« C’est une femme, elle a un maintien noble et fier, elle s’exprime avec tranchant, et en plus elle est arabe. C’est trop. »
Dans Ce soir ou jamais, le 18 mars dernier, un certain Thomas Guénolé s’est livré à une attaque d’une rare violence contre Houria Bouteldja à propos de son livre, Les Blancs, les Juifs et nous. Il lisait ses notes, il avait bien répété. Houria était antisémite au point de vouloir envoyer les Juifs en camps de concentration, elle était misogyne et homophobe, communautaire et raciste, elle délivrait à qui voulait le permis de violer. On dira que peu importent ces élucubrations d’un folliculaire obscur – mais on aura tort : ces propos ont été repris de façon venimeuse par Marianne et par l’Express, et des extraits de l’émission circulent aujourd’hui sur quantité de sites qui, eux, sont vraiment racistes. Du coup, Houria, qui est depuis longtemps attaquée en paroles et en actes, si elle reçoit de toutes parts des encouragements d’antiracistes, écope aussi d’une foule de messages insultants et menaçants.
Pourquoi Houria, qui n’est pas la seule à dénoncer le racisme « décomplexé » qui sévit actuellement en France, est elle une cible privilégiée ? La réponse me semble claire : c’est une femme, elle a un maintien noble et fier, elle s’exprime avec tranchant, et en plus elle est arabe. C’est trop. Elle ne se tient pas à la place qui lui revient, elle bouscule la hiérarchie des rapports sociaux, bref, elle exagère.
L’équipe de la Fabrique, qui a édité le livre d’Houria, la soutient et la défendra contre les attaques de ceux qui sont tout autant nos ennemis que les siens. La libre expression en France ? Comme disait Paul-Louis Courier en 1820,
« Sauriez-vous un pays où il n’y eût ni gendarmes, ni rats de cave, ni maire, ni procureur du roi, ni zèle, ni généraux, ni commandants, ni nobles, ni vilains qui pensent noblement ? Si vous savez un tel pays sur la mappemonde, montrez-le moi, et me procurez un passeport. »
tout à fait d’accord avec Pierre Dolivet..et la réponse de la feuille de chou me semble très décalée.
Une brève réponse avant une recension du livre de Houria Bouteldja:
Pourquoi accuser de communautarisme ceux qui sont rejetés de la “communauté nationale” par les Badinter E., Valls et alii?
Qui empêche le vivre-ensemble? Qui refuse l’égalité inscrite au fronton de la République?
“Terrorisme”? Ceux aux noms imprononçables, les Palestiniens aussi étaient ou sont nommés “terroristes”.
Pourquoi pas résistants? Faites l’effort de comprendre la pensée décoloniale! Abandonnez la blanchitude.
Pourquoi reprocher à Houria de se sentir arabe, musulmane, etc? Quand les Polonais résistaient au nom de leur foi catholique au stalinisme, on trouvait ça normal!
Bonjour à tous,
D’habitude, je suis assez d’accord avec vous sur plein de sujets, mais là, je crois que votre aveuglement “bisounours”, tendance gauche bien-pensante et pro-communautariste va un peu (trop) loin.
Comme disait prétendument Voltaire : “je ne suis pas d’accord avec vos idées, mais je me battrai afin que vous puissiez les exprimer”. Néanmoins, en appliquant un regard plus circonspect, un peu plus neutre, sur l’article de “Marianne”, vous auriez pu comprendre le sens qu’a voulu donner Jack Dion à son article et je ne pense pas que “Marianne”, ni ses journalistes soient des affidés de la mouvance fasciste et raciste que vous évoquez en filigranne, comme ne peut l’être Thomas Guénolé, avec lequel je ne partage pas non plus tous les points de vue.
Rien que le titre du livre “Les Blancs, les Juifs et nous” permet d’emblée de cerner le côté non accepté du “vivre ensemble” de la dame, au maintien noble et fier, qui s’exprime avec tranchant et qui de plus, est arabe, pour reprendre vos propos élogieux du personnage.
Cette brave fille invoque quand même le principe selon lequel le terrorisme peut-être, pour les opprimés, une arme nécessaire … Si nos braves opprimés sont si malheureux dans ce pays, où ils bénéficient de la Sécurité Sociale, de soins et d’écoles, de loisirs et d’une forme de liberté dont n’osent même pas rêver les saoudiens, les algériens, les iraniens, comme d’autres “démocraties” dont la religion d’état est le wahabisme, sunnisme et autre theocratie, ils devraient demander l’asyle politique chez les obscurantistes moyen-âgeux, décorés de la légion d’honneur par notre cher président “normal”.
Quand je lis que Houria Bouteldja déclame : “j’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie et à l’Islam”, je me demande quid du “vivre ensemble” prôné par nos institutions laïques et républicaines ? Et in fine, notre égérie, porte-parole du parti des Indigènes de la République, nous fait le rappel religieux nécessaire dans ce pays (la France) menacé par une “impiété collective” en nous informant doctement qu’Allah “échappe à la raison blanche” alors que “de sa foi, l’indigène tire sa puissance” … etc.
Il est grand temps que nous revenions au bon sens. C’est à dire la loi de 1905, ni plus ni moins et ce n’est pas en entretenant le communautarisme de cet ordre, qui n’est rien d’autre qu’une autre forme de racisme, que nous allons réussir le “vivre ensemble” que j’ai connu dans les années avant 1990 et qui me semble aujourd’hui tellement loin à cause de ce “laisser faire, laisser dire” et des soutiens d’idiots utiles comme une certaine gauche “bisounours” qui a commencé à laisser faire, laisser dire et fermer les yeux, les oreilles et la bouche, pour des raisons électoralistes et de clientélisme, en abandonnant le combat pour la laïcité, qui est à mes yeux l’essence même de la liberté et du vivre ensemble.
Où est la haine et quelle est la cible ?
cordialement – pierre dolivet / mulhouse