Prison-nié , j’écris plus ton nom (oui je sais, il y a une faute, c’est exprès)
Sur mes cahiers de confiné
Sur mon bureau et les plâtres
Sur le table sur le siège
J’écris ton nom
Sur toutes les plages virtuelles, pas vues
Sur toutes les blouses blanches tachées
Pavés, sang , sans papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les masques dorés
Sur les armes des policiers
Sur la couronne du présid’rois
Sur la lacrymo bue et gerbée
J’écris ton nom
Sur la jungle de Calais
Sur les radars, sur les boites de flageolets
Sur l’échographie de mon incontinence
J’écris ton nom
Sur les mouroirs de nuit
Sur le pain noir des gazés
Sur les saisons de “scène de ménage”
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons-masques-armures”
Sur l’étrange soleil moisi
Sur le “clac” d’une cartouche LBD
J’écris ton nom
Sur les Champs-Elysées sur l’horizon
Sur les ailes des drones zozos
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée de gaz
Sur la merde sur les bobos
Sur les motos “voltigeantes”
J’écris ton nom
Sur la housse et les chromes avec mes plombages
Sur les sueurs froides de la Gard’av
Sur leur code de déonto…
J’écris ton nom
Sur les formulaires , avec les menottes scintillantes
Sur les encoches des holsters
Sur la vérité j’ai gardé le silence
J’écris ton nom
Sur les senteurs qui te gardent éveillé
Sur les routes les keufs déployés
Sur les places vides qui débordent de silence
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur les lampes qu’ils éteignent sur ta gueule
 Sur les “maisons de tortures réunies”
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux , mon seul repas
Du miroir et de ma chambre de 2m cubes
Sur mon lit attaché
J’écris ton nom
Sur son chien armé et tendu
Sur ses oreilles agressées
J’écris ton nom
Sur les trempes et les coups de porte
Sur les objets confisqués
Sur le “plop” du coups de feu promis
 J’écris ton nom
Sur toute chair incommodée
Sur le front de mes manifs
Sur chaque main qui se tend “Heil Police” !
J’écris ton nom
Sur la vitre brisée des “appariteurs”
Sur les lèvres fendues
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refugiés détruits
Sur mes phares explosés
Sur les murs de ma cellule
J’écris ton nom
Sur l’absence d’avocat
Sur la solitude en garde à vue
Sur les marches de la mort rétablies
J’écris ton nom
Sur la Santé  des prévenus
Sur la démocratie disparue
Sur l’espoir sans avenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’ ”a voté”
Je recommence ma vie
Combien sont mort pour te connaître
Pour te nommer, et t’oublier
Prison-nié
. Inspiré d’un poème de Paul Eluard (“La Liberté”) Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)
Au rendez-vous allemand (1945, Les Editions de Minuit)
Winston