Mme Benchama ramenée au centre de rétention administrative de Geispolsheim le 22 avril à 10h30 après son passage devant le juge des libertés et de la rétention.

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Au fond entre les gendarmes, la grand-mère marocaine, à droite, son fils, à gauche, Mustapha El Hamdani, président de Calima, et conseiller municipal de Strasbourg.

Cinq personnes solidaires l’attendaient dès avant 9h, mais la session, fixée à 9h45 en fait, a commencé à 9h55. Outre les 5 militants et un paquet de gendarmes et policiers, il y avait un journaliste de la presse allemande, mais aucun média régional n’avait jugé bon d’être présent. A croire qu’ils ont eu des pressions après l’affaire Eléna Ten, l’étudiante russe, assignée à résidence, après une brève mais efficace campagne que la presse, après l’AFP, avait accompagnée.

Une grand-mère marocaine serait-elle moins “vendeuse” qu’une étudiante russe?

Juste avant l’entrée du juge, les policiers sont venus signifier que la présence d’enfants était interdite. L’épouse du fils de Mme Benchama avait en effet accompagné depuis Belfort son mari avec ses deux enfants de 2 ans et 8 mois.

Ce n’est pas la place des enfants dans un tribunal; mais est-ce la place d’une maman et grand-mère marocaine dans un centre de rétention?

L’avocate nous a expliqué qu’il y ne fallait pas s’attendre à un résultat positif, car, il y a de nombreux étrangers, présents en France depuis 8 ou 9 ans, qui y travaillent et ont une vie normale, et qui sont expulsés tous les jours. Donc peu d’espoir pour une Marocaine qui ne séjourne que depuis 6 mois.

Le TA avait jugé irrecevable le recours formé par le fils, mais l’avocate ne sait pas encore pour quelle raison. Quant au second recours, redéposé immédiatement, il semble que, entre le tribunal de Besançon et Strasbourg, la transmission soit difficile.

Le juge une fois entré, puis Mme Benchama, avec un interprète (elle ne parle pas un mot de français), il rappelle qu’elle est en rétention depuis le 14 avril, qu’elle a été déboutée le 18 au TA de Strasbourg.

Il précise de suite que “la situation de Mme Benchama ne va pas dans le sens d’une assignation à résidence“. En clair, elle refuse de dire qu’elle partira d’elle-même au Maroc pendant les dix jours qui lui seraient accordés, hébergée par son fils, avant de quitter le territoire.

Il ajoute qu’ “elle a refusé de prendre l’avion“.

En réalité, elle s’était contentée de dire aux gendarmes qu’elle refuserait; ceux-ci l’avaient rassurée dès le CRA en disant qu’ils devaient la conduire mais qu’elle ne partirait pas. Et ils n’ont pas usé, cette fois, de la manière forte.

Mais la prochaine fois?

Après moins de cinq minutes, traduction comprise, justice TGV, à 10h, le juge se retire. Il revient à 10h20 et dans le vocabulaire juridique propre à l’incompréhension du citoyen lambda, et encore plus d’une Marocaine illettrée, il annonce que Mme Benchama n’est pas “éligible à une assignation à résidence“, puisqu’elle persiste à vouloir se maintenir sur notre territoire, en dépit de l’OQTF du Préfet du Territoire de Belfort. Elle a refusé d’embarquer. Donc, elle est réconduite vers le centre de rétention pour une durée totale, et renouvelable une fois, de 15 jours à compter du 15 avril.

Les vols ayant repris à Strasbourg-Entzheim, le volcan islandais ne menaçant, paraît-il plus les réacteurs des avions, il est probable que dès que le préfet du Bas-Rhin aura trouvé une place dans un avion, elle sera à nouveau conduite à l’aéroport pour expulsion.

Donc, tenez vous prêts à venir dans le hall de l’aéroport! Dès que prévenus de son départ, nous lancerons un appel.

Comme hier, il s’agira de parler de Mme Benchama aux passagers, de leur expliquer que, s’ils refusent, par solidarité, de boucler leur ceinture, le pilote ne peut décoller, et qu’au plus, cela retardera leur vol jusqu’à ce que les gendarmes débarquent l’expulsée malgré elle, s’ils sont arrivés à la faire entrer dans l’avion.

VIGICRAGE

Le quotidien L’Alsace avait publié ce jeudi un papier sur Mme Benchama

les informations datent d’avant sa comparution ce jour au Tribunal chez le JLD

http://www.lalsace.fr/fr/permalien/article/3026869/Une-veuve-marocaine-en-retention.html

jeudi après-midi 17h

Vigicrage a vu Mme Benchama cet après-midi et lui a parlé à travers les grilles grâce à un interprète improvisé lui aussi retenu.

Elle s’alimente un peu, à cause des médicaments qu’elle doit prendre.

Elle refuse de retourner d’elle-même au Maroc où elle n’a plus aucune famille.

Elle risque à chaque jour d’être emmenée à l’aéroport pour être expulsée.

Son dossier pour la reversion de pension militaire est bouclé.

Si elle était expédiée au Maroc, il lui faudrait attendre, seule, six mois, pour demander un rapprochement familial dont il n’est pas sûr du tout que le Consulat français au maroc le lui accordera.

Mme Benchama doit pouvoir rester en France, auprès de ses enfants et petits-enfants!

Assez de cette politique inhumaine!