Pourtant, si au Liban les possibilités d’une nouvelle guerre sont écartées dans l’avenir immédiat, en Israël, les médias exposent des plans d’attaque en long et en large. En gros, il est question d’engager 160 000 soldats dans une vaste opération terrestre. Les plans exposés expliquent aussi que l’attaque doit être menée dans les plus brefs délais car « il faudrait profiter des points de faiblesse du Hezbollah ». Selon les médias israéliens, ce dernier ne serait pas aussi fort qu’il le prétend. C’est vrai qu’en 2006, il n’avait que 10 000 combattants et que maintenant il en a bien plus. Mais en voulant pratiquer une vaste campagne de recrutement, il a enrôlé trop de gens sans avoir la possibilité de les entraîner comme les combattants de 2006, qui avaient été formés pendant des années et qui avaient atteint un haut degré de professionnalisme. Sans oublier le fait qu’en ayant trop de gens, on a aussi moins de discipline et surtout moins de discrétion.
De plus, toujours selon les médias israéliens, l’armée israélienne et le Mossad auraient adapté leurs bases de données et reconstruit leurs réseaux d’informateurs, en dépit de la découverte par les services libanais de nombreux espions. Ceux-ci ne seraient qu’une petite partie de l’iceberg. Selon ces médias, le Hezbollah n’aurait pas achevé la reconstruction de ses réseaux souterrains, qui lui avaient permis d’enregistrer d’importantes victoires en 2006, notamment à Bint Jbeil, lorsque les Israéliens avaient cru à plusieurs reprises occuper la localité hautement symbolique, avant de voir les combattants du Hezbollah « surgir de terre », modifiant le cours de la bataille. Enfin, les médias israéliens affirment qu’en dépit de l’image symbolique des présidents iranien et syrien en compagnie de Hassan Nasrallah à Damas, la Syrie ne serait pas prête à se lancer directement dans la bataille si Israël attaquait le Liban, car même si elle a reconstitué et modernisé son arsenal, elle ne souhaite pas revenir des années en arrière et remettre en cause son nouveau statut d’État influent dans la région, après avoir été considérée comme un « État voyou », selon la fameuse formule de George Bush.
Dans les milieux proches du Hezbollah, on place ce genre d’informations dans le cadre de la guerre psychologique visant à déstabiliser les Libanais et à les faire douter des capacités du parti. Selon eux, le Hezbollah n’a jamais été aussi puissant et le secrétaire général du parti n’a pas divulgué toutes les données en sa possession, préférant distiller de nouveaux éléments dans chaque discours, tenant ainsi ses auditeurs en haleine. Selon ces milieux, en parlant des aéroports, Nasrallah n’a pas précisé que non seulement le Hezbollah peut les bombarder, mais il a aussi des cibles précises de sorte que les avions qui décolleraient pour bombarder le Liban ne pourraient peut-être pas retourner dans leurs bases. Comme à l’accoutumée, les milieux proches du Hezbollah ne confirment ni ne démentent les techniques de la guerre souterraine, se contentant de reprendre les propos du secrétaire général sur de nouvelles techniques qui surprendront les Israéliens. Ils assurent aussi que les combattants d’aujourd’hui sont aussi performants que ceux de 2006 et que la découverte de réseaux d’espionnage par les services de sécurité a porté un coup sévère aux renseignements israéliens au Liban. Les mêmes milieux ajoutent que le fait pour Nasrallah de menacer de bombarder les navires se dirigeant vers les ports israéliens donne une idée de la portée des missiles en sa possession. De même, sa précision sur le fait qu’il ne compte pas bombarder les navires en partance d’Israël vise à pousser les Israéliens à partir. Ces milieux précisent qu’au cours des dernières années, plus d’un million d’Israéliens laïcs ont quitté le pays, laissant la place aux extrémistes de tous bords. Enfin, les milieux proches du Hezbollah estiment que les positions du président Assad sont claires. Il appuie ouvertement la résistance et il aurait demandé aux visiteurs étrangers en Syrie de pousser l’Occident à mettre un terme à l’agressivité d’Israël… Enfin, il aurait aussi précisé qu’en cas d’attaque du Liban, la Syrie serait prête à intervenir non seulement si elle est directement menacée, mais aussi si les Libanais le lui demandent.
Les deux thèses s’affrontent et le seul résultat concret, c’est que la guerre ne s’est pas arrêtée même si les canons se sont tus. Mais elle peut se poursuivre de cette façon pendant une longue période, l’aventure militaire étant trop coûteuse et ayant une issue incertaine, surtout pour Israël…
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