Les personnes venues soutenir l’action Ferries Not Frontex cet après-midi aux abords du Parlement européen ont partagé un moment intense qui mêlait conviction et émotion autour d’un symbole fort : l’abordage de la forteresse Europe.
En effet, le choix fort et courageux d’installer des migrants, militants associatifs de défense des droits humains, à bord d’un canot pneumatique noir identique à ceux que les migrants empruntent pour traverser la Méditerranée, de les faire ramer sur l’Ill puis accoster sur le quai devant le Parlement européen, a eu l’effet magique en peu de temps et dans un espace restreint de recréer toute l’atmosphère, la symbolique et les enjeux de la migration “nord-sud”.
A partir d’un seul élément décidé à l’avance (le canot), c’est toute une mécanique qui s’est mise en place et s’est révélée au grand jour et aux yeux de tous en quelques minutes. Tout y était : les navettes de la gendarmerie et de la Polizei qui rodaient sur l’eau, la forteresse-parlement au loin, comme imprenable, les vigiles et les policiers sur le quai à l’arrivée et même les politicards qui parle-mentent posant tout sourire devant l’objectif des caméras, et volant la parole aux principaux concernés.
Heureusement, les organisateurs ont abrégé cette récupération politicienne honteuse, surtout de la part des représentants de la Ville de Strasbourg (quand on voit comment ils traitent les Roms-migrants…) et du Parti socialiste qui a voté il y a peu l’autorisation d’utiliser l’armement militaire contre les bateaux de migrants et a remarquablement adopté les méthodes de l’extrême-droite lors de l’évacuation violente des migrants de la Halle Pajol, il y a 3 jours, en plein Paris.
La place a été laissée à la parole digne et aux témoignages émouvants des migrants présents qui ont tour à tour évoqué leur calvaire, le départ du pays en guerre bien souvent, la traversée dans la peur, la perte d’êtres chers, l’arrivée, la désillusion, puis le désespoir. Des hommes et des femmes perdus ici comme là-bas, des vies sacrifiées ici comme là-bas, des destins brisés ou qui n’arrivent pas à se construire, et au final, notre échec plus que le leur.
Durga
Miguel Urban (Podemos)
José Bové :
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