Je lui dirai que ce vous m’avez fait subir !!
Je lui demanderai pourquoi vous ne m’avez pas laisser grandir ?
Je lui raconterai les souffrances de ma mère sans sommeil !!
Je lui parlerai du désarroi de mon père impuissant, et sans travail.
Je lui demanderai pourquoi vous avez perturbé mon sommeil ?
Je lui dirai que vous avez détruit ma maison !
Je lui dirai aussi que vous avez détruit l’école de mes frères !
Je lui demanderai pourquoi le monde est resté sourds à mes pleurs ?
Je lui demanderai où sont passés les Hommes dignes et les valeurs ?
Échoué sur une plage, Je quitte ce monde et je vous laisse à votre conscience !! Et surtout pas de pleurs !!
Dr Lahna, Alep au petit matin …
Serge Grossvak
FALLAIT PAS !
Fallait pas jeter le linceul de la guerre sur ces contrées martyres ! Fallait pas la guerre ! Et maintenant l’image de cet enfant, de ce déjà corps d’enfant échoué sur la plage de Bodrum me déchire les yeux, me fermente de colère. Je suis en colère, je suis en rage contre les surpuissants de la terre. C’est vous ! C’est totalement vous qui avez fertilisé la géhenne par votre regard de spadassin et par vos armées envoyées.
Cet enfant que les vagues auront été dernières à bercer, il est un. Un parmi les milliers d’invisibles déchiquetés, brûlés, rejetés. Il est un parmi les horribles fruits de la guerre. Votre guerre. Notre guerre.
Ces morts sont nos morts.
Ce malheur est notre malheur.
Cette inhumanité est notre inhumanité.
Ce sont nos bombes qui tuent. Ce sont nos obus qui perforent. C’est notre fric qui domine et écrase. C’est notre regard qui impose. Oui nous sommes pères de Daesh et autres barbares parce que nous les avons enfantés. Nos interventions humanitaires armées ont été bien fécondes, bien prolifiques. Nous, les intelligents, les modèles à suivre, les valeurs à prendre, avons été bien moyenâgeux ! Revenir à la guerre pour solution ! Sombres crétins ! Kant, Jaurès, Hessel sont piétinés sur les plages ensanglantées. Et maintenant cet enfant au souffle des vagues, cet enfant qu’il est si horrible d’admettre qu’il est mort… La mer, plus humaine que nous, tente de lui insuffler les dernières souplesses de son corps. Et elle nous le rend.
Nous avions été des millions à clamer qu’il ne fallait pas. Il ne fallait pas en Irak. Il ne fallait pas. Il l’on fait, et encore, et encore. Partout, notre monde s’embrase. Le couvercle de la boite de Pandore a été ouvert, pulvérisé. La guerre se propage, les éclaboussures de sang entrent dans nos trains, nos musées, nos journaux…
Nous allons « accueillir » 100 000, 200 000… migrants et continuer la guerre, continuer à dominer, continuer à imposer. Nos valeurs sont si grandes. Nos valeurs sont si belles. Mais nos valeurs n’imaginent même pas comment refermer le couvercle de la boite de Pandore. Nos valeurs puent le fric et ne sont rien d’autre.
Pour que nos enfants ne s’ajoutent à cet enfant des flots bleus, il serait grand temps que nous regardions dans les yeux ces valeurs qui sont les nôtres.
Serge Grossvak
Deuil la Barre, le 03/09/2015
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