Mais qu’attend la Ville de Strasbourg qui a déjà exporté son savoir-faire concernant les Rroms en Ukraine pour conseiller les Vaudois?
Le canton de Vaud interdit les pauvres
Vaud • Pour lutter contre la pauvreté, il suffit de l’interdire! La semaine dernière, la droite du Grand Conseil vaudois, avec l’aide de quelques Verts, a suivi religieusement les conseils de l’UDC en la matière. Un référendum pourrait être lancé.
Publié le 6 octobre 2016 par Juliette Müller dans la rubrique Vaud
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Cachez ce pauvre que nous ne saurions voir! Le 27 septembre dernier, le Grand Conseil vaudois a décidé, avec l’aide de l’abstention de quelques Verts, d’interdire la mendicité dans le canton en acceptant l’initiative de l’UDC «contre la mendicité et l’exploitation de personnes à des fins de mendicité». Pour lutter contre la pauvreté, il suffit de l’interdire! Il fallait y penser. L’UDC nous avait habitués à ses recettes simples, et celle-là ne contrevient pas à la règle
Dorénavant, ceux qui oseront faire scandaleusement démonstration de pauvreté en pleine rue seront punis d’une amende de 50 à 100 francs, que la police pourra prélever de suite (avec pour conséquence de laisser ledit pauvre sans un seul sou!)
Expériences inefficaces
Envoyer des enfants ou des personnes dépendantes mendier ou organiser un réseau de mendicité sera également puni d’une amende de 500 à 2000 francs. Détail à noter à propos de ce dernier délit: il relève avant tout du fantasme: «Cela fait des années qu’il y a de la désinformation par rapport aux réseaux organisés. La police a prouvé à plusieurs reprises qu’il n’y a jamais eu de mafia dédiée à l’organisation de la mendicité, ni dans le canton de Vaud, ni à Genève, à l’exception d’un seul cas», réagit Véra Tchérémissinoff, d’Opre rom, association lausannoise de solidarité avec les Roms (car c’est bien d’eux dont il s’agit).
Dans le contre-projet qu’il proposait au Grand Conseil, le Conseil d’Etat vaudois relevait du reste la même chose: «Jusqu’ici, ni la police lausannoise, ni la police cantonale, ni le Ministère public n’ont été confrontés à des cas de mendicité qui relèveraient de l’activité criminelle», à l’exception d’un cas survenu en 2014 à Genève et en France voisine. Une affaire qui s’était déroulée…. «sous un régime d’interdiction totale de la mendicité!» Pour rassurer l’imaginaire collectif (sans doute), le Conseil d’Etat proposait tout de même de réprimer plus sévèrement ces cas inexistants ou presque par une amende jusqu’à 10’000 frs. Mais son contre-projet n’aura même pas été discuté.
Opre Rom réagit
Les réseaux étant inexistants, de quoi s’agit-il, donc? De faire disparaître les simples mendiants. Or, non seulement les communes ont pour la plupart déjà pris des mesures d’interdiction (sauf, notamment, Lausanne, qui a adopté un régime de limitation seulement), mais en plus, le remède semble peu convaincant. Se référant au cas genevois, le Conseil d’Etat vaudois soulignait ainsi que «Genève connaît une longue controverse quant à la législation en vigueur, son utilité, son applicabilité. Les frais d’encaissement ont notamment donné lieu à une polémique en rapport à l’envoi de nombreuses factures jusqu’en Roumanie». Et de conclure que «l’expérience démontre que l’interdiction légale de la mendicité ne fait pas disparaître celle-ci». Par ailleurs, l’interdiction «imposerait sans raison suffisante aux forces policières et à la justice vaudoise une nouvelle tâche au détriment de missions plus prioritaires», notent encore les autorités.
Pour Véra Tchérémissinoff, l’interdiction «poussera simplement les Roms à partir faire la même chose ailleurs… et encore. Le cas genevois montre qu’ils ne partent pas toujours»! En d’autres termes, l’effet sera nul ou presque, sauf de rendre les pauvres encore plus pauvres ou de les déplacer. Mais peu importe. Interdisons tout de même!
Projets impossibles
«En chassant perpétuellement ces personnes d’un endroit à l’autre, on ne laisse pas la possibilité à de vrais projets de se mettre en place», déplore Véra Tchérémissinoff, qui estime que «l’interdiction intervient au mauvais moment». Depuis le mois de juin dernier, l’autorisation de travailler en Suisse pour les ressortissants roumains et bulgares est en effet facilitée, ce qui donnerait aux Roms, selon la militante, de meilleures possibilités d’intégration. «Mais il y a des défis en matière d’éducation et de formation, beaucoup sont analphabètes, cela prend du temps», relève-t-elle. «Nous ne défendons pas la mendicité, mais c’est un moyen de subsistance provisoire en attendant de trouver une situation plus digne», précise-t-elle. Et d’insister sur le fait que les Roms ont rarement pour projet de rester en Suisse, mais plutôt de pouvoir y travailler occasionnellement pour soutenir leur famille.
«Les Roms sont toujours suspectés de quelque chose: travailler pour des mafias ou être de ‘’faux mendiants’’. On ne les voit jamais comme des vrais pauvres alors que selon la Commission européenne, 80% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté en Europe», s’exclame Vera Tchérémissinoff. Pour améliorer leur sort dans leurs pays d’origine, la Ville de Lausanne a débloqué des montants qui sont versés à Terre des hommes, ce que la militante salue. Mais «les projets de cette organisation ne se trouvent pas du tout dans la région d’où viennent les Roms de Lausanne», déplore-t-elle. Un référendum pourrait être lancé à l’initiative de Solidarités.
http://www.gauchebdo.ch/2016/10/06/canton-de-vaud-interdit-pauvres/
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