par Valentin Chémery, Carine Fouteau, Paul Guillibert, Thibault Henneton, Fabien Jobard & Sophie Wahnich
« La race n’existe pas mais elle tue. » Effet sans cause, irréelle réalité, la race est le produit prématuré d’un insatiable besoin de classement. « La race a la simplicité des grandes folies, de celles qu’il est simple de partager car elles sont le bruit de nos rouages quand plus rien ne les dirige. », écrit Alexis Jenni dans L’art français de la guerre (2011). Penser la race, c’est toujours opérer la pensée raciale, en dénuder le mécanisme primaire. La comprendre, c’est déjà reconnaître qu’elle opère [lire la contre-généalogie de Mathieu Renault, p. 24]. Qui entend, au nom de « l’universel », rejeter toute racialisation du politique doit donc commencer par prendre en charge, ne serait-ce qu’un temps, la violence fondée sur les différences raciales. Emprunter la voie de la déracialisation, est-ce déterminer à l’avance où ce chemin conduit, donner un motif positif à l’universel qu’il vise (par exemple l’idéal démocratique, ou la négritude) ? Ou supprimer, le plus tôt possible, en cours de route, les rapports de domination qui empêchent son avènement ? Ce chantier hésite entre l’affirmation provisoire d’un essentialisme stratégique et la revendication d’une idéalité qui abolirait en actes les différences raciales [lire Sophie Wahnich, p. 84]. Ce texte d’ouverture ne prétend pas trancher l’alternative, mais se décide néanmoins à adopter un leitmotiv : la race n’existe pas, mais elle tue.
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