23 juin 2015
Appel à la solidarité avec la famille Vutu, victime de l’incendie d’un bidonville.
http://www.memorial98.org/2015/06/appel-a-la-solidarite-avec-la-famille-vutu-victime-de-l-incendie-d-un-bidonville.html
Nous relayons aujourd’hui un appel à dons et à solidarité financière pour la famille Vutu, dont la petite fille de cinq ans est morte la nuit du 6 au 7 juin dans l’incendie d’un « bidonville » de Carrières sous Poissy dans les Yvelines, qui abritait plusieurs familles mais aussi des hommes seuls. Nous avons mis en place un compte Pot Commun pour y participer concrètement. Ce compte sécurisé permet de contribuer en ligne , il est accessible en suivant ce lien « Soutien à la famille Vutu » . Bien évidemment, l’intégralité de la somme récoltée sera remise à cette famille.
Nous avons rencontré la famille le 18 juin, car nous connaissions pour certains sa tante et ses neveux et nièces, qui vivent aussi l’errance, de bidonvilles en hôtels , depuis des années. Voir la vidéo à : https://www.youtube.com/watch?v=5Sk3A8eGUnI
La question des bidonvilles est une question politique, qui se résoudra par de longs combats pour l’égalité. Certains sont visibles et déclenchent les réactions répressives des pouvoirs publics, mais d’autres sont cachés dans la campagne , dans les bois, dans des zones polluées et/ou isolées. Le bidonville de la famille Vutu , fait de baraques de tôle, se trouvait au milieu des champs aux confins d’une zone pavillonnaire. Il n’abritait que quelques familles et quelques hommes. Il existait depuis plusieurs mois, la police était venue, avait recensé les occupants, avait même filmé. Les policiers, plutôt courtois et respectueux, avaient informé les résidents qu’ils pouvaient rester, à condition que le camp ne s’étende pas. Aucune autre autorité n’est jamais passée : on tolère certains bidonvilles, mais cette tolérance se paye par l’exclusion totale de tous les droits fondamentaux. On peut habiter le bidonville, si l’on accepte de ne pas être un habitant de la commune. Pas d’expulsion, mais pas d’eau, pas d’électricité, même pas de prise en compte des bébés et des enfants qui vivaient là. On peut rester si on n’existe pas aux yeux du monde
Ainsi, à Carrières-sous-Poissy, il y avait un bidonville tout court. Où vivaient quelques familles roumaines, mais également des personnes d’origine différente. Parmi elles un homme qui vit en France depuis 43 ans, d’origine serbe, et qui a été expulsé de son logement, suite à des difficultés financières il y a quelques années. Mais les autorités et les médias ont décidé que c’était un « campement Rom » et un « problème Rom », alors pas plus que les autres, cet homme ne s’est vu proposer un logement , seulement un foyer très temporaire. Quand les racistes prétendent que l’on s’occupe des « illégaux » avant de s’occuper des « légitimes », la réalité démontre la fonction du racisme : masquer l’injustice sociale et légitimer l’injustice pour tous.
Aujourd’hui, l’ensemble des habitants du bidonville se trouvent donc dans des hébergements provisoires et précaires. Un mois d’hôtel sans garantie formelle de renouvellement pour les familles.
La perte d’un enfant dans des circonstances atroces n’a même pas amené les autorités à stabiliser la famille Vutu, à lui permettre au moins de n’avoir pas l’angoisse de son devenir dans quelques semaines. Même la question des obsèques de l’enfant est encore incertaine : la mairie a vaguement donné son accord pour que l’enfant soit enterrée dans la commune, mais sans prendre les choses en charge. C’est le voisin de bidonville de Mr Vutu qui a re-contacté le maire et attend qu’on le rappelle.
Quant à l’enquête, 24 heures après les faits, certains médias parlaient déjà d’une « piste accidentelle ». Les habitants, eux, sans accuser personne, témoignent en tout cas d’individus venus les menacer la veille. Mais les menaces racistes sont le quotidien dans les bidonvilles, tout comme le danger représenté par les conditions sanitaires. Dans les deux cas, il n’y a pas d’ « accident », il y a la conséquence parfaitement prévisible de la discrimination raciste.
Nous lançons donc un appel aux dons dans ce cas précis. Nous savons bien que ce qu’a vécu la famille Vutu peut très bien arriver demain à l’une ou l’autre de ces dizaines de milliers de personnes essentialisées « Roms », comme aux gens des « jungles » de Calais, des campements de partout. D’ailleurs à Lille, le même jour, un petit garçon perdait la vie dans l’incendie d’un autre camp. Nous vous appelons à répondre à cet appel aux dons et à le diffuser pour dire à la famille Vutu, mais aussi à l’Etat, mais aussi à la mairie de Carrières-sous-Poissy, que l’indignité ne fera pas loi, dans l’indifférence et le silence. Pour leur dire qu’il y aura de la solidarité et de l’envie d’égalité sur le terrain, et pas seulement de la confrontation raciste entre « riverains » et « Roms.
La famille Vutu qui ne possédait presque rien, n’a plus rien du tout. La perte d’un enfant ne la dispense pas de devoir au jour le jour, trouver les moyens d’au moins survivre. Nous lançons cet appel aux dons en espérant simplement lui permettre de souffler un peu, de faire son deuil un peu plus tranquillement. Vous pouvez vous mettre à la place d’une famille sans ressources dans une situation pareille et mesurer les besoins.
Le compte Pot commun est accessible à : https://www.lepotcommun.fr/pot/izce46h9 .
Les personnes ne disposant pas de CB ou ne souhaitant pas utiliser le don numérique, vous pouvez nous contacter directement ( memorial98@noos.fr ).
MEMORIAL 98
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