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Eurométropole | Société Aide aux sans-abri : un second squat à Eckbolsheim

Deux mois après l’ouverture de « l’Hôtel de la rue » dans un bâtiment du parc d’activités Gruber à Koenigshoffen, un collectif de citoyens strasbourgeois engagés dans l’aide aux migrants et aux sans-abri a rendu publique ce dimanche matin l’ouverture d’un second squat, à Eckbolsheim.

Il n’y a pas que la Roue qui tourne depuis l’occupation du squat Gruber; après quelques articles plutôt bienveillants pour les occupants qui étaient enfin sortis de la rue, pendant l’été où de jeunes journalistes écrivent pendant que les ainés sont en vacances, le cours habituel a repris avec la fraicheur automnale. Ainsi ce titre qui se fait l’écho de prétendues plaintes d’entreprises du Parc Gruber contre les nouveaux voisins.

Poubelles qui débordent…” qu’attend la ville pour en ajouter puisque plus de 150 personnes vivent dorénavent sur place?

Attroupements sur les espaces communs…” S’ils sont communs, les résidents peuvent en user!

Les entreprises ont repéré “un ballet de grosses cylindrées qu’ils supposent conduites par des dealers..” Preuve s’il en est besoin des fantasmes de ceux qui ne sont pas entrés dans le bâtiment, sans quoi ils auraient vu les diverses mesures du règlement intérieur parmi lesquelles l’interdiction des drogues, de l’alcool de la violence, etc!

Et rendez-vous compte, il y a du linge qui sèche aux balcons! Quelle horreur!

Et les DNA de rendre compte complaisamment de ces plaintes portant sur des billevesées, alors que le fond de la question, le droit à un toit pour tous et toutes n’est nullement abordé!

DNA

Strasbourg-Koenigshoffen | Au parc d’activités Gruber Une cohabitation difficile entre L’Hôtel de la rue et les entreprises
Un mois et demi après le début du squat de l’ancien siège de la brasserie Gruber, que l’association La Roue tourne a transformé en « Hôtel de la rue », les professionnels installés au parc d’activités de Koenigshoffen pointent une cohabitation compliquée.
Poubelles qui débordent, attroupements sur les espaces communs… Selon les professionnels du parc d’activités Gruber, L’Hôtel de la rue pose des problèmes de salubrité et d’insécurité.

Ils tiennent d’emblée à le préciser : ils n’ont rien contre les occupants de « L’Hôtel de la rue », l’ancien siège de la brasserie Gruber transformé depuis cet été en lieu d’hébergement de réfugiés et de sans-abri. Mais la douzaine de professionnels rassemblés ce mardi matin sur le parking central du parc d’activités Gruber, leur lieu de travail et parfois de vie, ne cache pas pour autant son agacement face aux conséquences du changement de destination imprévu de l’imposante bâtisse qui domine le site.

Cet immeuble remarquable, inoccupé depuis 2010 et le départ de la caisse du Régime social des indépendants, a été racheté l’an passé par la Ville de Strasbourg, dans l’optique d’y regrouper différents services de proximité dispersés à Koenigshoffen : le centre médico-social, la mairie de quartier, les bureaux de l’adjoint et la direction du territoire. Mais le 23 juillet, une poignée de militants de l’association La Roue tourne, soutenus par le collectif D’Ailleurs nous sommes d’ici, en a pris possession. Un mois et demi plus tard, le lieu est devenu le toit de 157 personnes qui n’en avaient pas.

« La situation commence à se tendre, j’ai déjà failli en venir aux mains »

S’il « n’est pas question de remettre en cause l’hébergement de personnes sans domicile, qui est une noble cause », les usagers du parc rassemblés autour du président de l’association syndicale Paul Fischer rappellent que « le bâtiment n’est pas adapté à cet usage et que ce squat est illégal » — raison pour laquelle, du reste, la Ville a déposé plainte dès le lendemain de l’occupation.

Le surgissement de L’Hôtel de la rue est source d’« incompatibilités » avec le fonctionnement du parc Gruber, lieu d’activités économiques : « Ses entreprises, commerces, ateliers, ateliers d’artistes, etc., ont besoin d’un cadre accueillant pour leur clientèle et leurs salariés [200 personnes travaillent sur le site, NDLR] », posent les professionnels, qui n’ont pas souhaité être nommément cités au regard du « contexte politique sensible ».

Or aujourd’hui, estiment-ils, ces conditions ne sont plus réunies : des « problèmes de salubrité et une sensation d’insécurité » ont « un retentissement direct sur l’activité des entreprises ». Les poubelles débordent, les places de parking sont squattées ; des attroupements se forment sur les espaces communs et devant les commerces, du mobilier, du linge et des vélos « traînent n’importe où », gênant la circulation à l’entrée du parc — L’Hôtel de la rue étant le premier bâtiment à côté du portail, route des Romains : en journée, tout cela « n’offre pas une image très favorable », et quand vient le soir, c’est pire encore.
Les professionnels du Parc Gruber déplorent de régulièrement retrouver leurs places de parking privatives occupées…
… et déplorent que le linge aux fenêtres, par exemple, ne donne pas une bonne image du parc d’activités.

Les utilisateurs du parc Gruber déplorent des rassemblements bruyants, des disputes, la déambulation de personnes « désœuvrées » et parfois « inquiétantes », un ballet de grosses cylindrées qu’ils supposent conduites par des dealers. « Le lieu n’est pas fréquenté uniquement par des bénévoles solidaires et des gens réellement dans le besoin, considère un chef d’entreprise. Mes employées ont peur de sortir. La situation commence à se tendre, j’ai déjà failli en venir aux mains avec certains. »

Alors certes, tous les problèmes ne datent pas du début du squat : le portail d’accès ne fermait pas, il manquait déjà des poubelles et de la lumière en contrebas du parc. Mais ces soucis sont désormais « exacerbés », considèrent ceux qui y travaillent. « Au contraire, répondent les initiateurs de L’Hôtel de la rue. Depuis qu’on est là, cinq bacs à ordures ont été rajoutés, et grâce à nous la lumière va être installée, » fait valoir Edson Laffaiteur, le président de La Roue tourne.
Dialogue de sourds
Le dialogue entre les usagers historiques du parc Gruber et le président de l’association gestionnaire de L’Hôtel de la rue, Edson Laffaiteur (à gauche), est pour le moins compliqué. Photo DNA /Jean-Christophe DORN
Le dialogue entre les usagers historiques du parc Gruber et le président de l’association gestionnaire de L’Hôtel de la rue, Edson Laffaiteur (à gauche), est pour le moins compliqué. Photo DNA /Jean-Christophe DORN

On l’a constaté de visu sur place : entre les différents utilisateurs du parc — ceux dont c’est le lieu de travail et ceux qui en ont fait un instrument politique —, c’est un dialogue de sourds, tant les aspirations respectives sont éloignées. Les premiers saluent l’initiative des seconds avec plus ou moins d’enthousiasme, mais réclament davantage d’égard pour leurs activités. Les seconds rejettent ces considérations jugées matérialistes, se prévalant, parfois avec arrogance, d’avoir fourni « un abri et des sanitaires à des gens qui n’avaient rien », d’avoir « redonné le sourire à des enfants », dont la plupart ont pu être scolarisés. « On n’est là pour embêter personne, mais notre souci, c’est d’aider ceux qui en ont le plus besoin », priorise Edson Laffaiteur.

L’Hôtel de la rue ne laisse d’évidence personne indifférent : aux inscriptions hostiles répondent des élans de solidarité ; les divisions au sein même du parc Gruber font écho à celles qui agitent la majorité municipale.

On en revient à la Ville : au final, c’est elle qui se retrouve au centre des récriminations. « Ce n’est pas à nous de jouer aux flics, soupire un autre professionnel. Si la Ville laisse faire, elle devrait prendre ses responsabilités pour que le site soit propre et sécurisé, et assurer une médiation pour s’assurer que tout le monde cohabite convenablement. » L’association syndicale envisage ainsi de provoquer une nouvelle réunion sur le site avec un représentant de la municipalité. De son côté, La Roue tourne constitue un dossier pour tenter d’obtenir de celle-ci la pérennisation du lieu.”
Florian HABY
20/09/2019 à 19:16