LES NÉONAZIS S’IMPLANTENT EN MEUSE
La Taverne de Thor, démantelée en 2013 à Toul, semble avoir ressuscité dans le village de Combres-sous-les-Côtes. Une pétition a été lancée. Les autorités sont « plus que vigilantes ».
Verdun. A la sortie de Combres-sous-les-Côtes, petite bourgade de 120 habitants, un banal hangar agricole. Du moins, à première vue. La bâtisse est clôturé. Des caméras veillent sur les lieux. En lettres noires, sur la façade, des initiales : « LHS ». Un message est placardé en anglais sur la droite de la bâtisse : « No trespassing : violators will be fucked » Le mot fucked a remplacé celui utilisé initialement à savoir killed. Ce sont les gendarmes qui ont demandé ce changement : le panneau disait clairement au visiteur qu’il allait trouver la mort, s’il passait la porte. Bienvenue dans le nouveau repère des HammerSkins, une mouvance néonazie considérée comme l’une des plus violentes d’Europe. LHS : Les HammerSkins. Ces lettres pourraient, après tout, avoir une autre signification. Mais pour les autorités meusiennes, pas de doute. La page facebook du groupuscule d’extrême droite, baptisée la Taverne de Thor, n’avait pas été activée depuis deux ans. Depuis le déménagement des HammerSkins de leur repère, à Toul, en juin 2013. La Taverne avait élu domicile dans un hangar d’une zone industrielle et accueilli des rassemblements néonazis qui avaient semé un grand émoi dans la région… Depuis, silence radio. Et puis récemment, un message est tombé sur la page officielle. Une invitation à l’inauguration du nouveau club house de la Taverne de Thor, le 9 mai, à 18 h. Le 9 mai, justement, le propriétaire du hangar de Combres prévient la mairie qu’il organise une fête pour pendre la crémaillère. L’homme a fait l’achat de la bâtisse récemment. « Ce soir-là, il y avait une centaine de personnes. Et de la musique bizarre, une sorte de hard rock », raconte un témoin. Le tout, sous surveillance. « Nous avons déployé un dispositif pour veiller à l’ordre public mais cet événement était organisé par un privé à titre privé », souligne Xavier Luquet, le sous-préfet de Verdun. « Le préfet est plus que vigilant sur le dossier », ajoute-t-il. Xavier Luquet est en lien sur ce sujet avec les élus, la population. Les habitants ne veulent pas parler à visage découvert mais sont pour la plupart, choqués. La maire de Combres, elle, refuse de s’exprimer pour le moment. Elle a fait l’objet de plusieurs critiques, accusée de ne pas s’être opposée à la vente du hangar. C’était cependant un marché entre deux particuliers. Une pétition lancée sur internet a réuni 950 soutiens. Les auteurs sont explicites : « Ce mouvement arrive à faire frémir les skinheads les plus durs tant leur violence est sans limite. […] Il est question de la sécurité des citoyens de notre région. ». La pétition demande une mobilisation des élus : « Pour le moment, nous avons à faire à un particulier qui a acheté une grange et qui y fait des travaux de rénovation. Reste à savoir ce qu’il se passera dans ce local. Mais il est bon de rappeler que certaines opinions en France sont des délits », souligne le sous-préfet. Les conseillers départementaux Jean Picart et Marie-Astrid Strauss se sont fendus d’un courrier à tous les maires du secteur. Ils dénoncent « la présence de néonazis sur un lieu qui a vu tomber 12.000 soldats héroïques ». En effet, Combres se trouve non loin des Eparges, haut lieu de la Grande Guerre. « Autrefois, on appelait la bataille des Eparges la bataille de Combres. Une autre commence : celle des valeurs de la République. »
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