Les Dernières Nouvelles d’Alsace nous informent ce jeudi 12 août, sur l’expulsion d’Algérie, en juillet dernier, de deux universitaires français.

L’une de ces universitaires, strasbourgeoise travaillant à Nancy, Malika Colin, est une Femme en noir, amie du peuple palestinien.

On se demande vraiment les motifs de son expulsion!

Malika, à gauche

Strasbourg / Deux universitaires français arrêtés en Algérie

Une expulsion incompréhensible

En vacances en Kabylie, une Strasbourgeoise d’origine algérienne devait participer au mariage de sa sœur en compagnie d’un ami français. Les deux universitaires ont été expulsés le 23 juillet, deux jours à peine après leur arrivée, sans la moindre explication. Ils ignorent toujours les raisons de cette mesure et ont alerté le ministère des Affaires étrangères.

Pourquoi Malika Colin a-t-elle été expulsée de son pays d’origine, alors qu’elle était simplement venue passer des vacances et qu’elle était parfaitement en règle ? La Strasbourgeoise de 37 ans, qui prépare une thèse en sciences des matériaux à l’institut Jean-Lamour de Nancy, ne comprend pas. Pas plus que le chercheur en biologie moléculaire à l’université d’Oslo qui l’accompagnait. Vincent Leroux, lui, voulait juste découvrir les paysages et la culture kabyles.
Le séjour algérien des deux universitaires était censé durer une douzaine de jours. Partis de France le 21 juillet, ils devaient rentrer le 2 août, après que Malika eut dignement fêté les noces de sa petite sœur. Elle ne verra jamais la couleur de la robe de la mariée.

Arrêtés dans une pizzeria

Le 23 juillet au matin, les deux Français se sont rendus dans une pizzeria de Tizi-Ouzou, à une centaine de kilomètres à l’est d’Alger, où ils ont retrouvé une amie de Malika. « Une quinzaine de personnes se trouvaient dans le restaurant », indique Vincent Leroux.
Une descente de police a lieu vers 12 h 30, ciblant spécifiquement les deux touristes. Ils sont conduits au bureau des étrangers du commissariat central de Tizi-Ouzou. « Nous avons subi séparément plus de quatre heures d’interrogatoires, relate le chercheur de 33 ans. Les policiers se sont intéressés à mon passeport provenant de l’ambassade d’Algérie à Oslo et à nos liens supposés avec des organisations politiques locales dont nous devions être des représentants étrangers. »

Escortés jusqu’à l’aéroport d’Alger

Les questions s’enchaînent dans la confusion. Aucun élément ne leur est fourni sur les motifs de leur rétention. « La seule réponse qu’ils nous donnaient, c’était “on a reçu des instructions d’en haut”, raconte Malika, qui a vécu pendant 27 ans en Algérie. Je comprends l’arabe et le kabyle, je voyais bien que les policiers étaient énervés par cette situation. » Les demandes des deux universitaires de contacter les autorités consulaires françaises sont systématiquement rejetées.
Fermement invités à signer leurs arrêtés d’expulsion, Malika et Vincent sont escortés jusqu’à l’aéroport Houari-Boumediene d’Alger. Ils n’ont pas été autorisés à récupérer leurs effets personnels, conservés dans la maison de la famille de la Strasbourgeoise, à 25 km de Tizi-Ouzou.
Placés dans un vol Air France pour Paris, les deux universitaires signifient à l’équipage qu’ils embarquent contre leur gré. Un signalement est transmis aux fonctionnaires de la police de l’air et des frontières, qui n’interviennent pas.
De retour sur le sol hexagonal, Malika Colin et Vincent Leroux s’interrogent sur les motifs de cette expulsion « brutale, absurde et inquiétante ».

Une expulsion « brutale et inquiétante »

Passeports, visas, certificats d’hébergement : tous leurs papiers étaient valides. Depuis qu’elle réside en Alsace, l’universitaire strasbourgeoise s’était rendue à trois reprises dans son pays d’origine avec un passeport français, sans le moindre problème. Quant à son ami, il s’agissait de son premier séjour en Algérie.
S’agit-il d’une mesure de nature politique ? La jeune femme que les deux Français ont retrouvée à la pizzeria de Tizi-Ouzou est engagée au sein d’une « association berbère qui lutte pour les droits des femmes », précise Malika, dubitative.
Les deux chercheurs ont, dans un courrier daté du 27 juillet, alerté le ministère des Affaires étrangères sur le sort qu’ils ont subi. Ils ont également contacté le consulat de France en Algérie, l’ambassade d’Algérie à Paris et le consulat d’Algérie à Strasbourg (lire l’encadré). A ce jour, ils n’ont pas obtenu une once d’explication.

Antoine Bonin

Le consulat « pas au courant »

Visiblement embarrassé par cette affaire, le vice-consul d’Algérie à Strasbourg évoque « un cas exceptionnel ». « Nous n’étions pas au courant de leur expulsion avant qu’ils viennent nous voir. Il n’y avait aucune remarque particulière sur leurs passeports », indique le représentant diplomatique, sans souhaiter commenter la mesure. Tout juste glisse-t-il que les policiers algériens auraient assurément informé les deux Français des motifs de leur arrestation s’ils avaient été questionnés en ce sens. Les intéressés « n’ont pas dû susciter d’explication sur le moment », estime le vice-consul.