Soirée dominicale et lundi amers pour ceux qui s’y voyaient déjà!

Bigot, le socialo-centriste s’imaginait sans doute donner des gages à une Alsace jugée centriste, à la Zeller, et croyait attirer le client en exhibant “la-fille-de-” (Hoeffel), comme elle est appelée, nous a-t-on confié à la Salamandre, le QG, hier soir, des perdants .

Il en “oubliait”, mercredi, au meeting d’appeler la gauche de la gauche, très assuré, comme le disait un socialiste tractant à Hoenheim, que ses voix étaient acquises, en quoi il a jusqu’à présent raison.

Mais c’est oublier les non inscrits et les abstentionnistes des quartiers populaires qui manquent régulièrement au vote, car ils ne voient rien changer depuis des années, sinon l’aggravation de leur situation.

Certes la gauche réformiste avance pas à pas dans les villes grandes et même petites, et voir le score de Colmar est réjouissant.

Mais pour gagner vraiment l’Alsace, il faut autre chose qu’une centre gauche si proche du centre droit régnant. A moins de faire une croix (!) sur les classes populaires, il faudra bien trouver le programme et le discours qui les fera sortir de leur insurrection civique permanente et de leur éloignement de la politique politicienne.

Et là, ce n’est pas dans le feutré qu’il faut œuvrer, à moins de se résigner à ce qu’elles entendent encore plus les sirènes simplistes de l’extrême-droite.

Fernique en rêvait, ce matin il se réveille. A-t-il fait tout cet effort fer nix? On peut penser que non, grâce au succès d’Europe Ecologie dans le pays qui va favoriser une nouvelle donne succédant à la défunte union de la gauche, avec les écologistes dans le rôle du PCF. Cohn-Bendit a lancé un nouvel appel du 22 mars!

Et sur le terrain, avec le GCO dont la route est tracée pas le Conseil d’État, il y a de quoi se mobiliser.

Trois choses sautent aux yeux, le taux élevé des abstentions, malgré un progrès d’entre les deux tours, le vote encore important pour l’extrême-droite et la débandade des sondeurs qui voyaient un score serré, ce qui bien entendu ne les dissuadera pas de continuer leur sondages, puisque les clients payent.

Enfin, le quasi hapax électoral de l’Alsace, seule région métropolitaine restée à droite, si on compare avec d’autres régions comme la Bretagne et la Corse, qu’on rapproche de la nôtre, à cause de la présence d’une problématique nationale ou régionaliste, qui sert soit les autonomistes soir les indépendantistes, ne laisse pas de laisser songeur ici.

Bizarrement, malgré la présence dispersée de régionalistes alsaciens dans presque toutes les listes, et l’absence d’une liste clairement alsacienne de centre gauche qui aurait pu exister si l’ICA de Pierre Klein ou d’autres n’avaient pas renoncé sans combat, la thématique régionaliste, n’a guère dépassé les mails échangés ces dernières semaines et on passe presque pour un ovni (objet votant non identifié). lorsqu’on en parle dans une gauche encore trop jacobine, comme l’a dit Roland Ries hier soir à la télé.

Or, cette problématique alsacienne, c’est justement l’un des traits qui font la force de la “majorité alsacienne” qui ne porte pas ce nom pour rien et qui parvient encore, dans les campagnes, dans le nord de la région et son extrême-sud à se faire entendre comme des défenseurs chrétiens-sociaux de l’Alsace, de sa langue, de ses particularismes pris en bloc, les bons et les moins bons, bien qu’en général, ils tiennent à Paris un discours et un vote différents de ce qu’ils font ici.

Un autre point qui, à gauche, semble tabou et qui fait la force de la droite, quel que soit le nom dont elle s’affuble, c’est la question religieuse. Les forces laïques ont refusé et refusent toujours de s’en prendre, même avec toute la pédagogie dont témoigne par exemple l’association Laïcité d’Accord, à l’influence des églises sur les Alsaciens. Avec la forte présence associative locale et celle des élus tout cela explique la singularité alsacienne et le décalage avec la France de l’intérieur.

A quoi il faudrait ajouter un grand silence sur la partie de l’électorat aux origines maghrébine ou turque, et de religion musulmane, dont à vue d’œil, on constate l’absence sur la plupart des terrains où on devrait les retrouver. Rejetés de tous les côtés, par le racisme, l’islamophobie, ils sont quasi contraints de se replier sur leurs communautés d’origine, avec le risque d’être ensuite traités de communautaristes!

Quant aux étrangers non-européens, toujours privés de droit de vote, qui en a parlé?