A Paris, le 6 Avril 2010
Le 31 mars dernier Saïd Bourarach, un vigile d’origine marocaine, a été sauvagement assassiné par un groupe de 6 personnes sur son lieu de travail.
La Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie tient à présenter ses plus sincères condoléances à la famille, plus particulièrement à sa veuve qui se trouve aujourd’hui privée injustement de mari, et ses enfants de père. Elle salue la mémoire de la victime, et exige que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
La CRI dénonce avec véhémence ce crime, commis par ce groupe d’individus qui a agi selon toute vraisemblance à partir de motivations racistes. Il est affligeant de constater l’indifférence généralisée des autorités publiques qui nous ont pourtant habitué à davantage de “réactivité” face aux crimes violents , du moins dans les discours ; mais ce cas d’espèce comme d’autres meurtres par le passé qui visaient des arabes ou des noirs est relégué à une gravité toute “relative”, n’ayant pas de caractère “antisémite”. Bien plus, il semblerait que ce soit justement l’appartenance juive supposée ou réelle des agresseurs qui expliquerait ce silence assourdissant, la campagne diffamatoire honteuse des médias qui ont tout fait pour faire de la victime le coupable étant quand à elle proprement scandaleuse. Ce crime est d’autant plus choquant que Said était dans l’exercice de ses fonctions, et qu’il est mort sur son lieu de travail.
Les crimes racistes ne datent pas d’hier et la communauté musulmane et immigrée de ce pays connait une hoggra sans trêve depuis des dizaines d’années. Lorsque ce ne sont pas de simples individus animés d’une haine raciale attisée par un climat islamophobe et xénophobe permanent, ce sont les forces de l’ordre et la police en particulier qui se trouvent impliquées dans des morts suspectes de jeunes “bazanés” des quartiers contrôlés au faciès ou gardés à vue dans l’arbitraire le plus total.
Les comités “vérité et justice” pour des affaires de crimes racistes et policiers se multiplient sur tout le territoire, et l’année 2009 a été une année particulièrement sanglante pour les nôtres qui laissent des familles endeuillés par une mort violente et impunie. Cette liste macabre est la honte d’une république qui se vante d’être le fer de lance des principes humanistes et protecteurs de l’individu. Il semblerait que la conception de ces valeurs soit à géométrie variable et qu’une hierarchisation des victimes s’imposerait et légitimerait les comportements haineux et racistes. Le deux poids deux mesures en matière de justice et de considération vis à vis des familles de victimes ne fait que conforter les musulmans et les minorités issues des anciennes colonies dans la perception d’une situation de discrimination et de stigmatisation permanente.
La CRI exige que l’Etat et particulièrement la Justice par le biais du Procureur de la République prenne ses responsabilités, et supervise en bonne et dûe forme l’enquête, que les coupables soient confondus et jugés pour leur crime. Nous pensons qu’il est grand temps que les médias français restaurent la vérité et cessent leurs allégations mensongères qui baffouent la moralité de Saïd Bourarach et insulte le deuil de la famille.
Stop aux crimes racistes ! Assez de Hoggra ! Justice et Vérité pour Saïd Bourarach !