Comité de Vaucluse B.D.S. (Boycott, Désinvestissement, Sanction)
[Lundi 5 juin 2010]
Lettre ouverte à Monsieur le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance d’Avignon.
Monsieur le Procureur,
Nous avons appris que notre camarade, Abdel Zahiri, a été convoqué par vous, pour le « rappel à la loi ». Abdel Zahiri est un militant associatif agissant, comme nous tous, pour la défense des droits du peuple palestinien. Ceci dit, le rappel à la loi, nous ne sommes pas contre, au contraire nous sommes pour le respect des lois et pour leur application stricte. Comme nous savons qu’Abdel Zahiri a été convoqué par la police au sujet de ses activités au sein des assotions d’Avignon qui agissent pour la défense des droits du peuple palestinien, nous supposons que vous le convoquez pour l’entretenir du même sujet.
Nous vous rappelons qu’Abdel Zahiri est membre du comité local vauclusien « BDS », qui est affilié au BDS national dont la mission est de persuader les magasins de ne pas importer les produits israéliens provenant des colonies israéliennes, donc des terres volées aux Palestinien dont la vente est considérée comme illégale par l’Union européenne elle-même ; mais aussi de demander aux clients de ne pas les acheter. Ceci dit, Abdel Zahiri n’est pas seul à mener ces activités mais il fait partie des milliers de militants qui soutiennent la cause palestinienne sur le plan régional, des centaines de milliers sur le plan national et des dizaines de millions sur le plan international.
Le BDS est une association légale implantée dans tous les pays du monde, et donc en France, et mène des actions pacifiques dont le but est de parvenir à obliger Israël à respecter les droits des Palestiniens en utilisant le boycott de ses produits, entre autres. Ceci dit ceux qui enfreignent les lois européennes ce sont les magasins qui importent les produits israéliens en sachant qu’ils proviennent des terres volées aux Palestiniens, et que selon les décisions de l’UE sont interdits d’être vendus dans les pays qui constituent cette organisation. Israël ne veut pas mettre sur les étiquettes la provenance de ses produits, mais nous savons que la majorité d’entre eux provient des colonies illégalement installées sur les terres palestiniennes.
Rappel des faits
Faut-il vous rappeler, Monsieur le Procureur, qu’Israël n’a jamais respecté aucune des résolutions de l’ONU depuis son existence jusqu’à ce jour ? Voici ci-après quelques exemples des infractions aux lois et à la morale qu’Israël pratique systématiquement, se plaçant ainsi en position d’Etat hors la loi :
1) La résolution 273 du 11 mai 1949 stipule que la reconnaissance de l’Etat d’Israël par l’ONU dépendait du respect par ce dernier des résolutions 181 (concernant le partage de la Palestine en deux Etats) et la résolution 194 (concernant le retour des Palestiniens expulsé par les milices sionistes pendant la guerre de 1947-1948). Or, Israël ne les a jamais respectées jusqu’à ce jour !
2) Israël occupe 78% des territoires attribués aux Palestiniens par la résolution 181 ; en plus de ces terres, il a implanté 150 colonies sur les terres palestiniennes après 1967, il ne reste pour les Palestiniens que 18% environ des terres qui leur ont été attribuées par cette résolution.
3) Depuis la tentative du processus de paix en 1993 (les accords d’Oslo), Israël a multiplié par trois ses colonies en expropriant les Palestiniens et en donnant terres leurs terres aux colons juifs venant des quatre coins du monde.
4) Israël construit un mur de 750 kilomètres (sur les terres palestiniennes) en Cisjordanie pour asphyxier les populations qui y habitent, sous prétexte d’assurer la sécurité de ses citoyens. La Cour Internationale de Justice a condamné la construction de ce mur et ordonné à Israël de le démolir, mais ce dernier continue sa construction en piétinant les lois internationales et défiant la Cour de justice elle-même, car il se croit intouchable !
5) Israël impose un blocus sur Gaza pour asphyxier près d’un million huit cents mille personnes, ce qui constitue selon les lois internationales un crime contre l’humanité.
6) Après le massacre des populations de gaza par les armées israéliennes en décembre 2008-janvier 2009 (1400 morts et 6000 blessés), Israël vient de commettre un carnage (le 31 mai 2010) dans les eaux internationales contre les humanitaires qui voulaient secourir les populations de gaza affamées (neuf morts et 40 blessés).
Par ailleurs, nous vous rappelons que beaucoup d’israéliens appellent au boycott de leur propre Etat, tant que ce dernier ne respecte pas les résolutions de l’ONU, les lois internationales et les droits des Palestiniens. Donc, Abdel et nous-mêmes, nous ne sommes pas seuls : nous militons et luttons contre l’injustice aux côtés de nos frères juifs d’ici et d’ailleurs, y compris des Israéliens. Ceux qui agissent pour la paix de façon pacifique et pour la fraternité entre les peuples, qui sont des valeurs auxquelles nous sommes attachés, ne sont en aucun cas des hors la loi. S’il y a des responsables physiques ou moraux qui doivent être considérés comme hors la loi dans ce registre, c’est bien l’Etat d’Israël et ses dirigeants. Ceci dit, si les décisions de l’Union européennes étaient respectées, il n’y aurait pas d’interventions dans les magasins pour appeler au boycott des produits qui y sont vendus de façon illégale.
Un choc passé inaperçu !
Le monde a été choqué en voyant des milliers de personnes autour du CRIF manifester dans les rues des villes de France leur solidarité avec Israël, en faisant l’apologie du crime, notamment lors des agressions mentionnées ci-dessus, alors que le monde entier en a été consterné. Mais, malgré notre déception nous respectons la liberté d’expression de ces gens dont nous combattons l’idéologie, car c’est la règle du jeu dans un Etat de droit comme la France, où la liberté d’expression est garantie. Cependant, en échange, nous demandons à ce que notre liberté d’expression soit aussi respectée sur le même pied d’égalité qu’eux.
Notre déception est encore plus grande de voir certains pays de l’Union européenne changer leurs lois pour protéger les criminels israéliens. Nous souhaitons que la Justice française fasse preuve d’impartialité quant au conflit qui oppose les militants qui défendent la juste cause du peuple palestinien à ceux qui soutiennent l’injustice israélienne dans toutes les circonstances. Comme nous souhaitons que la Justice française fasse en sorte qu’aucune personne ni Etat ne soit au-dessus des lois de la République, et que tous les citoyens et justiciables soient traités sur le même pied d’égalité. Donc, nous faisons confiance en la Justice de notre pays qui est perçu comme le précurseur des Droits de l’Homme.
Vive la Justice, vive la République.
Veuillez agréer, Monsieur le Procureur, l’expression de nos sentiments les plus respectueux.
Le collectif BDS de Vaucluse.
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