http://www.haaretz.com/news/national/noam-chomsky-denied-entry-into-israel-1.290701
vidéo:
http://www.youtube.com/watch?v=s0vvaNM9J0U
Après s’être vu refuser l’entrée en Cisjordanie, Chomsky assimile Israël à un ‘régime stalinien’
Amira Hass
Haaretz, 17 mai 2010
Le linguiste Noam Chomsky était prévu pour une conférence à l’université de Bir Zeit près de Ramallah et une rencontre avec le premier ministre de l’AP Fayyad.
Dimanche, le ministère de l’intérieur a refusé au linguiste Noam Chomsky l’entrée en Israël et en Cisjordanie. Chomsky, qui s’aligne avec la gauche radicale, était prévu pour une conférence à l’université Bir Zeit près de Ramallah, des visites à Bil’in et à Hébron, ainsi qu’une rencontre avec le premier ministre palestinien Salam Fayyad et divers militants Palestiniens.
Dans une conversation téléphonique la nuit dernière depuis Amman, Chomsky a dit à Haaretz qu’il concluait des questions du fonctionnaire israélien que le fait qu’il venait pour une conférence dans une université palestinienne et non dans une université israélienne avait conduit à la décision de lui refuser l’entrée.
« J’ai du mal à penser à un cas similaire, où l’entrée d’une personne est refusée parce qu’il ne parle pas à Tel-Aviv. Peut-être seulement dans les régimes staliniens », a-t-il Chomsky à Haaretz.
Sabine Haddad, une porte-parole du ministère de l’intérieur, a confirmé à Haaretz que les fonctionnaires de la frontière étaient du ministère.
« Parce qu’il n’entrait que dans les territoires de l’Autorité palestinienne, son entrée est la responsabilité du Bureau du Coordinateur des Activités du Gouvernement dans les Territoires (COGAT) au ministère de la défense. Il y a eu un malentendu de notre part, et la question n’a pas été portée à l’attention du COGAT ».
Haddad a dit à Haaretz que « à la minute où le COGAT aurait dit qu’il n’objectait pas, l’entrée de Chomsky aurait été permise ».
Chomsky, un professeur juif de linguistique de philosophie au Massachusetts Institute of Technology, a passé plusieurs mois au kibboutz Hazore’a au cours des années 50 et à envisagé un séjour plus long en Israël.
Il était invité par le Département de philosophie de Bir Zeit. Il prévoyait de passer quatre jours en Cisjordanie et de donner deux conférences.
Dimanche, vers 13 h 30, il est venu au côté israélien de la frontière avec la Jordanie. Après trois heures d’interrogatoire, pendant lesquelles l’inspecteur des frontières a appelé plusieurs fois le ministère de l’intérieur pour des instructions, le passeport de Chomsky a été tamponné avec « Denied Entry ».
Sa fille Aviva et un couple de vieux amis de lui et de son épouse décédée étaient avec Chomsky, âgé de 81 ans.
L’entrée a été aussi refusée à sa fille.
Leurs amis, dont un est un Palestinien qui a grandi à Beyrouth, ont été autorisés, mais ont choisi de revenir à Ammân avec Chomsky.
Chomsky a dit à Haaretz qu’il était clair que son arrivée était connue des autorités, qu’à la minute même où il est entré dans la pièce de contrôle des passeports, l’inspecteur lui dit qu’il était honoré de le voir et qu’il avait lu ses livres.
Le professeur a conclu que l’inspecteur était un étudiant, et a dit qu’il semblait gêné, particulièrement quand il a commencé à lire les questions écrites qui lui avaient été dictées, et qui lui ont été dit dites aussi ensuite par téléphone.
Chomsky a parlé à Haaretz de ces questions.
« L’inspecteur m’a demandé pourquoi je ne faisais une conférence qu’à Bir Zeit et pas dans une université israélienne », se souvient Chomsky. « Je lui ai dit que j’avais donné de nombreuses lectures en Israël. L’inspecteur a lu la déclaration suivante : ‘Israël n’aime pas ce que vous dites’ ».
Chomsky a répondu : « Trouvez un gouvernement dans le monde qui aime ce que je dis ».
« Le jeune homme m’a demandé si j’avais jamais eu des refus d’entrer dans d’autres pays. Je lui ai dit, une seule fois, pour la Tchécoslovaquie, après l’invasion soviétique de 1968 », dit-il, ajoutant qu’il était allé rendre visite au leader tchèque déchu Alexander Dubcek, dont les soviétiques venaient d’écraser les réformes.
En réponse à une question de l’inspecteur, Chomsky a dit que les sujets de ses conférences étaient « l’Amérique et le monde » et « l’Amérique chez elle ».
L’inspecteur lui a demandé s’il parlerait d’Israël et Chomsky a dit que parce qu’il parlerait de la politique des USA il commenterait aussi sur Israël et sa politique.
L’inspecteur lui a dit ensuite : « Vous avez parlé à [Hassan] Nasrallah ».
« C’est vrai », lui a-t-il Chomsky. « Quand j’étais au Liban [avant la guerre de 2006] j’ai parlé à des gens de tout le spectre politique, comme en Israël je parle aussi à des gens de droite ».
« À l’époque j’ai lu des comptes rendus sur ma visite dans la presse israélienne, et les articles de la presse israélienne n’avaient aucun rapport avec la réalité », a dit Chomsky à l’inspecteur des frontières.
L’inspecteur a demandé à Chomsky pourquoi il n’avait pas un passeport israélien.
« J’ai répondu que j’étais un citoyen Américain » a dit Chomsky.
Chomsky a dit qu’il a demandé à l’homme du contrôle des frontières une explication officielle écrite pour la raison de son refus d’entrée et que « ceci aiderait le ministère de l’intérieur parce que de cette façon ma version ne sera pas la seule donnée aux médias ».
L’inspecteur a appelé le ministère puis a dit à Chomsky qu’il pourrait trouver la déclaration officielle à l’ambassade des USA.
Chomsky a visité Israël et la Cisjordanie pour la dernière fois en 1997, où il a donné des conférences des deux côtés de la ligne verte. Il avait aussi prévu une visite pour la bande de Gaza, mais comme l’Autorité Palestinienne insistait pour qu’il soit escorté par des gardes Palestiniens, il avait annulé cette partie de la vie visite.
À Haaretz, Chomsky a dit dimanche que l’empêcher d’entrer équivaut à boycotter l’université Bir Zeit. Chomsky est connu pour s’opposer à un boycott général d’Israël. « J’étais aussi contre un boycott de l’Afrique du Sud de l’apartheid. Si nous allons boycotter, pourquoi pas les États-Unis, dont le bilan est encore pire ? Je suis en faveur du boycott des compagnies américaines qui collaborent avec l’occupation », a-t-il dit. « Mais si nous boycottons l’université de Tel-Aviv, pourquoi pas le MIT ? »
Chomsky a dit à Haaretz qu’il soutient une solution à deux états, mais pas la solution proposée par Jérusalem, « des morceaux de terre qu’on appellera un Etat ».
Il a dit que le comportement d’Israël aujourd’hui lui rappelle celui de l’Afrique du Sud dans les années 1960, quand il réalisait qu’il était déjà considéré comme un paria, mais pensait qu’il résoudrait le problème par de meilleures relations publiques.
CCIPPP
Aucun commentaire jusqu'à présent.