16 h au Tribunal Administratif de Strasbourg.

Mme Rqiya Benchama Allal attend son tour . Elle est assise aux côtés de son fils venu une nouvelle fois de Belfort. Les deux gendarmes débonnaires veillent. Pour une fois, ils n’ont pas usé des menottes pour le transfert.

L’avocate potasse le dossier. Un journaliste de l’AFP, alerté la veille, est présent, chose rare. Un conseiller municipal aussi.

Cinq militants de RESF attendent.

L’affaire passe enfin, en dernier, avant le week-end. La présidente préside, l’avocate plaide, le fils défend sa maman, silencieuse -elle ne parle que l’arabe, mais ne dira pas un mot- elle se contente d’ essuyer de temps à autre ses yeux humides.

La présidente se retire. Elle délibère (avec elle-même). Le temps passe; on discute.

La présidente rentre enfin, on se lève, on s’assied. Et en quelques mots brefs, elle casse nos espoirs.

Le recours déposé par le fils,sans aide de juriste, est irrecevable. Il manque le nom de sa maman quelque part. Et voilà…

On sort. la maman a les yeux encore plus mouillés.L’avocate a déposé un autre recours. Les gendarmes emmènent la dame,digne,vêtue d’une djellaba, les cheveux couverts d’un foulard, les pieds nus dans des sandalettes.

On apprend peu après de la bouche du fils, qu’elle ne mange pas depuis 3 jours. Elle ne peut mâcher, vu l’état de ses dents, et s’alimente habituellement de liquides. Alors au Centre de Rétention Administrative!

Nous discutons un moment sur le trottoir devant le Tribunal administratif. Que faire? Nous alertons un conseiller municipal pour qu’il contacte le consul du Maroc qui doit délivrer le laissez-passer sans lequel aucun étranger ne peut être expulsé.

Nous nous inquiétons de l’heure de l’avion de Strasbourg-Entzheim pour le Maroc. Il y en a un à 14 h. Pourvu qu’ils n’accélèrent pas les procédures!

De toute façon, le fils qui repart pour Belfort, revient demain matin. Il s’est arrangé avec son patron.

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