Alors que l’état d’urgence s’instaure à la fac de Strasbourg, la lutte contre la loi Travail s’organise.
Pour commencer, il faut savoir qu’à l’ag de mardi 15, il a été décidé de porter au centre administratif de la fac, bureau de M. le président Beretz, 4 revendications claires :
La non-pénalisation des étudiantEs en lutte, tant sur le plan de la bourse que du contrôle continu intégral ou du partiel terminal.
L’arrêt de la censure (arrachage d’affiches par les personnels, tous sous contrat précaire) et ce, dans une ambiance de flicage généralisé sur le campus : une dizaine de vigiles sont présents non-stop, avec la participation d’un apprenti flic, par ailleurs militant au PS local, fouteur de merde patenté. Passage fréquent de patrouilles policières, à vélo ou à pieds. La police c’est depuis Charlie, les vigiles depuis le 13 novembre, à quand les militaires ? Les vigiles commencent d’ailleurs à prendre leur travail au sérieux : collaboration avec la police (à quand les flingues pour les vigiles ?), fouilles des sacs, proactifs dans l’évacuation des bâtiments ou dans le blocage des bâtiments, c’est selon.
La mise à disposition de la reprographie universitaire – plus exactement : l’enlèvement des cadenas installés sur les photocopieurs – afin d’imprimer le matériel, histoire de ne pas être dépendant du PCF jeune ou du PS jeune (mjs not dead et l’inénarrable unef).
Une prise de position claire sur la loi travail, à l’image de la présidente de paris 8. Sachant que Beretz fût l’instigateur de la fusion de l’UdS, signant des tribunes dans le monde pour l’autonomie financière des universités à l’époque. Autant vous dire que sur le campus, le medef local est bien traité.
On attend la réponse. Beretz étant en voyage à Bruxelles jusqu’à mercredi prochain, Lorsque nous avons envahi le bâtiment administratif c’est le vice-président « DGS » qui nous a « accueillit », avec 2 autres costards similaires. Rien n’a abouti, à part la promesse d’un mail.
Voilà où nous en sommes au moment du départ, jeudi 17.
Après l’ag du midi, nous partons en cortège de la fac. Le parcours a été déposé par l’unef. Kleber-Bourse-Université-Palais U. Et donc AG au palais U en fin de manif. A peine arrivés à la place Kleber, nous apprenons que le Palais U est évacué par les vigiles : fermeture administrative.
Départ en cortège, la manif est sympa, ça chante, ça gueule (des slogans anticapitalistes parfois), craquage de fumis etc.. Beaucoup d’étudiants, lycéenEs ou de jeunes travailleurEs. Le 3/4 du cortège à moins de 30 ans. Les syndicats sont peu représentés, même si le camion de la CGT était avec nous dès 11h. La manif est moins importante que le 9 (environ 2000/2500 personnes, contre 7000) mais le cortège semble plus dynamique et surtout beaucoup plus jeune : La mobilisation était plus importante que la semaine dernière dans la jeunesse, en particulier à la fac et chez les lycéens.
Nous remarquons de nombreux bacqueux, contre qui nous ne faisons rien. Ils se positionnent sur les côtés, certains faisant des selfies avec des jeunes. Le type se casse après avoir été repéré.
Puisque le parcours est déposé, nous pensons naïvement aller faire une AG sur les marches du Palais U.
Lorsque nous arrivons sur le campus, le cortège comptait aux alentours de 1500 personnes, voire plus. Toujours pareil, ça gueule, ça chante, mais sans le craquage de fumis cette fois. Nous nous arrêtons devant le Patio, bâtiment accueillant les sciences humaines (et beaucoup d’entre nous en temps normal).
A ce moment-là, nous savons que Palais U n’est plus une option, la police est dans le cortège, et tout autour du campus : ils vont nous bloquer. La seule issue semble être le Patio, dont les portes sont grandes ouvertes. Le SO unef-jc fait repartir le cortège, vers la fac de droit(e).
Peu après le redémarrage, des baqueux arrivent et dégagent les gens autour des portes du Patio, fracassant au passage la main d’un camarade sur la porte qu’il tentait de retenir. Raté. Nous sommes circonspects face au choix de l’unef mais tant pis, ce sera la fac de droit. Le bâtiment le plus hostile à une quelconque forme de résistance politique, littéralement.
Lorsque le cortège se dirige sur le perron, les bacqueux se mettent devant les portes, sortent les matraques télescopiques, puis tente de bolosser à coup de regard. Très vite ils passent à l’acte et se mettent à taper dans le tas, alors que les jeunes restaient devant la porte sans forcer. Arrive les CRS, qui montent sur les côtés de l’escalier ou se situait le cortège, pour ensuite repousser celui-ci d’en haut des marches.
5 personnes sont blesséEs, dont 2 qui finiront avec 6 points de suture chacune. Pas mal de gazage. Les camarades du SO CGT ont également pris des coups.
Puis nous restons là, malgré quelques tentatives de certainEs, avortées par les vigiles, de rentrer dans le Patio via les sorties de secours. Alors que les gens se posent sur les marches devant les flics, l’unef ne cesse d’appeler à « dissoudre la manif ». Un punk, excédé, colle une beigne au “président” colin, localement surnommé captain igloo.
De fait, au fur et à mesure, le cortège se disperse. Aux alentours de 17h, la fac étant blindé de police, tout le monde est parti ou presque.
Les syndicats, les orgas, les profs, les jeunes, les autrEs tout le monde est sidéré par la violence de la répression policière du 17 à Strasbourg.
La prochaine AG est pour bientôt, on va pouvoir discuter : nous attendons la réponse de Beretz à nos revendications. Par ailleurs, il semble probable que c’est le « DGS », responsable en l’absence de Beretz, qui a appelé la police puisqu’il faut qu’il y ait un délit pour que la police entre sans autorisation. Sans parler du travail en étroite collaboration avec les RG. Du reste, nous remarquons que les mêmes « méthodes » ont été appliquées ailleurs en France le 17, notamment sur les facs, plus particulièrement Tolbiac.
L’état d’urgence, c’est contre nous !
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