“La catastrophe c’est maintenant” et ÇA SUFFIT !

Voilà ci-dessous ce que nous voulions exprimer samedi devant les conseillers du Président de la République, qui après avoir accepté de nous recevoir, ont annulé vendredi soir car ils ne sont pas venus parler politique (!) :

« Nous venons de vivre un terrible cauchemar il y a quelques semaines, et même à 500 km de Paris, nous avons tous été traumatisés ici. Et l’on sait que dans de nombreux pays, pour des millions de gens, c’est le lot quotidien depuis des années. Ceci est le résultat des politiques d’interventions de l’OTAN dont notre pays devrait se retirer, interventions sous prétexte de lutte contre le terrorisme ou pour instaurer la démocratie. Ces interventions injustifiées ont semé le désastre absolu en Afghanistan, Irak, Lybie, Syrie, sans oublier la Côte d’Ivoire, la Centrafrique ou le Mali et notre rôle trouble au Burkina Faso. La plupart de ces guerres sont menées avec le soutien de la France et sa participation active, parfois même à son initiative. Ou sont les résultats contre le terrorisme et pour la démocratie ? Le terrorisme prospère et la démocratie est en berne. Seuls le bruit des armes et le nombre de morts sont en développement. Nous comptons parmi nos alliés des pays parmi les plus rétrogrades de la planète comme l’Arabie Saoudite, qui a financé et armé des groupes djihadistes. Dans ce pays on assassine en masse, y compris le jour même de votre récente visite, et on ne peut pas classer cet Etat totalitaire dans le camp de la démocratie et du progrès. On peut citer aussi, entre autres, la Turquie de Monsieur Erdogan qui fait assassiner les Kurdes et les militants du parti de gauche HDP dont des centaines de locaux ont été saccagés. A l’inverse des milliers de camions citerne amènent du pétrole commercialisé par Daesh en Turquie. Nous pensons qu’il faut absolument porter un regard en arrière sur la politique internationale menée par la France et changer profondément d’orientation. La sécurité du peuple Français doit être assurée certes en renforçant le renseignement et en redonnant à la police les moyens supprimés par votre prédécesseur, mais seule une politique active de paix et de justice sociale permettra le vivre ensemble dans notre pays et dans le monde. Il faut aussi plus de liberté et de démocratie, c’est la meilleure défense contre l’obscurantisme. Depuis le prolongement de l’état d’urgence et les milliers de perquisitions, il y a peu de résultat et beaucoup d’abus contre la liberté d’expression et de manifestation, sans parler de la répression incroyable contre les syndicalistes, ceci avec le soutien clairement affiché de monsieur le Premier Ministre. Il est inconcevable qu’un grand pays comme la France, qui en raison de sa puissance agit souvent en donneur de leçon, constitutionnalise l’état d’urgence. Enfin, la déchéance de nationalité grossirait encore davantage la fracture dont souffre la cohésion sociale et le vivre ensemble. Toutes ces mesures rendent service au seul Front National, et elles ne peuvent faire partie d’un calcul électoral hasardeux, car le ‘parti repoussoir’ est aux portes du pouvoir.

L’enjeu de la lutte contre le terrorisme ne doit pas dissimuler une priorité essentielle : l’emploi. Obligé d’en tenir compte au moins en parole, vous avez décrété lors de vos vœux en début d’année un état d’urgence économique, assurant que la lutte contre le chômage restait votre première priorité. Mais les mesures concrètes que vous envisagez restent inspirées par la feuille de route du MEDEF qui avec son exigence d’un contrat de travail ‘agile’ prévoyant des motifs de rupture ‘liés à la situation de l’entreprise’ espère à nouveau frapper un grand coup sur la tête des salariés.

Vous avez annoncé un plan massif de 500 000 formations pour les demandeurs d’emploi. Comment croire à cette nouvelle promesse alors que seules 150 000 formations ont été budgétées pour l’année 2016 ? Même si 500 000 formations sont annoncées, cette ‘sécurisation’ qui va à coup sûr dégonfler les statistiques, se ferait à moyens constants puisque l’Etat annonce 2M d’euros prélevés sur le reste du budget public existant y compris sur le budget de l’enseignement. Donc moins de dépenses pour les services publics, moins de dépenses de santé ou pour l’école, l’université ou encore le logement. Croit-on que cela va sécuriser les autre domaines de la vie de nos concitoyens, qu’ils soient demandeurs d’emploi ou salariés ?

Alors que vous maintenez le scandale du crédit impôt recherche qui amplifie et renforce la politique de baisse du coût du travail au lieu de s’attaquer à une baisse du coût du capital, vous poursuivez la diminution des dépenses publiques et sociales. Vous annoncez une ‘sécurisation’, mais des licenciements !

Sous couvert de compléter le pacte de responsabilité et le CICE, vous avez pour objectif d’intégrer le plus largement possible tout le pays au diktat du patronat au détriment de l’intérêt général. Une toute autre direction est à prendre. Nous disons « chiche » pour une évaluation du CICE et le pacte de responsabilité, car tout démontre que le patronat n’a quasiment pas développé les entreprises avec cet argent, mais il l’a plutôt utilisé pour ses profits, pour spéculer et exporter ses capitaux.

Plutôt que de créer des contrats facilitant les licenciements, nous proposons de développer les CDI mais aussi de réfléchir à des contrats de réelle sécurisation avec un double volet : emploi et formation ; et une double responsabilité : de l’employeur et d’un service public de l’emploi profondément rénové.

Vous annoncez des conférences pour la formation dans chaque régions réunissant le patronat, les préfets, les services de l’Etat et les salariés, pour qu’elles adaptent les formations aux besoins des entreprises. Nous disons chiche ! Mais à conditions qu’elles incluent les banques, y compris la Banque Publique d’Investissement (BPI), et qu’il y ait des engagements chiffrés et contraignants pour l’emploi par les entreprises, répondant aux exigences de développement social et écologique.

Si vous voulez vraiment défendre l’emploi pourquoi refusez-vous d’embaucher dans les hôpitaux où il y a un manque cruel de personnel ? pourquoi dit-on aux personnes en stage de formation d’infirmière qu’elles ne seront plus embauchées parce qu’il n’y a plus les moyens financiers ? Mais cela est aussi valable dans d’autres services publics !

Etat d’urgence pour l’emploi ? Voilà ce dont il faut discuter, il y urgence.

Sur les libertés syndicales, les 7 longues années de luttes des salariés de Goodyear, face à la multinationale, ont été marquées de conflits durs face à la violence patronale et des vigiles omniprésents dans les ateliers avec comme seul objectif la fermeture de l’entreprise. La condamnation à deux ans de prison dont neuf mois fermes prononcée à l’encontre des salariés de Goodyear suscite une énorme émotion mais aussi une grande colère à l’encontre du gouvernement et du patronat.

En effet, il est intolérable, injuste et dangereux, tant pour notre système démocratique que pour le monde du travail, que la justice vienne sanctionner des salariés dont le seul crime est d’avoir lutté pour le maintien de leur emploi et leur dignité.

C’est la première fois dans l’histoire de la République que sous un gouvernement dit ‘de gauche’ de telles peines sont infligées à des syndicalistes. L’accélération de ce processus de criminalisation de l’action syndicale, illustre concrètement une volonté de s’en prendre à tout ce qui constitue notre modèle social. Nous ne laisserons pas faire et nous appelons les salariés à riposter fermement pour le respect et le développement des droits et des libertés ».

LA SECTION PCF COLMAR