« La poésie c’est le plus joli surnom qu’on donne à la vie. » Jacques Prévert
On ferme !
Cri du cœur des gardiens du musée homme usé
Cri du cœur à greffer
à rafistoler
Cri du cœur exténué
On ferme !
On ferme la Cinémathèque et la Sorbonne avec
On ferme !
On verrouille l’espoir
On cloître les idées
On ferme !
O. R. T. F. bouclée !
Vérités séquestrées
Jeunesse bâillonnée
On ferme !
Et si la jeunesse ouvre la bouche
par la force des choses
par les forces de l’ordre
on la lui fait fermer
On ferme !
Mais la jeunesse à terre
matraquée piétinée
gazée et aveuglée
se relève pour forcer les grandes portes ouvertes
les portes d’un passé mensonger
périmé
On ouvre !
On ouvre sur la vie
la solidarité
et sur la liberté de la lucidité.
Jacques Prévert, Choses et autres, mai 68
–
« Embauché malgré moi dans l’usine à idées
J’ai refusé de pointer
Mobilisé de même dans l’armée des idées
J’ai déserté
Je n’ai pas compris grand-chose
Il n’y a jamais grand-chose
ni petite chose
Il y a autre chose.
Autre chose
c’est ce que j’aime qui me plait
et que je fais. »
Malgré moi – Extrait de Choses et autres de Prévert
–
« Quand les éboueurs font grève,
les orduriers sont indignés »
Extrait de Choses et autres de Prévert
–
Le roi
Fais moi rire, bouffon.
Le bouffon
Sire, votre premier ministre est un imbécile, votre second ministre un idiot, votre troisième ministre un crétin, votre quatrième ministre…
Le roi (saisi d’une grande hilarité)
Arrête, bouffon, et dis-moi la solution.
Le bouffon
La solution, Sire : vous êtes le roi des cons.
Charade – Extrait de Choses et autres de Prévert
–
« L’étoffe des héros est un tissus de mensonges »
« Les prisons trouvent toujours des gardiens. »
Extrait de Choses et autres de Prévert
–
« La révolution est quelquefois un rêve, la religion est toujours un cauchemar. »
Extrait de Choses et autres de Prévert
–
Camarades,
Vous avez l’oubli trop facile
Et votre colère tombe vite.
Vous êtes vivants… vous aimez rire
Le bourgeois raconte qu’il aime rire
Alors vous riez avec lui.
Pourtant son rire n’est pas le même que le vôtre
Ce n’est pas un véritable rire
L’homme rit
Le bourgeois ricane.
Ecoute
En 1871, les communards sont tombés par milliers
Monsieur Thiers souriait
Les femmes du monde souriaient
Elles se payaient une pinte de bon sang
Pendant la fameuse glorieuse dernière avant-dernière grande guerre
Le président Poincaré rigolait dans les cimetières
Oh ! Pas aux éclats naturellement
Un petit rire discret
Un petit gloussement
Un rire d’homme du monde
Un joyeux rire d’outre-tombe
Depuis le mois de février
On a tué en France beaucoup d’ouvriers
Et le président Doumergue n’a pas cessé de sourire
C’est une habitude… un tic…
Deibler aussi quelques fois sourit…
Tardieu sourit…
Hitler aussi…
C’est le sourire du capital
le sourire de la bourgeoisie
C’est le rire de la « Vache qui rit »
Un rire aimable… un sourire impitoyable.
« Excusez-moi, je regrette. Dans le fond, je vous aime bien
Et si je donne l’ordre de vous abattre comme des chiens
C’est parce que c’est la coutume, je suis là pour ça
Je n’y suis pour rien…
C’est la coutume Il y a trop de travailleurs dans le monde
Il faut les expédier dans l’autre
Trop de travailleurs, trop de café, trop de sardines
Trop de betteraves, trop de fraises des bois,
Trop d’instituteurs…
…
Et le sourire de la bourgeoisie s’est figé
La prochaine guerre va commencer.
…
Souriez, jeunes gens
Votre fosse est fraîchement creusée
L’union de tous contre les exploiteurs peut faire sourire.
Les exploiteurs ne souriront pas toujours.
Jacques Prévert, Il ne faut pas rire avec ces gens-là (extraits)
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