Se déchargeant de ses responsabilités, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté le 19 septembre 2014 une déclaration suffisamment floue pour que Washington puisse la considérer comme un feu vert à son intervention militaire et qu’aucun gouvernement ne proteste.
La suite : http://www.monde-diplomatique.fr/2014/10/GRESH/50885
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