Fin mars, l’Université et le CROUS de Strasbourg ont annoncé à la communauté universitaire la fin du système de paiement Monéo et son remplacement par une nouvelle carte multiservices, « Izly ». Le nouveau Pass Campus, qui sera distribué à partir du mois de juillet, couvrirait un large éventail de services : restaurants universitaires et cafétérias, distributeurs automatiques, laveries en cités universitaires, emprunt de livres en bibliothèques universitaires, accès aux photocopieurs en libre service, transport avec la CTS et sport.
Mais comme nous l’avions souligné en 2009 lors de l’introduction du système Monéo, le nouveau Pass Campus est encore une fois une fausse bonne idée : certains détails que l’administration universitaire a omis de préciser aux étudiants comportent en effet de nombreux dangers. Symptomatique de l’ « université du business » mise en place par les lois LRU et Fioraso entre 2009 et 2013, le système Izly mérite d’être décripté pour connaître les reculs qu’il cache.
L’université au service des banquiers
Comme elle l’avait fait avec la banque BNP Paribas lors de l’introduction de Monéo, l’UdS a passé un contrat juteux avec la banque commerciale et assurance BPCE (Groupe des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne) pour la mise en place d’Izly. S’appuyant sur la plateforme S-money, cette application de porte-monnaie numérique a été créée par le Groupe BPCE pour la Caisse d’épargne et la Banque populaire. Si Monéo avait transformé l’ensemble des étudiants de l’UdS en futurs clients potentiels de BNP Paribas, Izly fera la même chose avec la Caisse d’épargne et la Banque populaire : à chaque fois que nous utiliserons notre Pass Campus ces banques toucheront une commission qui entrera directement dans leurs caisses en taxant les étudiants ! Aussi, le fait que ce nouveau Pass Campus soit lui aussi déjà prêt à l’emploi (il suffit de le recharger) signifie que chaque étudiant a forcément un compte Izly dans ces banques.
Un Pass Campus pour menacer nos libertés
La fabrication du Pass Campus connecté avec le système Monéo avait été sous-traitée à une entreprise privée qui possède techniquement un accès aux données personnelles de chaque étudiant sans restriction. Il était possible d’interdire l’utilisation de ces données, mais cette option n’était même pas proposée par les employés de l’université lors de nos inscriptions administratives.
Face au manque de transparence de l’administration universitaire sur les dangers du système Izly, nous craignons que de véritables risques sur un fichage de nos activités se poursuivent avec cette nouvelle puce : les données sur nos habitudes de consommation pourront être utilisées par des grandes entreprises privées à des fins commerciales et lucratives.
Pire encore, tout comme avec Monéo, le nouveau Pass Campus continuera à contrôler dans les prochaines années l’accès à certains batiments universitaires, avec des restrictions ou des interdictions d’accès pour certains d’entre eux : des menaces qui pèsent fortement sur notre liberté de circulation au sein du campus !
Izly ne fera donc que prolonger dans le milieu universitaire le climat de flicage et de délire sécuritaire que le gouvernement est en train de mettre en place, dans l’esprit notamment de la Loi sur le renseignement discutée actuellement au Parlement.
Des services moins accessibles hors système Izly
Enfin, l’administration universitaire prétend qu’avec le système Izly une simplification de l’accès aux services aurait lieu. Nous craignons au contraire une dégradation de l’accès aux services : depuis 2009, pour les étudiants qui ne veulent pas utiliser prioritairement le système de paiement Pass Campus les services accessibles se réduisent de plus en plus. L’objectif de l’administration universitaire est d’obliger les étudiants à se servir exclusivement de la carte multiservices pour tout paiement, au grand bonheur des banquiers.
L’utilisation exclusive de la carte multiservices est déjà requise dans tous les RestosU et dans la plupart des caféterias du CROUS, mais aussi pour l’accès aux photocopieurs des bibliothèques universitaires. Elle sera maintenant généralisée en ce qui concerne les laveries des Cités-U, avec une nette dégradation de l’accès au service pour les étudiants.
Les élus de l’UEC à la Cité-U de la Robertsau ont fait part, à plusieurs reprises, de leurs doutes quant à ce nouveau système, suite aux doléances de la plupart des résidents lorsque l’utilisation de la carte Pass campus a été imposée comme seul moyen de paiement des machines à laver (depuis la rentrée 2014). Le CROUS a renoncé à son devoir de maintien des machines à laver et a préféré externaliser le service au profit d’une entreprise privée, qui a augmenté le prix des lavages pour les étudiants et a rendu impossible l’accès aux machines pour les étudiants qui ne veulent pas se servir de la carte Pass Campus ! Qu’en est-il de la simplification de l’accès aux services ?
L’UEC n’a jamais été défavorable au principe de disposer d’une carte multiservices, mais nous dénonçons le fait que ce nouveau dispositif soit une fois de plus un prétexte pour faire entrer les banques dans nos universités, menacer nos libertés publiques et externaliser un nombre de plus en plus important de services universitaires.
Contre la privatisation de nos lieux d’études et la dégradation de l’accès aux services universitaires, l’UEC propose la remise en place d’une carte multiservices 100% publique, gérée par l’UdS et le CROUS de Strasbourg et non par les banques privées. Aussi, nous exigeons que l’administration universitaire revienne sur la généralisation des paiements via la carte Pass Campus : elle doit envisager un double système de paiement permettant l’accès aux services pour les étudiants qui ne veulent ou ne peuvent pas utiliser constamment la carte Pass Campus.
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