Ce 10 avril 2015, nouvelle matinée intolérable, inacceptable et inhumaine à Lyon 4ème.
Depuis quelques mois des familles vivaient ou plutôt tentaient de survivre sur les berges du Rhône tout en essayant de maintenir le lieu propre malgré l’absence de poubelles (ci-dessous environ un tiers du lieu de vie).
Ces derniers jours il y avait :
23 adultes dont au moins une femme enceinte (de 8 mois m’a-t-elle dit)
20 enfants (1 de 5 mois, 2 de 1 an, 3 de 2 ans, 3 de 3 ans… avec un enfant de 4 ans handicapé)
Ce matin du 10 avril 2015, vers 7h une camionnette de VNF (Voies Navigables de France) arrivait, plus tard un camion avec bulldozer et vers 8h10, environ 6 fourgons de police avec un interprète et un huissier.
Tout était “prêt” pour mettre à la rue ces 43 personnes.
Les familles, avec une dignité incroyable et une résignation indicible, ont rapidement tenté d’assembler ce qu’elles pouvaient emmener sur leurs caddies, se soumettre au contrôle d’identité…
…devant un armement ostensiblement placé à la sortie, armement que je ne qualifierai pas, le voir suffit à avoir froid dans le dos :
Est-ce le pays des droits de l’homme ? Est-ce le pays dans lequel nous vivons ? Est-ce normal qu’une enfant soit ainsi intimidée devant un tel arsenal plutôt que d’aller à l’école comme tout enfant ? Pourtant son cartable est en bandoulière, mais elle ne pourra pas, voire plus, aller à l’école !
Et l’exode commence… où dormiront ces personnes ce soir, elles ne le savent même pas.
Manifestement la survie de ces personnes n’est pas un problème pour nos “responsables” qui ont pourtant la charge d’assurer la sécurité de tous.
La loi du plus fort est appliquée et les journaux annonceront la nouvelle : « un campement illicite a été évacué».
Ils oublieront de dire que la loi du plus faible est bafouée car il est tout aussi illicite de ne pas héberger des personnes en situation de détresse.
Le Code de l’action sociale et des familles, Article L345-2-2, stipule : « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale, a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence ».
Voir la suite sur http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=71F9B2A6DD038B318E77B2533BAE4E15.tpdila21v_1?idArticle=LEGIARTI000028807381&cidTexte=LEGITEXT000006074069&dateTexte=20150410&categorieLien=id&oldAction=&nbResultRech=
A ma connaissance, aucune des 43 personnes n’a eu une proposition d’hébergement.
Aujourd’hui, les familles n’ont pas eu le temps de me demander d’appeler le 115 – numéro (dit) d’hébergement d’urgence… d’ailleurs à quoi bon puisque la réponse que j’ai eue à chaque fois que j’ai appelé ces derniers temps était : « il n’y a pas de place, il faut rappeler dans 15 jours ».
Et voici quelques exemples de ce que ces familles ont été obligées d’abandonner, alors qu’elles n’avaient déjà pas grand-chose :
Et ce soir le Samu social ou d’autres seront appelés pour apporter couvertures, nourritures…
Notre société marche sur la tête.
Pendant cette errance des familles, la machine à détruire ne perd pas son temps pour éradiquer le peu qu’elles avaient.
Le bulldozer est à pied d’œuvre :
Les « hommes en blanc » sous le contrôle de la police arrachent les toits :
…laissant apparaître ce qui sera ni plus ni moins jeté sans égard ni ménagement :
Et c’était leur lieu de vie, un lieu d’intimité… un lieu on l’on pouvait (sur)vivre, mieux qu’à la rue.
Aujourd’hui, en errance, ils n’ont plus que leur balluchon…
J’arrête là. J’en ai la nausée…
Indignez-vous devant de tels événements faits en notre nom ! C’est intolérable, inacceptable et inhumain.
Ecrivez par exemple au préfet (qui donne les ordres), à nos ministres comme Sylvia Pinel qui a émis un communiqué de presse annonçant le contraire de ce qui s’est passé ce matin…
voir http://www.territoires.gouv.fr/fin-de-la-treve-hivernale-sylvia-pinel-renforce-les-actions-pour-eviter-la-spirale-de-l-exclusion-et-lance-un-appel-a-projets-pour-creer-des. Mail : secretariat-presse@territoires.gouv.fr…
Et ce soir venez à 17h30 place Bahadourian (Lyon 3) soutenir les professionnels de l’urgence sociale qui ne peuvent pas travailler comme l’éthique le voudrait.
Henri Branciard
L’accueil doit être inconditionnel, le respect d’autrui universel. Je n’irai donc pas plus loin dans cet échange, on est *déjà* à deux posts du point Godwin. Dommage que les militants placent toujours de manière unilatérale le focus sur la cause qu’ils soutiennent, avec de belles oeillères sur le reste du monde. Dommage.
Il n’y a pas à s’excuser d’être immigré. Migrer est un droit; l’accueil devrait être inconditionnel.
Nous éviterions ainsi la catégorisation entre étrangers “intégrables” et “ceux qui n’ont pas vocation à s’intégrer”, et le racisme qui va avec…
Oh je faisais juste référence à ces fumées toxiques, émanant de feux dans lesquels brûlent le contenu de nos poubelles; ce n’est pas spécifique aux règles de notre société, c’est juste apprendre à vivre ensemble; en tant qu’enfant d’immigré de 2e génération je me souviens que mes grand-parents étaient très vigilants pour ne pas heurter la terre d’accueil qui leur a ouvert les bras. Encore une fois, c’est certainement juste une question de communication et d’éducation, c’est la raison pour laquelle je pensais que c’était important de l’évoquer avec des professionnels de l’urgence sociale en contact direct avec ces pauvres gens. Merci de ne pas avoir modéré mon commentaire, preuve d’intelligence.
Quand vous dites “l’apprentissage des règles de notre société pour une parfaite intégration”, vous pensez à quoi ?
Cette situation est récurrente depuis plusieurs années, ces personnes dont on ne peut refuser l’intégration au vu des lois en vigueur reviendront dès le mois d’octobre s’installer au même lieu. En tant que professionnel de l’urgence sociale, je suppose toutefois que vous n’êtes pas riverain du Cours; ainsi vous ne manquerez pas de fournir un minimum d’éducation à ces immigrants en leur expliquant que les fumées de caoutchouc nuisent gravement aux conditions sanitaires du Cours d’Herbouville. Cela nous concerne, cela les concerne tout autant. De plus, les récents débordements du Rhône mettent en danger leurs très jeunes enfants qui jouent au bord du fleuve. Alors plutôt que d’investir des milliers d’euros chaque année à faire place nette, le contribuable souhaiterait que ces sommes soient investies dans des solutions d’accueil pérennes, ou a minima, à l’apprentissage des règles de notre société pour une parfaite intégration. Ce message se veut un élément de réflexion sans aucune forme d’agressivité contre des populations dont nous n’avons pas eu à nous plaindre par ailleurs.